Intervention de Cécile Cukierman

Réunion du 25 février 2022 à 9h30
Élection présidentielle dans le contexte lié à l'épidémie de covid-19 et amélioration des conditions sanitaires d'organisation des élections législatives — Adoption d'une proposition de loi organique et d'une proposition de loi dans les textes de la commission modifiés

Photo de Cécile CukiermanCécile Cukierman :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, cette séance est bien singulière au vu de l’actualité internationale, qui, d’ailleurs, doit nous rappeler que la démocratie est l’une des armes indispensables pour maintenir la paix dans les différents pays de notre planète.

Séance également bien singulière avec l’organisation de ce débat en salle Médicis, même si nous savons que c’est l’engagement de chaque parlementaire qui fait la force de la loi, plus que son lieu d’examen.

Pour revenir sur les propositions de loi qui nous sont présentées ce matin par le groupe Union Centriste et notre collègue Philippe Bonnecarrère, notre état d’esprit est d’alimenter la réflexion collective, qui prend racine dans un constat partagé : l’abstention devient un mode de scrutin à part entière, une façon de s’exprimer pour nombre de nos concitoyens. C’est un phénomène que chacun d’entre nous, malgré des différences d’appréciation sur nos institutions et les solutions à apporter, entend combattre pour redonner toute sa légitimité aux élus que nous sommes, mais plus fondamentalement à la décision publique prise dans l’intérêt général. L’enjeu est de « faire République » ensemble.

L’auteur de ces propositions de loi, cela a été rappelé, n’entend pas en faire l’alpha et l’oméga de la lutte contre l’abstention. Elles n’ont pas vocation à réformer des dispositions et des organisations institutionnelles qui aujourd’hui font débat, et qui sont plus que des irritants. Pour beaucoup, le quinquennat, l’inversion du calendrier électoral – les élections législatives deviennent presque le troisième tour de l’élection présidentielle – et l’hyperprésidentialisation rendent plus compliquée la lecture du débat démocratique à l’occasion des échéances électorales qui arrivent.

Puisque nous sommes dans une période singulière, j’ajouterai l’attitude du Président de la République sortant, qui n’est toujours pas déclaré candidat alors qu’il dispose de ses parrainages, ainsi qu’en atteste le site du Conseil constitutionnel. Certes, c’est son droit, mais cela pose problème.

Tous ces constats nous poussent à nous interroger sur la manière dont le débat démocratique doit être organisé au plus près de nos concitoyennes et concitoyens. La lutte contre l’abstention, c’est avant tout la capacité d’informer, de donner à voir la différence entre les candidats et leurs programmes, dans la diversité et la nuance. Malheureusement, certains médias, principalement les chaînes d’information en ligne, ont tendance à caricaturer les projets et à n’en retenir qu’un ou deux points. Nous l’avons constaté pour les candidats déclarés qui ont déjà participé à différents débats.

Nous devons ainsi nous interroger sur la place des médias dans les semaines et les mois qui précèdent l’élection, mais aussi sur celle des sondages, qui, aujourd’hui, tendent à structurer l’opinion et, finalement, le vote de nos concitoyens, avant même les propositions des candidats.

Nous n’avons pas d’opposition de principe à l’égard des textes qui nous sont présentés, mais, vous l’aurez compris, mes chers collègues, au-delà du vote final, l’intérêt de cette séance est de pouvoir débattre et faire des propositions qui devront être reprises au lendemain des élections.

Hélas ! nous sommes confrontés de manière récurrente à la difficulté suivante : on parle beaucoup de ce qu’il faudrait réformer avant l’élection, mais, une fois celle-ci passée, on passe à autre chose. Ainsi va la vie politique !

J’y insiste, nous devrons nous soumettre à une exigence collective pour reprendre ces discussions après cette séquence électorale et faciliter l’exercice de la démocratie. Cela passe inévitablement par de vrais débats entre l’ensemble des candidats. C’est la condition pour favoriser l’exercice du droit de vote par les citoyennes et les citoyens.

Nous nous abstiendrons sur ces deux textes.

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