Intervention de Valérie Létard

Réunion du 16 février 2010 à 9h30
Questions orales — Bilan du fonctionnement du réacteur nucléaire phénix

Valérie Létard, secrétaire d'État en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat :

Monsieur Mézard, le réacteur nucléaire de recherche Phénix installé à Marcoule, dans le Gard, a été découplé du réseau électrique le 6 mars. Il s’agit de la première étape vers son arrêt définitif.

Phénix, qui a été mis en service en juillet 1974, est un réacteur à neutrons rapides, refroidi au sodium, qui a été conçu et exploité conjointement par le CEA et EDF.

Durant son fonctionnement, de nombreuses données ont été recueillies. Elles constituent un retour d’expérience précieux pour le développement des réacteurs de quatrième génération.

À la fin de l’année 2009 commenceront les opérations de déchargement et d’évacuation des assemblages combustibles. Le démantèlement proprement dit débutera à la fin de 2011 et s’échelonnera sur une période de quinze ans.

Phénix était raccordé au réseau électrique et produisait 140 mégawatts électriques, à comparer aux 1450 mégawatts électriques des réacteurs nucléaires actuellement les plus puissants. Son taux de disponibilité, ces dernières années, a été de plus de 80 %, soit le même niveau de performance que les installations industrielles actuellement en fonctionnement dans le monde.

Durant ses trente-cinq années de fonctionnement, Phénix a permis de démontrer que les réacteurs à neutrons rapides pourraient être développés à l’échelle industrielle. La technologie de refroidissement par le sodium a pu être testée sur de très longues durées ; il a été possible de vérifier les grandes options de sûreté de cette filière de réacteurs et d’identifier les points durs.

Au travers des enseignements qui ont été tirés de son fonctionnement, et en particulier par l’analyse des difficultés rencontrées, il a été possible d’identifier les axes d’amélioration sur lesquels il faut travailler pour les futures générations de réacteurs à neutrons rapides.

Phénix a aussi permis de mener des recherches sur la gestion de déchets nucléaires, grâce à des expériences menées sur la transmutation des actinides mineurs, envisageable dans les systèmes du futur.

Enfin, le réacteur Phénix a également contribué à faire progresser les connaissances utiles pour les réacteurs d’aujourd’hui, en permettant des expériences quant à la tenue des matériaux sous irradiation et à l’amélioration des performances des combustibles.

Au niveau international, chacun s’accorde à reconnaître l’importance des réacteurs à neutrons rapides pour la préservation des ressources en uranium. Ces réacteurs ont la possibilité de consommer tout le potentiel énergétique de l’uranium, ce qui n’est pas possible avec les réacteurs en service actuellement. De plus, ces réacteurs permettent d’envisager la mise en œuvre de la transmutation des actinides mineurs. Cette opération, que l’on pourrait qualifier d’ « incinération des déchets à vie longue », permettrait de diminuer de façon importante la radiotoxicité des déchets destinés au stockage géologique.

L’arrêt de Phénix ne signifie absolument pas l’arrêt des recherches sur la quatrième génération de réacteurs ; au contraire, toutes les connaissances qui ont été acquises durant le fonctionnement de ce réacteur nucléaire de recherche sont utiles pour la suite. Le CEA travaille activement sur ces réacteurs de quatrième génération, et il doit nous remettre, à la fin de 2012, un dossier d’orientation qui permettra de décider de l’avenir de ces programmes et du lancement d’un futur prototype.

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