Merci de nous recevoir dans le contexte actuel. Malgré les tumultes de l'actualité, on peut prendre le temps de réfléchir et d'anticiper l'avenir.
Je commencerai par vous présenter rapidement la Croix-Rouge, son actualité et par vous expliquer comment nous avons travaillé avec Futuribles. François de Jouvenel vous présentera ensuite les principaux enseignements du rapport. Je conclurai en vous indiquant en quoi ce rapport a modifié la stratégie de notre organisation.
La Croix-Rouge française est la première association de France. Elle compte plus de 100 000 volontaires, 60 000 bénévoles, 18 000 salariés, 20 000 étudiants. Elle est un mouvement de la société civile. Comme notre pays, elle est traversée par un certain nombre de courants.
Notre nouveau projet associatif, qui a été adopté en septembre 2020, a redéfini notre raison d'agir : la Croix-Rouge française agit pour protéger et relever sans conditions les personnes en situation de vulnérabilité et construire avec elles leur résilience. Son rôle est d'aider les individus et l'ensemble de notre communauté à se préparer à un horizon de crise.
Je rappelle que la Croix-Rouge a un statut particulier dans le paysage associatif : nous sommes auxiliaires des pouvoirs publics dans le domaine humanitaire. Nous portons un emblème qui appartient à l'État français, signataire des conventions de Genève, ce qui nous confère une place particulière. Cela ne nous empêche pas de respecter notre principe de neutralité et d'indépendance, même s'il est parfois mal compris. La Croix-Rouge est le premier mouvement de solidarité au monde : il existe une société nationale Croissant-Rouge dans 192 pays. L'organisation est coordonnée à l'échelon mondial par une fédération internationale dont le siège est situé à Genève. Elle fait partie du même mouvement que le Comité international de la Croix-Rouge, qui, lui, a un mandat spécifique d'intervention en zones de conflit.
La Croix-Rouge française est présente sur l'ensemble du territoire métropolitain et ultramarin. Nous comptons 1 200 implantations locales et gérons 600 établissements sanitaires, sociaux, médico-sociaux et de formation. Cette hyperproximité est essentielle, elle nous permet de bien connaître les besoins sociaux et d'y répondre.
L'actualité de la Croix-Rouge française, comme celle de notre pays depuis 2020, c'est la gestion d'une crise permanente. Malgré l'évolution de la situation sanitaire, nous nous sommes mobilisés à la fois pour assurer la continuité de nos activités - 95 % de nos salariés ont dû assurer la continuité de l'activité dans nos établissements sanitaires et médico-sociaux - ; pour répondre aux conséquences sanitaires de la crise du covid en participant aux campagnes de dépistage et de vaccination ; pour faire face aux conséquences sociales de la crise, notamment l'isolement qui a résulté des confinements ; pour accompagner les personnes fragiles, qu'elles soient âgées, en situation de handicap ou sans abri. Nous avons renforcé certaines activités importantes comme l'écoute et le soutien psychologique.
Aujourd'hui, la Croix-Rouge est mobilisée pour répondre à la crise liée au conflit en Ukraine. Nous travaillons avec nos partenaires en Ukraine et dans les pays frontaliers, lesquels accueillent la très grande majorité des réfugiés - 4,5 millions de personnes ont quitté l'Ukraine -, mais aussi en France pour accompagner les Ukrainiens en transit sur notre territoire et aider ceux d'entre eux qui souhaitent s'y installer plus ou moins durablement.
Ces différentes crises montrent la nécessité pour une organisation comme la nôtre, mais aussi pour la société dans son ensemble, d'anticiper les risques auxquels nous serons soumis dans les années à venir et de s'y préparer. Tel était l'objectif de la réflexion que nous avons conduite avec Futuribles : nous permettre de nous adapter au mieux aux transformations du monde. En tant que directeur de la Croix-Rouge, mon objectif est de faire en sorte que les ressources de notre organisation lui permettent de mener l'action la plus impactante et adaptée possible à cet horizon de crise.
Nous avons travaillé avec Futuribles, mais également avec des think tanks spécialisés dans les enjeux climatiques - The Shift Project - ou éducatifs - Vers le Haut -, avec des collectivités, notamment le conseil départemental des Vosges, la Ville de Paris, qui compte une mission Résilience, avec des entrepreneurs sociaux, comme le fondateur du compte Nickel, qui travaille pour l'inclusion bancaire des personnes les plus démunies. Nous avons également mobilisé l'ensemble des partenaires de la Croix-Rouge française afin de mener la réflexion la plus large et la plus pertinente possible.
Les sujets que nous abordons concernant le monde dans sa globalité, nous avons travaillé en cohérence avec notre mouvement international, qui a lui-même conduit une réflexion globale ces dernières années afin de revoir sa stratégie et d'anticiper une réponse harmonisée aux crises. Il s'agit de nous permettre de jouer notre rôle auprès des populations afin qu'elles puissent mener une vie plus sûre, saine et digne, construire des communautés plus inclusives, plus pacifiques et faire face aux défis majeurs que sont la crise climatique et environnementale, les catastrophes en évolution, les écarts croissants en matière de santé et de bien-être, les questions de migration et d'identité, dans un monde qui connaît aujourd'hui une défiance généralisée à l'égard des institutions.