Ma question s’adresse à M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation.
En matière agricole, le programme d’Emmanuel Macron mettait en avant en 2017 deux grandes priorités : le rééquilibrage de la valeur au sein des filières et les pesticides.
Au début du quinquennat, le discours de Rungis et les États généraux de l’alimentation ont pu faire croire à une réelle volonté de changer la donne.
Le Président de la République promettait ainsi une loi pour « permettre aux agriculteurs de vivre du juste prix payé ». La loi du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (Égalim 1), très modestement corrigée par la loi Égalim 2, comme M. le Premier ministre vient de le rappeler, a rapidement montré toutes les limites de la théorie du ruissellement appliquée à l’agroalimentaire, avec une baisse du prix d’achat aux producteurs en 2019.
Bilan : un constat d’échec unanimement partagé, sauf au sein de la grande distribution…
Le candidat Emmanuel Macron avait également promis un « calendrier prévoyant l’élimination progressive des pesticides […] et le développement d’alternatives ».
Cinq ans plus tard, toujours pas de calendrier et presque toujours autant de pesticides. On constate, en outre, un manque de transparence, puisque le nombre de doses unitaires (NODU), indicateur de référence du plan Écophyto, n’a toujours pas été publié pour 2020, alors qu’il aurait dû l’être en décembre 2021. Pouvez-vous nous le donner aujourd’hui, monsieur le ministre ?
Quant aux alternatives, une première brèche a été ouverte avec la réautorisation des néonicotinoïdes pour la filière betteraves. À quoi bon rechercher des alternatives, si le Gouvernement accepte de détricoter la loi à la demande ?
Bilan : un nouvel échec, de l’aveu même du Président de la République, sur le glyphosate qui devait être interdit sous trois ans et dont les ventes ont à peine baissé de 2 %.
La déclinaison que vous allez faire de la politique agricole commune (PAC) avec le plan stratégique national (PSN), monsieur le ministre, confirme encore le choix d’une orientation qui se traduit par la chute du nombre d’exploitations et d’emplois, l’insuffisance des revenus des agriculteurs et une dépendance à des substances nocives pour la santé et l’environnement.
Ainsi, l’augmentation du seuil d’accès à l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) va encore entraîner la disparition de petites fermes. Dans mon département, la Loire, soixante-neuf exploitations sont concernées.
Au final, vous avez tourné le dos à vos objectifs initiaux pour conforter un modèle agro-industriel qui se noie dans ses propres dérives.
Monsieur le ministre, ne pensez-vous pas qu’il est temps de changer de direction ?