Mes chers collègues, nous poursuivons aujourd'hui nos travaux, entamés depuis cinq mois, sur le thème de la pornographie, avec une table ronde portant sur les représentations des femmes et des sexualités véhiculées par la pornographie et les conséquences que ces représentations peuvent avoir sur tous les consommateurs de pornographie - femmes comme hommes, jeunes comme moins jeunes - mais aussi, de façon plus générale, sur l'ensemble de notre société.
Nous sommes quatre sénatrices rapporteures pour mener ces travaux : Alexandra Borchio Fontimp, Laurence Cohen, Laurence Rossignol et moi-même.
Pour aborder les thématiques de notre table ronde aujourd'hui, nous accueillons Maria Hernandez-Mora, psychologue clinicienne au sein d'un service hospitalier de psychiatrie et d'addictologie, spécialisée dans les addictions sexuelles et cybersexuelles, fondatrice de l'association Déclic-Sortir de la Pornosphère ; Margot Fried-Filliozat, sexothérapeute, intervenante en éducation sexuelle et affective ; le Docteur Catherine Bergeret-Galley, première vice-présidente de la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (SOFCEP) ; enfin, le Professeur Israël Nisand, gynécologue obstétricien, que notre délégation connaît bien et qui interviendra en visioconférence.
Nous nous intéressons plus particulièrement aujourd'hui à l'influence du visionnage de contenus pornographiques sur ceux qui les consomment, aux représentations des femmes, des corps et des sexualités véhiculées par ces contenus et, de façon plus générale, à la diffusion, dans la société tout entière, des normes « esthétiques », corporelles et sexuelles issues de la pornographie que l'on peut retrouver aujourd'hui dans les codes de la mode, de la publicité, de la téléréalité, des « influenceurs » sur les réseaux sociaux, etc.
L'image de la femme est certainement la plus affectée par les codes du porno : rapport de soumission, vision de la femme-objet, uniformisation de l'esthétique des corps sont autant de modèles sexuels et relationnels « popularisés » par la pornographie et qui s'imposent souvent aux plus jeunes. Toutefois, il ne faut pas non plus sous-estimer l'influence de l'image des hommes également véhiculée par le porno, en matière notamment d'assignation de rôles prédéterminés dans la relation sexuelle et affective.
Outre ces questions liées aux représentations, nous nous pencherons également sur la question de l'addiction à la pornographie. Les comportements addictifs sont-ils de plus en plus fréquents ? Qui concernent-ils ? Comment sensibiliser sur les risques liés à une consommation excessive de contenus pornographiques ? Une prévention spécifique en direction des plus jeunes sur l'impact de ces contenus sur leur vision de la femme, de la sexualité, du plaisir et du consentement est-elle nécessaire ? Comment mettre fin aux stéréotypes et aux injonctions en matière de sexualité véhiculés par le porno ?
Enfin, s'agissant des contenus pornographiques les plus violents, dans lesquels les femmes font l'objet de traitements particulièrement dégradants, et qui tendent aujourd'hui à devenir la norme, peut-il exister un « pont » entre la consommation de ces contenus et des pratiques sexuelles violentes dans la vie réelle, par voie de mimétisme en quelque sorte ?