Intervention de Bernard Fialaire

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 25 mai 2022 à 11h00
Audition de M. Pierre Cannet directeur du plaidoyer et des campagnes de wwf france sur le « jour du dépassement »

Photo de Bernard FialaireBernard Fialaire :

En tant que sénateurs, nous représentons des élus et oeuvrons à l'acceptabilité de ces projets. Pourtant, sur le terrain, nous nous heurtons parfois à des décisions déconcertantes.

J'ai longtemps été maire d'une commune en bord de Saône, sur le territoire de laquelle une gravière avait été creusée. Aujourd'hui, cette zone, autrefois complètement artificielle, est classée comme l'espace naturel à plus haute qualité environnementale entre Chalon et Lyon ! Cela démontre que nous sommes capables, en respectant les normes, de restaurer la nature et même d'aller au-delà. Entre-temps, il y a bien eu de l'extraction. Le bilan n'était alors pas positif, mais aujourd'hui le résultat est là !

Autre exemple : dans ce territoire de 45 000 habitants, nous avions décidé, afin de réduire les déplacements polluants, de créer une zone d'activité de haut niveau environnemental. Nous avions anticipé cette création bien en amont, en faisant de la compensation, par la création de haies notamment. Or au moment de faire valider le projet, c'est le niveau environnemental du jour J qui a été retenu. Autrement dit, il n'a pas été tenu compte des actions menées auparavant.

Si demain j'avais à refaire une zone de ce type, je demanderais aux agriculteurs de labourer complètement les terres. Nous partirions alors d'un niveau zéro du point de vue environnemental et tout ce que nous ferions ensuite serait considéré comme positif. En résumé, le fait d'anticiper vous pénalise ensuite pour avancer dans les projets.

Dernier clin d'oeil : un jour, le chantier a été interrompu parce qu'on avait découvert des têtards de grenouille verte dans une ornière. J'ai alors suggéré de déplacer le têtard dans un fossé voisin. Surtout pas ! Il fallait attendre l'écologue. À son arrivée le lendemain, il y avait deux empreintes d'oiseau et plus de têtard !

Nous vivons donc avec des règles qui vont parfois à l'encontre de l'objectif d'amélioration de l'environnement. Comment peut-on les changer, pour faire en sorte que les différents acteurs adhèrent à une démarche qu'ils souhaitent tous, mais qui leur paraît parfois absurde et contraignante ?

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