Intervention de Dorian Roucher

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 23 mars 2022 à 13h30
Audition de M. Gilles de Margerie commissaire général Mme Cécile Jolly chargée de mission à france stratégie et M. Dorian Roucher sous-directeur de l'emploi et du marché du travail à la direction de l'animation de la recherche des études et des statistiques dares sur le rapport de france stratégie les métiers en 2030

Dorian Roucher, sous-directeur de l'emploi et du marché du travail à la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail :

Dans la seconde partie de l'étude, nous confrontons ces besoins aux ressources disponibles pour pourvoir ces postes et notamment aux métiers auxquels le système de formation actuel prépare les jeunes. Il s'agit de déterminer comment, à système inchangé, les jeunes se répartissent par métier. Cela permet d'identifier des déséquilibres auxquels il conviendra de remédier par divers mécanismes : modification du système de formation initiale, mais aussi formation continue ou revalorisation de l'attractivité de certains métiers.

Pour cet exercice, nous nous sommes notamment appuyés sur les projections fournies par la DEPP. Cela nous permet d'élaborer une image des métiers qu'exerceront les jeunes d'ici à 2030 s'ils se comportent comme ceux d'aujourd'hui, avec une simple poursuite de l'élévation du niveau de diplôme. Ainsi, les 7 millions de jeunes qui sortiront du système scolaire durant cette période se trouvent ventilés par métier.

Il convient ensuite de confronter cette répartition aux besoins de recrutement déterminés dans la première partie de l'étude. Cela fait apparaître un déséquilibre partiel, qui donne une idée de l'évolution des tensions de recrutement et des métiers dans lesquels, sans évolution du système de formation ni intervention de mobilités rééquilibrantes - mobilités entre métiers, immigration, recrutement de chômeurs -, il y aura un manque de personnel. Il manquerait ainsi environ 100 000 enseignants et autant d'aides à domicile et d'aides-soignants. Pour les infirmiers, les besoins semblent en revanche a priori couverts : cela ne veut pas dire qu'on résorberait les tensions actuelles, mais elles n'augmenteraient pas.

Pour mieux prendre en compte les tensions existantes, on peut élaborer un tableau distinguant quatre types de métiers : ceux qui sont aujourd'hui en tension et le seront encore davantage - ouvriers qualifiés du bâtiment, aides à domicile, techniciens des industries mécaniques - ; ceux qui ne le sont pas, mais pourraient le devenir - agents d'entretien, ouvriers qualifiés de la manutention - ; ceux qui le sont aujourd'hui, mais où les tensions ne s'aggraveraient pas - infirmiers, bouchers, ingénieurs informatique - ; enfin, ceux qui le sont aujourd'hui, mais où les tensions pourraient se réduire - métiers de l'hôtellerie et restauration, employés de la comptabilité.

Enfin, on peut tenter une typologie complète des métiers en mettant en regard les déficits potentiels de main d'oeuvre, la pyramide des âges de chaque métier, et son attractivité au cours d'une carrière, mesurée par la mobilité nette. Il y a des métiers âgés et dont l'attractivité est faible, de sorte qu'ils connaîtront des manques de personnel d'ici à 2030, même s'ils ne sont pas dynamiques : ouvriers du textile, ouvriers qualifiés du bâtiment, agriculteurs. Il y a ensuite les métiers de seconde partie de carrière, qu'il s'agisse de métiers de cadres ou de métiers de reconversion. Dans les métiers attractifs et jeunes, les besoins de recrutement seront structurellement plus faibles du fait d'un faible nombre de départs en fin de carrière ; c'est le cas pour les infirmiers, les cuisiniers, ou les personnels d'étude et de recherche. Enfin, les métiers de première expérience, tels que vendeurs et serveurs, connaissent structurellement une mobilité négative.

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