J’ai déjà interrogé M. Estrosi au sujet de la restructuration du groupe Sanofi-Aventis. Sa réponse s’était voulue apaisante et, je l’avais noté, très fidèle à la ligne du groupe. Aujourd’hui, tout semble confirmer mes craintes et celles des personnels.
Cette restructuration de vaste ampleur concerne principalement les activités de recherche et développement de Sanofi-Aventis. Pourtant, le groupe a réalisé plus de 8 milliards d’euros de profits en 2009. Alors qu’il envisage de supprimer des emplois, on apprend qu’il a doublé depuis 2003 le montant des dividendes versés aux actionnaires.
Et, ne l’oublions pas, la fabrication du vaccin contre le virus de la grippe A est venue augmenter des profits déjà importants, avec l’aide du Gouvernement.
Nous n’avons pas affaire à une entreprise au bord de la faillite. Quand M. Estrosi et la direction invoquent les difficultés plus grandes liées à la concurrence, ils ne parviennent pas à me convaincre.
Cette restructuration concerne environ 1 300 salariés pour la seule recherche et développement, mais, au total, 3 000 postes seront supprimés en un an, sans réelle consultation des personnels. Et ce n’est, semble-t-il, qu’un début !
Elle entraînera aussi la fermeture de plusieurs sites. Plusieurs axes thérapeutiques souffriront de cette restructuration, accompagnée d’un vaste mouvement de délocalisation.
Je suis tout particulièrement inquiet pour le sort du site de Montpellier, où 230 postes devraient disparaître : la direction parle de départs « volontaires » mais, on le sait bien, ils seront « contraints ».
Le département d’oncologie sera fermé à la fin de cette année. La recherche en oncologie serait localisée à très court terme à Cambridge aux États-Unis, avec un effectif de 120 salariés. Toute la recherche en oncologie de Sanofi-Aventis deviendrait une entreprise autonome financièrement et en termes de gouvernance.
Je crois que l’on peut dire que Sanofi-Aventis délocalise sa recherche sur le cancer, comme Renault l’a fait avec la fabrication de la Clio.
Cette restructuration aura des conséquences très graves sur l’emploi dans l’agglomération montpelliéraine. Quelles garanties existent pour le maintien, à terme, des activités de recherche et développement sur le site de Montpellier ?
Sous couvert de décloisonnement, le groupe cherche à ouvrir ses activités à des partenaires extérieurs : ces alliances se traduisent par une diminution des dépenses internes en recherche et développement et des réductions d’effectifs. Mais comment Sanofi-Aventis pourra-t-il, dès lors, s’engager dans des projets prometteurs et ambitieux ?
Le groupe semble vouloir se tourner vers des filons très rentables et peu risqués. La recherche pharmaceutique devrait, à mon sens, obéir à d’autres impératifs que ceux du seul profit, et d’abord à ceux de la santé publique. C’est son avenir et celui de notre système de santé qui sont en jeu.
On parle d’aides publiques dans le cadre de l’emprunt. Sanofi-Aventis bénéficie aussi du crédit d’impôt recherche, et notre système de sécurité sociale lui assure sa pérennité. Madame la secrétaire d’État, cela vous semble-t-il compatible avec la restructuration en cours de cette entreprise ?
Depuis plusieurs semaines et aujourd’hui même, les salariés, à Montpellier et dans toute la France, sont mobilisés. Je souhaite que vous entendiez leur voix et que vous vous engagiez davantage, en interpellant la direction de Sanofi-Aventis, pour préserver le développement de la recherche pharmaceutique et les emplois qui en sont la condition première et nécessaire.
Avec la crise, nous devons renforcer la notion de stakeholders : le secteur de la santé, où les liens avec toute la société sont plus évidents, doit être le premier pour bâtir ce rééquilibrage du pouvoir entre l’entreprise et toutes les parties prenantes – les employés, les citoyens, les communes, les départements, les régions et l’État.