président. – Les membres de la délégation veulent-ils ajouter quelque chose ?
M. Emmanuel Capus. – Vous avez tout dit. J’ai été particulièrement marqué par le fait que nos interlocuteurs signalent l’avance de l’Europe sur les critères environnementaux. Il faut dire qu’aux États-Unis, c’est surtout la diversité qui est mise en avant. C’est positif pour nous, mais inquiétant pour la planète.
président. – Précisons les choses : on parle bien de diversité raciale. Les gestionnaires de fonds doivent faire très attention aux politiques de diversité menées par les entreprises où ils investissent. La question existe en Europe, mais est loin d’être aussi prégnante qu’outre-Atlantique.
Mme Sylvie Vermeillet. – J’ai moi aussi passé quelques jours aux États-Unis, mais avec le groupe d’amitié.
Nous avons aussi perçu un immobilisme politique qui se traduisait par un immobilisme économique. L’ambiance au Congrès nous a semblé curieuse, les républicains s’apprêtant à en reprendre le contrôle, sans parler du rôle particulier de Donald Trump. Nous avons ainsi rencontré un sénateur républicain qui s’était permis de critiquer l’attaque du Capitole… Donald Trump ne lui a pas pardonné et s’apprête à soutenir un candidat concurrent contre lui…
La situation politique est difficile à décoder. Aucune décision ne peut être prise et il ne se passera pas grand-chose d’ici novembre ; mais même après les élections, la situation restera compliquée, à cause du jeu de Donald Trump.
président. – Nous avons aussi senti la complexité de la situation. Même les démocrates les plus optimistes semblaient dire que c’était une bataille de tous les jours, qu’il fallait aller chercher une majorité pour chaque texte. Cela m’a rappelé l’époque lointaine où Michel Rocard était Premier ministre…
Mais cela ne crée pas pour autant d’angoisse particulière – ou alors, elle serait permanente dans le système américain, puisqu’on vote tous les deux ans. Les partis ont un fond de politique commun, bien visible dans le domaine des relations internationales : si Donald Trump a durci la position face à la Chine, Joe Biden n’a pas bougé ; pour ce qui concerne l’Ukraine, il a même durci la position des États-Unis.
L’opposition au deuxième pilier du projet de l’OCDE – qui semble surmontable – ne porte pas sur le principe, mais elle s’explique par le fait que certains considèrent le dispositif créé par Donald Trump comme suffisant. Il y a beaucoup de continuités.
Les entreprises américaines sont moins touchées que l’Union européenne par la guerre en Ukraine et ne le sont presque pas par la crise énergétique. L’inflation n’est pas due à cela, mais à une demande trop forte par rapport à une offre qui a du mal à suivre.
L’équipe Biden est là depuis deux ans : si elle doit rester, elle va devoir trouver des compromis avec quelques républicains. Il est vrai que dans la situation actuelle, même les plus modérés ont du mal à franchir le Rubicon. C’est vieux comme la politique : lorsqu’on sent une odeur de victoire à court terme, on est moins tenté d’aider son adversaire… Il y a moins d’intelligence collective, pour dire les choses de manière plus élégante…