Mes chers collègues, nous poursuivons aujourd'hui nos travaux, entamés depuis cinq mois, sur le thème de la pornographie, avec une table ronde portant sur les représentations des femmes et des sexualités véhiculées par la pornographie et les conséquences que ces représentations peuvent avoir sur tous les consommateurs de pornographie - femmes comme hommes, jeunes comme moins jeunes - mais aussi, de façon plus générale, sur l'ensemble de notre société.
Nous sommes quatre sénatrices rapporteures pour mener ces travaux : Alexandra Borchio Fontimp, Laurence Cohen, Laurence Rossignol et moi-même.
Pour aborder les thématiques de notre table ronde aujourd'hui, nous accueillons Maria Hernandez-Mora, psychologue clinicienne au sein d'un service hospitalier de psychiatrie et d'addictologie, spécialisée dans les addictions sexuelles et cybersexuelles, fondatrice de l'association Déclic-Sortir de la Pornosphère ; Margot Fried-Filliozat, sexothérapeute, intervenante en éducation sexuelle et affective ; le Docteur Catherine Bergeret-Galley, première vice-présidente de la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (SOFCEP) ; enfin, le Professeur Israël Nisand, gynécologue obstétricien, que notre délégation connaît bien et qui interviendra en visioconférence.
Nous nous intéressons plus particulièrement aujourd'hui à l'influence du visionnage de contenus pornographiques sur ceux qui les consomment, aux représentations des femmes, des corps et des sexualités véhiculées par ces contenus et, de façon plus générale, à la diffusion, dans la société tout entière, des normes « esthétiques », corporelles et sexuelles issues de la pornographie que l'on peut retrouver aujourd'hui dans les codes de la mode, de la publicité, de la téléréalité, des « influenceurs » sur les réseaux sociaux, etc.
L'image de la femme est certainement la plus affectée par les codes du porno : rapport de soumission, vision de la femme-objet, uniformisation de l'esthétique des corps sont autant de modèles sexuels et relationnels « popularisés » par la pornographie et qui s'imposent souvent aux plus jeunes. Toutefois, il ne faut pas non plus sous-estimer l'influence de l'image des hommes également véhiculée par le porno, en matière notamment d'assignation de rôles prédéterminés dans la relation sexuelle et affective.
Outre ces questions liées aux représentations, nous nous pencherons également sur la question de l'addiction à la pornographie. Les comportements addictifs sont-ils de plus en plus fréquents ? Qui concernent-ils ? Comment sensibiliser sur les risques liés à une consommation excessive de contenus pornographiques ? Une prévention spécifique en direction des plus jeunes sur l'impact de ces contenus sur leur vision de la femme, de la sexualité, du plaisir et du consentement est-elle nécessaire ? Comment mettre fin aux stéréotypes et aux injonctions en matière de sexualité véhiculés par le porno ?
Enfin, s'agissant des contenus pornographiques les plus violents, dans lesquels les femmes font l'objet de traitements particulièrement dégradants, et qui tendent aujourd'hui à devenir la norme, peut-il exister un « pont » entre la consommation de ces contenus et des pratiques sexuelles violentes dans la vie réelle, par voie de mimétisme en quelque sorte ?
Madame la Présidente, je vous remercie d'avoir créé cet espace de réflexion autour de cette problématique nouvelle de santé publique qui, non seulement, mérite d'être analysée et comprise, mais surtout nécessite des réponses adéquates de prévention et de prise en charge encore malheureusement absentes en France.
En effet, du fait de mon travail de psychologue clinicienne et psychothérapeute, je suis en contact tous les jours avec des personnes, adultes et enfants, souffrant des effets de la pornographie dans leur santé psychique, sexuelle et relationnelle. Aussi bien dans les consultations spécialisées que j'ai créées au sein de l'hôpital où je travaille, que dans les prises en charge et les actions de prévention menées par l'association Déclic-Sortir de la Pornosphère que j'ai fondée il y a maintenant trois ans, je rencontre des adolescents et des adultes qui me sollicitent pour les aider à pallier les conséquences de leur consommation. Je réalise d'ailleurs une thèse de doctorat à l'Université de Paris sur l'usage problématique de la pornographie chez les adultes.
Les études scientifiques internationales se succèdent, montrant que la consommation de pornographie massive n'est pas sans conséquence sur le rapport à soi, au corps et à l'autre, et ce dès le plus jeune âge. Je vais donc tenter, de manière claire et synthétique, de faire un point sur les principales conséquences que la consommation de pornographie peut avoir. Ces éléments reposent sur, d'une part, mes constats cliniques des nombreuses prises en charge que j'effectue, d'autre part, la littérature scientifique internationale, et des études menées par des chercheurs psychiatres, psychologues, sociologues, éducateurs, ou autres.
Lors des auditions précédentes, vous avez longuement abordé l'impact de la consommation de pornographie chez les adolescents, et l'urgence de répondre de manière efficace au défi de les protéger de ces contenus. Je ne peux que confirmer et appuyer le besoin impérieux d'agir face à la consommation exponentielle de pornographie des jeunes. La moyenne d'âge de premier contact est de 9 ans. Les études montrent que 40 % à 70 % des adolescents sont tombés sur de la pornographie de manière accidentelle ou involontaire. Ces contenus correspondent à de véritables images traumatiques pour des cerveaux encore vierges, immatures dans leur développement neuronal, incapables d'analyser et de prendre du recul face aux images observées. La sexualité, qui était auparavant source de saine curiosité infantile, devient alors pour eux, suite à ce premier contact pornographique, objet de dégoût et de fascination en même temps. Choqué et plein de questionnements, l'enfant est amené à revenir regarder ce contenu, afin de pouvoir l'intégrer et le comprendre. Avant même que le jeune fasse l'expérience de son corps, de ses pulsions, et d'une sexualité réelle en contact avec un vrai « autre », il fait l'expérience d'une sexualité qui correspond plutôt à du « sexe dur », violent, où la femme est un objet de consommation, à prendre et à jeter, et où les dimensions constitutives d'une sexualité saine telles que l'intimité, la confiance, l'affectivité, le respect et le consentement sont absolument absentes.
Ce contact précoce, que je nomme « viol psychique », car il envahit de manière inattendue et brutale la pensée et l'imaginaire du petit, est un des plus puissants facteurs de risque pour le développement d'une addiction à partir de l'adolescence, lorsque l'accès à Internet est sans limite, le smartphone dans la poche, et que d'autres variables personnelles, psychologiques et contextuelles influencent les difficultés de régulation émotionnelle et pulsionnelle du jeune. En effet, à l'arrivée de la puberté, avec le réveil des pulsions sexuelles, les jeunes ont, pour beaucoup d'entre eux, déjà eu accès à ces contenus, et vont avoir tendance à y replonger afin de se réguler et répondre dans le secret aux désirs sexuels pas encore contrôlés et souvent envahissants. Lors de cette étape charnière dans le développement psychosexuel, l'adulte en devenir se construit, nourri par les schémas et la logique pornographique. Environ 95 % des patients que j'accompagne ont débuté leur consommation avant 12 ans, et tous se souviennent de ces premières images, telles des « photos répugnantes qui ne s'effaceront plus jamais de ma mémoire », comme me le disait un patient. En effet, la pornographie laisse des traces mnésiques dans le cerveau. Un jeune de 16 ans avec une grave addiction me disait « Madame, j'ai un stock d'images sales qui me polluent la tête et je n'arrive plus à les enlever ».
Que ce soit chez l'adolescent ou chez l'adulte, le cerveau réagit de manière similaire face aux contenus pornographiques. Dans le milieu de l'éducation, avec par exemple le modèle Montessori, il a été démontré que l'apprentissage qui passe par l'expérience est particulièrement efficace. En effet, l'activation du corps lors d'un effort attentionnel permet de mieux fixer les connaissances et de conserver l'expérience dans la mémoire. Vous imaginez donc que, lors de la consommation de pornographie, les capacités attentionnelles de la personne sont totalement absorbées et le corps est fortement activé. La personne est donc dans une sorte de vision tunnel, où ce qui l'entoure n'est plus perçu, et le contenu est donc ingurgité par le cerveau sans filtre ni recul, se fixant fortement dans la mémoire. C'est une sorte d'apprentissage pornographique. Les études de neuro-imagerie ont montré que les circuits neurocognitifs des personnes qui consomment de manière récurrente de la pornographie sont atteints. Par exemple, les neurones miroirs chargés de l'apprentissage par mimétisme vont avoir une influence dans la reproduction des conduites pornographiques ainsi que dans la réduction de l'empathie. Le cortex préfrontal est altéré, c'est-à-dire la capacité à prendre des décisions, à retarder la récompense, à utiliser la volonté, à maintenir la concentration et l'attention pour des tâches sans stimulation corporelle. La consommation de pornographie a donc un impact dans le cerveau du jeune et de l'adulte et modifie la manière dont ce dernier peut vivre la relation à soi, à l'autre, et la sexualité. Ces conséquences cliniques et sociales sont nombreuses et je vais tenter de les résumer en trois axes.
D'abord, les violences sexuelles. Vous avez sûrement entendu parler de l'augmentation des taux de viols en groupe parmi la population adolescente, ce qui, en Espagne, a été nommé manadas, c'est-à-dire « troupeaux ». Les tribunaux de certains pays européens tels que l'Espagne ou le Danemark ont alerté sur le fait que depuis l'apparition du smartphone en 2007, le nombre de violences sexuelles s'est accru de manière exponentielle. L'hypothèse est que l'accessibilité au contenu pornographique dès le jeune âge a favorisé de manière massive l'influence des récits pornographiques sur les attitudes et les comportements sexuels des individus. Les études d'analyse de contenu montrent que les vidéos pornographiques contiennent de la violence physique ou verbale, et que sa consommation est corrélée à l'objectification sexuelle. Ainsi, la pornographie rend acceptable et banalise la violence sexuelle. L'association entre violence et plaisir est courante dans ces contenus et peut ensuite être transposée dans la vie sexuelle réelle. La pornographie constitue souvent une exhibition d'une activité délictueuse (viols, violence, pédophilie et autres) qui provoque pourtant du plaisir chez la personne qui la regarde. Cette érotisation de la violence conduit à une déconnexion morale et empathique qui entraîne des conséquences lourdes dans la vie sociétale et relationnelle et les constats en sont malheureusement nombreux. La pornographie mainstream transmet que peu importe ce que l'on fait à une femme, elle va aimer et demander davantage. Ces modèles sont intériorisés par le consommateur et la consommatrice sans même qu'il ou elle s'en rende compte. Des études montrent que la consommation de pornographie est associée à de nombreuses implications sociales telles que le sexisme, les stéréotypes, la misogynie et la violence envers les femmes. Une sociologue britannique reconnue dans ce domaine, Gail Dines, parle d'une « société de cerveaux pornifiés ». Les uns et les autres, influencés par la pornographie, peuvent se mettre en situation pornographique lors des rencontres ou des demandes sexuelles. Par exemple, mes patients me racontent souvent qu'ils ont besoin d'ajouter une sorte de violence à leurs échanges sexuels, car sinon leur corps n'arrive pas à atteindre l'excitation nécessaire. Selon une étude, 42 % des adolescents s'inspirent de la pornographie pour leur propre vie sexuelle. Une étude récente a montré que 80 % des adolescents consommateurs de pornographie reproduisent un ou plusieurs comportements sexuels agressifs.
Les études montrent que le cerveau humain réagit de la même manière à la pornographie qu'aux drogues, la pornographie activant les mêmes circuits et structures cérébrales que le crack ou la cocaïne par exemple. Cela entraîne donc le phénomène de tolérance, c'est-à-dire qu'afin de trouver le plaisir ou le soulagement recherché, le cerveau demande de plus en plus de doses en fréquence, quantité ou type de contenu. Ce phénomène d'escalade mène donc le consommateur de pornographie à consommer des contenus de plus en plus trash, choquants, afin d'atteindre l'orgasme qui n'arrive plus avec les contenus initiaux. Malheureusement, toutes les personnes que j'accompagne disent consommer des contenus dont ils se sentent profondément honteux.
J'en viens à l'impact sur la sexualité. Cette escalade est en fin de compte une quête de dopamine, la substance cérébrale en charge du plaisir. Les doses de dopamine libérées en situation pornographique sont si intenses que le cerveau ne réagit plus en situation sexuelle normale. En effet, le super-stimuli pornographique est loin de ressembler à la réalité des sons, organes génitaux et temporalités des rencontres sexuelles réelles. Cela donne donc des conséquences cliniques sexologiques : les sexologues alertent sur l'augmentation des dysfonctions érectiles, éjaculations retardées et même le vaginisme chez les femmes. Parmi mes patients, nombre d'entre eux expriment leur difficulté à avoir une satisfaction sexuelle avec leur partenaire. Ils disent avoir besoin d'amener à leur imaginaire des images pornographiques, en se coupant et se mettant à distance de l'autre, afin de pouvoir avoir des réactions corporelles. Certains d'entre eux me disent avoir besoin de reproduire des scénarios pornographiques qu'ils regardent. Dans ce sens, la pornographie provoque une disparition de l'imaginaire sexuel autonome, qui empêche la personne de vivre sa sexualité en fonction de ses propres désirs, valeurs, constructions ou projections.
Enfin, je vous parlerai de l'addiction. L'usage problématique de pornographie est le terme que la communauté scientifique a attribué aux processus addictifs en lien avec la consommation de pornographie. Les études internationales parlent d'une prévalence d'usage problématique en population générale d'entre 3,5 % et 6 %. Les études déployées auprès d'usagers adultes montrent une prévalence entre 12 % et 17 %. En France, à ma connaissance, aucune étude, sauf celle que je conduis dans le cadre de ma thèse, n'a été menée - dans mon étude sur 1 001 personnes adultes, la prévalence est de 3,6 % et de 11 % chez les hommes. Dans la population adolescente, la prévalence d'usage compulsif est entre 5 % et 14 %. Ces chiffres, même s'ils se situent dans des fourchettes larges, montrent un taux d'usage problématique très élevé.
En effet, la pornographie est comprise par quelques chercheurs comme la drogue par excellence, car elle peut être consommée dans l'anonymat total, en tout lieu et en toutes circonstances avec une accessibilité hors normes, de manière totalement gratuite, et de manière infinie. Elle est particulièrement addictogène du fait des caractéristiques propres du contenu et du support et du fait qu'elle active un très puissant mécanisme cérébral qu'est le système de récompense. Un neuroscientifique de l'université de Los Angeles, Peter Whibrow, parle de la pornographie comme « cocaïne numérique ou drogue électronique », tellement les processus cérébraux lors de sa consommation sont similaires à ceux en jeu lors de l'addiction aux substances. Cela me fait penser à un de mes patients, âgé de 24 ans, qui me disait : « Madame, je vous jure, il y en a, ça rentre par les veines ou par le nez ; moi, c'est par les yeux : c'est le même effet ». Les symptômes de l'usage problématique sont divers : perte de contrôle, envahissement de la pensée par les images pornographiques, irritabilité et crises de colère, impact dans les responsabilités quotidiennes, anxiété et dépression, sentiments de honte et de dégoût de soi, symptômes d'abstinence physiques et psychologiques. En outre, les relations interpersonnelles peuvent être impactées, avec des ruptures sentimentales, la perte de confiance en autrui, l'altération de la capacité à créer du lien et des difficultés pour vivre l'intimité, la tendance accrue à l'infidélité.
Cette problématique étant encore aujourd'hui peu explorée en France, les personnes tardent à trouver une aide pertinente et arrivent en consultation avec un passif lourd, pleines d'impuissance et de désespoir, souvent lorsque le stade addictif est bien avancé. En effet, la demande sociétale n'est pas encore formulée et l'offre de soins n'existe pratiquement pas. Il y a un besoin de santé pour lequel les réponses cliniques ne sont pas encore à l'oeuvre. Les autres types d'addiction sont beaucoup mieux pris en charge dans notre pays. Pour la dépendance à la pornographie, on peut compter sur les doigts d'une main les services ou associations proposant des soins spécialisés. Pourtant, une étude française menée par l'Ifop en partenariat avec un portail pornographique français a montré qu'un Français sur quatre consomme de la pornographie au moins toutes les semaines (Ifop, 2014). Des études internationales ont montré des taux de consommation de pornographie en ligne compris entre 50 et 99 % chez les hommes, 30 et 86 % chez les femmes. Une autre étude du Fonds Actions Addictions auprès de jeunes de 14-15 ans a montré que 8 % en consomment plusieurs fois par jour. En matière d'industrie, si YouTube a mis quatre ans pour avoir 50 millions d'usagers, Pornhub, principal portail pornographique, a mis dix-neuf jours. La pornographie en ligne a plus de visites que Twitter, Amazon et Netflix réunis. Aucun autre produit culturel de masse n'a une entrée dans nos vies aussi abyssale. C'est une industrie qui, en plus, cible le circuit cérébral le plus puissant chez l'être humain qui est celui de la sexualité.
Ces chiffres montrent qu'il est urgent, en France, de déployer des réponses efficaces à plusieurs niveaux : des équipes formées à mener des actions de prévention pour les jeunes, au sein desquelles l'éducation affective et sexuelle est intégrale et comprend une approche spécifique sur la consommation de pornographie ; des actions de sensibilisation sociale et médiatique sur les risques de la pornographie et des schémas sexuels qu'elle véhicule ; des études de prévalence à l'échelle nationale afin de mesurer de manière précise l'ampleur de ce phénomène ; le déploiement de formations des professionnels de santé en addictologie sur la prise en charge de cette addiction spécifique ; la mise en place d'une offre de soins spécialisée dans les centres d'addictologie ; l'accompagnement, l'information et la formation des parents et éducateurs sur cette problématique qui doit être abordée très tôt dans l'histoire de l'enfant.
Je conclurai avec la définition de santé sexuelle de l'Organisation mondiale de la santé : « La santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité. Ce n'est pas seulement l'absence de maladie, de dysfonctionnement ou d'infirmité. La santé sexuelle exige une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d'avoir des expériences sexuelles agréables et sécuritaires, sans coercition ni discrimination ni violence. Pour atteindre et maintenir une bonne santé sexuelle, les droits humains et droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés et réalisés. » Vous l'aurez compris, je pense qu'il y a encore beaucoup à faire en France à cet égard pour préserver la santé sexuelle dans toute sa richesse, des jeunes mais aussi des adultes d'aujourd'hui et de demain.
Madame la Présidente, je vous remercie de vous pencher sur ce sujet qui est encore peu abordé. J'aime cette idée de construire et de ne pas seulement combattre. Il faut certes combattre les violences, mais également accompagner l'épanouissement dans la sexualité.
Dans ma patientèle, je reçois exclusivement des adultes, dont 80 % de femmes. Ma cliente type est une femme qui arrive en me disant : « Je viens pour résoudre mon problème de sexualité, pour que mon mari ne me quitte pas ou ne me trompe pas. » Elle me dit qu'elle n'a pas vraiment de désir et qu'elle pourrait se passer de sexe. Elle n'aime pas cela, et parfois en souffre, mais elle se sent obligée d'accomplir son devoir conjugal. Je parle là de rapports consentis, mais c'est une source d'anxiété pour elle.
Mais qu'est-ce que ce consentement dont on nous parle ? Qu'est-ce que ce « oui » qu'elles se sentent obligées de dire ?
Un des problèmes à mes yeux de la pornographie, outre la violence, c'est surtout que c'est le seul lieu dans lequel nous pouvons être témoins de la vie sexuelle des autres. Comme tout être humain, nous avons besoin de savoir si nous sommes « normaux », en matière de sexualité notamment. Or la pornographie renvoie un exemple totalement dénaturé, notamment aux adolescents, qui tentent de reproduire les pratiques vues dans les films. Il n'y a aucun autre endroit pour qu'ils apprennent la sexualité. Même des adultes avouent s'y référer. Le porno est un lieu d'éducation à la sexualité par défaut.
La majorité des femmes que je vois me disent qu'elles ont un problème, que leur corps ne fonctionne pas. En discutant avec elles, je me rends compte qu'elles sont souvent victimes de pratiques inspirées à leur conjoint par la pornographie. Or celle-ci est totalement basée sur le désir des hommes. On voit peu de préliminaires, peu de tendresse, peu d'amour, peu de communication.
Le porno est aujourd'hui hors de contrôle. Il y a une véritable compétition dans l'outrance pour exister sur la toile. Or, vous le savez, le cerveau humain est irrésistiblement attiré par des images choquantes. On a tous eu cette expérience sur l'autoroute, en voyant un accident de voiture, de ne pas pouvoir s'empêcher de regarder. Dans le porno, les images sont orientées autour non plus du plaisir, mais du choquant.
Dans un film X, vous remarquerez que les femmes sont positionnées en objet et n'expriment jamais de désir ou alors seulement pour exciter l'homme, qu'il s'agisse de l'acteur ou du spectateur. Dans la pornographie, les femmes n'ont pas vraiment le droit d'exister, et cela vient renforcer cette idée de devoir conjugal chez les femmes. Elles n'ont pas l'impression de désirer surtout parce qu'elles n'ont pas le droit de désirer.
J'en reviens à la notion de consentement : quid d'une femme qui se force pour faire plaisir à son mari ? Ce n'est pas un viol, mais quelle souffrance ! Pour les tournantes chez les adolescents, c'est un peu la même problématique.
Pour moi, la question essentielle est : est-ce que je fais cet acte sexuel par désir, parce que j'ai le droit d'exister dans ma sexualité ? Ai-je le droit d'avoir mes propres désirs ? Aujourd'hui, il y a de plus en plus d'actions de prévention autour du consentement, mais le consentement, ce n'est pas seulement dire non, c'est aussi savoir ce dont on a envie. Cela renvoie à l'intelligence émotionnelle mais aussi sociale et sexuelle. Je connais mon propre corps et comment il fonctionne. Aujourd'hui, quand je vais dans les classes et que je parle aux adolescents, ils ont tous la notion qu'on a le droit de dire non. Mais le droit de dire non est largement insuffisant ; la vraie question, c'est comment on fait pour dire non. Les jeunes ont besoin de plus de ressources pour savoir comment bien exprimer ce qu'ils pensent et ce qu'ils veulent.
Quand on parle des droits des femmes, on a vraiment besoin de parler du droit à l'épanouissement. Une étude a demandé à des hommes et des femmes ce qu'était pour eux un rapport sexuel non satisfaisant. Les hommes ont évoqué l'absence d'orgasme ou d'éjaculation, ou les performances de leur partenaire. Aucun homme n'a utilisé des mots comme ceux qu'ont utilisés les femmes : douleur, dégradation, honte, humiliation, viol, souffrance...
Il faut combattre le porno dans la mesure du possible, mais surtout apprendre aux femmes à rechercher leur propre épanouissement, à savoir reconnaître leurs propres désirs et les exprimer. Ce n'est pas seulement savoir dire oui ou non.
Quand on se construit avec des images, on ne se construit pas en relation avec soi-même et donc on est déconnecté de son corps. Le porno a désappris à beaucoup de femmes la manière de ressentir leur propre corps. C'est en cela aussi que le porno est néfaste.
Il nous faut apprendre à enseigner une sexualité épanouissante dans laquelle la femme est respectée, en sécurité, reconnectée à son propre corps. Il s'agit de sortir des images envahissantes de la pornographie. Les femmes ont le droit d'apprendre que le sexe ne sert pas qu'à garder son mari ou à avoir des enfants. Le sentiment d'obligation place les femmes en position de victime. Le sexe doit être pratiqué par désir et non pas par obligation, mais le fait de savoir exprimer ses désirs et ses émotions, quels qu'ils soient, vient aussi de notre éducation, dès l'enfance.
La chirurgie plastique a une finalité reconstructrice mais aussi esthétique ; on dit alors qu'elle est de confort, c'est une erreur car même la chirurgie esthétique est thérapeutique. En tant que chirurgienne, je reçois depuis vingt-cinq ans des femmes qui viennent pour réparer leur appareil génital, par exemple après un accouchement qui s'est suivi d'un élargissement du vagin qu'elles jugent excessif ou qui leur pose des problèmes dans leur vie quotidienne. Dans le projet de réparation, mes collègues et moi devons expliquer qu'il y a des normes et qu'il faut respecter les fonctions des organes, parmi lesquelles le plaisir, et il est clair pour moi que nous réparons aussi l'image du corps et le psychisme.
Dans ces échanges, nous voyons des femmes mais également des hommes désemparés par ce que leur montre la pornographie et par l'idée qu'ils se font de ce que devrait être leur corps ; nous sommes choqués face aux effets de cette pornographie dévoyée, qui, alors qu'elle a d'abord été un mouvement libertaire et joyeux, accumule désormais des scènes violentes et dégradantes pour la femme, mais aussi pour l'homme. Nous voyons arriver dans nos consultations des hommes convaincus qu'ils ont un micro-pénis et qui en font une obsession, parce qu'il est plus petit que ceux qu'ils regardent dans la pornographie. Nous devons leur expliquer que ce qu'ils voient dans ces images n'est pas la norme, que leur pénis n'a rien d'anormal et, surtout, que le plaisir n'a rien à voir avec la taille du pénis. Quant aux femmes, elles subissent de plein fouet la dérive violente de la pornographie, du fait des hommes formés par cette pornographie, mais aussi dans les représentations qu'elles se font de la sexualité et du plaisir, car les femmes regardent aussi cette pornographie, y compris des femmes homosexuelles.
Comme médecins, nous devons aider ces patients, les convaincre de ce que l'amour peut s'exprimer par des caresses et que la pénétration n'est pas une preuve d'amour. Nous devons les aider à comprendre que la sexualité passe par tous les sens et qu'elle ne se réduit pas à quelques gestes stéréotypés. Nous devons les aider à développer l'aspect sensoriel de leur sexualité, c'est-à-dire le toucher, l'odeur, la perception du corps de l'autre à côté de soi. Nous recevons des patientes très perturbées qui ont un besoin très précis de réparation - je pense à des femmes dont l'accouchement a été difficile ou a entraîné une béance vulvaire qui les gêne dans leur vie quotidienne -, mais aussi des femmes dont les demandes trouvent leur origine dans le fait que leur corps est différent de ce qu'elles ont vu dans la pornographie, en particulier la forme de leur vulve. Nous devons leur expliquer que les vulves ont naturellement des formes diverses, qu'il y a des variations anatomiques et qu'il faut respecter cette diversité, mais leur dire aussi les dangers de la violence sexuelle, les risques de déchirure et de mutilation que comportent certaines pratiques sexuelles. Nous leur expliquons que la sexualité n'a pas à être violente mais qu'elle doit servir d'abord le plaisir. Nous récupérons aussi parfois des femmes qui ont été victimes de chirurgie extrême : une patiente française s'est retrouvée complètement excisée des grandes et petites lèvres génitales après deux interventions gynécologiques successives. Certaines femmes sont rétives à une prise en charge psychologique qui s'imposerait pourtant. Il faut expliquer qu'une sexualité violente peut entraîner des dommages physiques graves et que la sexualité ne devrait pas être violente car il s'agit d'un bien-être.
Parmi les choses à faire pour contrer ces phénomènes, je crois que nous pourrions travailler avec les industriels de la pornographie, comme on l'a fait pour l'alcool. Nous constatons tous une dérive de la pornographie, elle atteint désormais un niveau de violence physique inacceptable, jusqu'à des scènes de mutilations voire même de mise à mort, et nous sommes en droit de contester la normalité et la diffusion de ces images. Je n'ai pas la méthode, mais je crois qu'il faudrait travailler avec ces industriels pour faire en sorte que la pornographie soit un vecteur d'information sur une sexualité joyeuse et épanouissante, qui ne ferait la promotion d'aucune violence ni mutilation. On lutte contre les images pornographiques associant les enfants, on est en droit de le faire pour les adultes et le fait que des films violents et illégaux continueraient à être produits ne devrait pas nous décourager à travailler dans ce sens. Il faut éviter que notre jeunesse soit contaminée par cette violence que l'on voit dans les films porno, violence qui cible d'emblée les femmes, même si l'on trouve également beaucoup de scènes d'agression dans la pornographie dédiée aux hommes.
Depuis une trentaine d'années, je vais deux heures par semaine dans des collèges pour informer les jeunes sur la sexualité. Je dois d'emblée le souligner, depuis une dizaine d'années que la pornographie est devenue d'accès gratuit sur Internet à une échelle industrielle, je constate des changements évidents dans les questions que les jeunes me posent, une inflexion qui est en résonance avec ce que la littérature scientifique dit sur le sujet et qui établit un impact direct de la pornographie sur les relations hommes-femmes et sur la violence dans notre société.
Je signale trois sources bibliographiques très utiles : Ados : la fin de l'innocence, de Géraldine Levasseur, qui a effectué une enquête très fouillée sur les dérives contemporaines de la sexualité à l'adolescence ; ensuite, Alice au pays du porno, de Maria Michela Marzano et Claude Rozier ; enfin, Sexualisation précoce et pornographie, de Richard Poulin, sexologue canadien, qui montre bien comment la pornographie sexualise les enfants et chosifie les femmes. Ces livres donnent des outils pour s'opposer au discours lénifiant consistant à dire que la pornographie, c'est cool et qu'elle ne fait aucun mal. La pornographie, ce sont des images d'adultes avec des adultes et qui s'adressent à des adultes. Découvrir la sexualité au travers de ce « prêt-à-porter » sexuel qu'est la pornographie, dont les buts commerciaux obligent à repousser toujours plus loin les limites de la transgression, crée de réelles difficultés chez les adolescents. Quand des enfants et des adolescents la regardent, ils sont privés de cette possibilité de se faire par eux-mêmes leur propre fantasmagorie psycho-sexuelle. Ils se font imposer des codes par ces images pornographiques et cela les perturbe évidemment, à un âge où leur corps change, où leur désir sexuel les renvoie à leur incomplétude et où leur sexualité les renvoie à une certaine dépendance affective, avec la peur d'être débordé par le sexuel.
La pornographie perturbe les adolescents tout en les fascinant, le phénomène est massif. Je vais régulièrement parler à des classes de troisième. Je peux vous assurer que la quasi-totalité des élèves reconnaît avoir vu des images pornographiques, ce qu'ils ne disent pas à leurs parents, pour les protéger. Aujourd'hui, les jeunes sont tous confrontés à des images pornographiques dès l'âge de 11 ans, garçons comme filles, et s'ils refusent de les regarder, ils sont bégueules, quand ils ne sont pas contraints de les regarder, surtout les filles qui n'y ont pas d'appétence particulière.
Comment en rendre compte qualitativement ? Une anecdote : un élève me pose un jour cette question : « Pourquoi les femmes aiment-elles sucer le sexe des animaux ? » J'en suis tombé de l'armoire, et j'ai dû lui dire que non, les femmes n'aimaient pas sucer le sexe des animaux et que s'il avait vu une femme le faire dans un film, c'était parce qu'elle était payée pour le faire et qu'elle devait gagner de l'argent pour nourrir sa famille ; à quoi ce jeune m'a rétorqué : « Mais ce n'est pas vrai, vous n'avez pas entendu les bruits qu'elle faisait, elle aimait ça ! » Cette anecdote illustre une dimension du problème : un enfant de 14 ans n'a pas forcément l'appareil critique pour analyser les images qu'il voit, avec la distance nécessaire, et certaines images qui peuvent faire rire ou exciter des adultes parce qu'elles sont décalées, seront prises pour la norme par les jeunes. Cette incapacité de prendre de la distance face à la pornographie crée du traumatisme, dont on ne peut pas parler par définition et qui aura des conséquences dans la vie toute entière.
Ce phénomène est massif : il y a plus de dix millions de sites pornographiques, la pornographie représente le quart du trafic Internet, et 30 % des consommateurs d'images pornographiques sont des adolescents. Certains deviennent dépendants, il y a des enfants de 9 ou 10 ans qui consomment jusqu'à trois heures de pornographie gratuite par jour. Leur donner ces images dans la rue, c'est un délit passible de prison, mais le faire sans aucun contrôle ni limitation, c'est possible sur la toile pour les milliardaires d'Internet, avec un effet d'amplification sur les réseaux sociaux, le tout dans un silence assourdissant, c'est business as usual.
Quand on demande aux jeunes hommes ce qu'ils recherchent dans la pornographie, ils répondent : « On veut savoir ce que les meufs aiment. » L'école ne leur délivre quasiment aucune information sur la sexualité. Ce constat m'a inspiré ce titre de l'une de mes conférences : Nous n'éduquons pas nos enfants à la sexualité ; rassurez-vous, la pornographie le fait à notre place. En réalité, là où l'information à l'école a lieu, c'est par la bonne volonté de telle infirmière, de telle sage-femme, mais il n'y a rien d'organisé pour que tous les jeunes aient accès à une information sur la sexualité, contrairement à ce que dit l'Éducation nationale.
La pornographie désinforme. C'est une épreuve pour les jeunes en cours de maturation. Elle invalide l'être humain. Elle ne comporte rien sur le respect de l'autre et le consentement réciproque, sur la spontanéité ; c'est une éducation à pincer les fesses à la Porte de la Chapelle. Je m'étonne qu'on ait fait une loi contre les pinceurs de fesses ; on aurait mieux fait de s'intéresser à la façon dont on éduque aujourd'hui les jeunes hommes à la sexualité, c'est-à-dire à la pornographie. Or ce qu'on apprend aux jeunes hommes dans la pornographie, c'est que si une femme dit non, en fait ça veut dire oui, et que si vous poussez plus loin jusqu'à la faire bien jouir parce que vous êtes bien viril, elle va vous remercier alors qu'elle disait non au départ. La pornographie, c'est un apprentissage au non-consentement. Notre pays éduque à la sexualité par la pornographie ; c'est la seule voie dont on dispose quand on n'a pas à la maison un autre modèle qui s'y oppose explicitement.
Sur Internet, les jeunes trouvent tout ce qui fait vendre, les violences, le viol, la pédophilie, et ils essaient de reproduire ce qu'ils ont vu. Je reçois en consultation des petites jeunes qui me demandent si elles doivent accepter de refaire, à la demande de leur petit copain, ce qu'ils ont ensemble regardé dans des films pornos. La pornographie est une validation de la performance qui d'un seul mouvement infantilise les femmes et sexualise les enfants : c'est une catastrophe. Il y a deux nouveautés. Les jeunes femmes se sont jointes aux consommateurs ; ils sont de plus en plus jeunes. La pornographie est devenue le principal moyen d'éducation sexuelle devant la défaillance des pouvoirs publics à faire leur travail en matière d'information à la sexualité.
La pornographie éduque nos enfants. Elle est ubiquitaire. Elle touche la totalité des adolescents. Elle confronte les jeunes à une sexualité réduite à une technique sexuelle. Et, comme l'a démontré Richard Poulin, les pratiques violentes sont directement proportionnelles à la précocité et à l'intensité de la consommation d'images pornographiques. Tout cela risque d'altérer les relations hommes-femmes à l'avenir. C'est pour cela que je me suis investi sur le sujet. En tant que médecin des femmes qui a lutté toute sa vie pour la liberté et l'autonomie des femmes, je suis affligé de voir la passivité du monde politique sur ce véritable désastre. Dans la pornographie, l'acte sexuel est représenté comme un assemblage de corps quasi anonymes, et pas comme le fruit d'une rencontre et du désir de partager sa propre intimité. La pornographie est un traité sur la virilité. Elle assume la déshumanisation systémique de toutes les femmes et leur humiliation, la suprématie des « vrais hommes », avec une apologie de l'érection, de la pénétration des trois offices féminins et de l'éjaculation. Il y a une addiction fréquente chez les jeunes garçons, qui ont une image déformée des femmes. La pornographie participe à la dégradation de l'image des femmes, loin d'améliorer leur autonomie, leur liberté et leur épanouissement dans notre société.
J'ai trois propositions pour contrer un tel phénomène. Je les adresse depuis dix ans à des politiques qui m'opposent que ce n'est pas possible.
D'abord, la prévention à l'école, comme on le fait pour la consommation de drogue. Il faut expliquer que cela fait du mal à un jeune garçon de voir Rocco Siffredi avec un sexe truqué, parce que ce garçon va se dévaloriser et va se mettre en état de souffrance personnelle. La loi a prévu trois heures d'information sur la sexualité chaque année depuis l'âge de quatre ans ; cela n'est fait pratiquement nulle part. Il faut organiser les choses.
Il faut également faire de la prévention auprès des parents. Si, dans le temps, on conduisait des garçons auprès de prostituées pour leur première expérience, il y a maintenant des parents qui donnent des films pornographiques à leurs enfants. Il faut dire aux parents que cela fait du mal aux enfants. Il faut le faire savoir à grande échelle. C'est très important.
Enfin, il faut imposer à tous les fournisseurs d'accès à Internet de vérifier l'âge des utilisateurs avant la première image, comme pour la consommation de films pornographiques dans un hôtel, où il faut fournir un numéro de carte bancaire pour accéder aux images. Ceux qui diffusent du porno gratuit sur Internet savent qu'une amorce gratuite d'un film assurera leur fortune quand une quantité même infinitésimale de ceux qui la regardent cliqueront pour acheter ce film. C'est pourquoi il faut interdire les amorces gratuites de films pornographiques sur le net. Je propose d'inverser la charge de la preuve, en demandant aux fournisseurs d'accès d'établir la majorité des clients de sites pornographiques, comme on le fait avec les magasins physiques qui vendent des films et des accessoires pornographiques. L'État leur délivrerait ainsi une autorisation de diffusion, en leur demandant de contrôler ce qu'ils diffusent, comme on l'a fait pour le djihadisme ou la pédophilie. Ce n'est pas du tout ce qui se passe aujourd'hui, où les fournisseurs d'accès se contentent d'une déclaration de majorité. Nous savons tous que les milliardaires de la toile qui habitent la Silicon Valley, mettent bien à l'abri leurs enfants de l'accès à Internet. Je propose donc une vérification de l'âge avant la délivrance des images, vérification technique faite par les fournisseurs d'accès, une obligation assortie de sanctions croissantes, par exemple une amende de cinq millions d'euros à la première infraction, 500 millions d'euros à la deuxième et, à la troisième, retrait de l'autorisation de diffuser en France.
Merci de ces propos qui se complètent et donnent une vue d'ensemble. Notre objectif avec cette mission d'information est bien d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur le problème et de faire en sorte que nos recommandations puissent changer les choses.
Je crois que nous ne devons pas renoncer à l'éducation à l'égalité, dès le plus jeune âge. Établir la sexualité sur le respect, sur le plaisir partagé, c'est être convaincu de l'égalité entre les êtres humains. C'est à cette éducation de l'égalité qu'il ne faut pas renoncer, alors qu'elle est absente des programmes scolaires. Ensuite, il faut souligner l'importance de la formation des enseignants à ces questions : il est certain qu'on ne peut convaincre si l'on n'est pas convaincu soi-même, si l'on n'a pas les outils pertinents pour le faire. Un professeur de SVT nous a rapporté que des élèves ont contesté une planche anatomique d'une femme, au motif que des poils pubiens ne devraient pas y figurer puisque, soi-disant et d'après les contenus pornographiques qu'ils avaient pu visionner, les femmes seraient dépourvues de pilosité à cet endroit... Cela pose la question de l'éducation à l'image en général, du développement de l'esprit critique, ce qui vaut face à la pornographie comme sur bien d'autres sujets.
Enfin, il faut aussi faire un travail auprès des parents, qui sont parfois très démunis et qui ne savent pas comment faire. Dans ma pratique d'orthophoniste, j'ai remarqué que les parents étaient de plus en plus en besoin d'information et qu'ils étaient de plus en plus démunis face aux problèmes que leurs enfants rencontraient. Il y a ce besoin. Qui va y répondre ? Nous savons que ce n'est pas l'école...
Quand on parle d'enseigner le respect, que vise-t-on plus précisément ? Lorsqu'un garçon pense que « c'est ça qu'elle aime », il pense du même coup qu'il respecte sa partenaire. C'est pourquoi il faut aller plus avant sur la notion même de respect. On dit aux enfants l'importance du respect, mais on ne leur dit pas comment faire, ni quel est son contenu. Je signale aussi l'importance des associations de parents d'élèves pour faire ce travail d'information, qui se déroule ainsi dans le cadre scolaire, mais qui n'est pas nécessairement assuré par les enseignants eux-mêmes.
Le travail avec les parents est primordial, car si un parent sécure fait un enfant sécure, un parent informé peut faire un enfant informé. Des parents consomment de la pornographie, ils ont eux-mêmes des schémas erronés, ils subissent une désinformation importante, ils peuvent avoir un rapport abîmé à la sexualité. C'est pourquoi il est si important de développer des programmes de sensibilisation pour les adultes. Il faut le savoir, quand on consomme du virtuel, le cerveau ne fait pas de différence avec le réel ; le cerveau se conforme alors avec les informations qu'il reçoit et prépare ses réactions face au réel. C'est pourquoi aussi il est important d'intervenir tôt. Je le dis souvent aux parents : il faut prévenir les enfants de la désinformation avant même qu'on imagine qu'ils y soient directement confrontés ; cela commence dans la préadolescence.
Cela nous a été dit dans d'autres auditions : les images pornographiques ont plus d'impact sur les jeunes que celles de la guerre. Face à la guerre, les enfants sont sous la protection de leurs parents, alors qu'ils sont seuls face à la pornographie.
Philippe Arlin a plaidé pour l'encouragement d'une pornographie plus éducative et plus ludique, tournée vers l'épanouissement, dès lors qu'à l'ère numérique, il est peu probable qu'on parvienne à contrôler l'accès à la pornographie telle que nous la connaissons. Qu'en pensez-vous ?
Avec les réseaux sociaux, on le sait, l'image est devenue une priorité pour les 18-34 ans, et même les plus jeunes, qui rêvent de ressembler aux nouvelles icônes d'Instagram, de Snapchat et de TikTok. Cela a pour effet de marchandiser la médecine esthétique et plastique, par le biais d'une hypersexualisation des jeunes filles, tout en ouvrant la porte à de nombreuses dérives. Je pense notamment à Maeva Guennam, qui a annoncé fièrement avoir rajeuni son vagin, « comme si j'avais douze ans », pour reprendre ses propres termes.
On peut l'imaginer, la pornographie influence également notre jeunesse pour ce qui concerne tant la construction de sa sexualité que son image. Constatez-vous une augmentation des demandes d'intervention pour une chirurgie esthétique, en particulier de la part des jeunes femmes ? Par ailleurs, êtes-vous en mesure de refuser une intervention, si vous la jugez non fondée ou non nécessaire ?
La pornographie n'est absolument pas indispensable. À cet égard, il convient d'évoquer certains milieux socio-culturels. J'ai beaucoup de patientes du Moyen-Orient et je vois que la sexualité est pour elles totalement taboue. Je comprends donc les atermoiements des professeurs de collège pour évoquer cette question ! En effet, certaines populations ne sont pas capables de comprendre la problématique liée à l'éducation correcte de leurs enfants et ne veulent pas entendre certains messages.
Vous évoquiez la nécessité d'inculquer le respect de la personne et d'enseigner sans cesse le principe d'égalité entre les hommes et les femmes. Or pour ces populations, la femme est toujours dans un rôle de procréation, de mère ou de soeur. Elle n'est en aucune façon sexualisée correctement. Elle est souvent, je suis désolée de le dire, victime d'un mari violent, qui ne comprend pas très bien que ce qu'il regarde sur un écran ne correspond en aucun cas à une sexualité normale. Car il n'a reçu aucune éducation en la matière, hormis cette pornographie éventuellement violente.
Le professeur Nisand le disait, certains parents éduquent leurs garçons en leur donnant des cassettes vidéo pornographiques, ce qui est très choquant.
Il convient donc d'éviter la gratuité en matière de pornographie, d'obliger à la vérification d'identité et de punir très sévèrement la moindre publicité pour la pornographie. Nous l'avons fait pour l'alcool, et les fournisseurs d'alcool sont régulièrement verbalisés.
À l'heure actuelle, il existe une tolérance inacceptable à l'égard de la pornographie violente et dégradante.
Pour ce qui concerne l'image véhiculée par les réseaux sociaux, la situation est effectivement catastrophique. Nombre de jeunes filles, mais aussi de jeunes garçons, sont victimes d'injecteurs illégaux. Je me bats, avec la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens, la Société française de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique et, surtout, le Syndicat national des chirurgiens plasticiens, dont je suis la secrétaire générale, pour interdire la vente libre en pharmacie d'acide hyaluronique.
Il s'agit du moins dangereux des produits de comblement. Mais il doit être injecté par un médecin, qui sait l'injecter et connaît l'anatomie, ce qui implique un niveau de formation élevé. Nous nous sommes battus pour faire passer le message suivant : la médecine esthétique ne peut pas être faite par n'importe qui.
Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, nous voyons pulluler les actes d'exercice illégal. Tous les jours, des confrères nous rapportent les cas de patientes mutilées, les injections ayant été effectuées dans de mauvaises conditions, dans des appartements, des cuisines, voire des sous-sols, sous le contrôle d'un « grand frère », dans le cadre, souvent, de réseaux criminels. S'ensuivent des thromboses vasculaires, des nécroses, des amputations des tissus et, surtout, des infections dramatiques.
Car les jeunes filles et femmes de 15-35 ans souhaitent désormais des lèvres énormes, des nez tout petits ou tout droits ou des yeux de renard. Elles demandent à des instagrameuses de les examiner ! Le niveau de naïveté de notre jeunesse est abracadabrant. Des instagrameuses et instagrameurs se permettent d'exercer illégalement la médecine sur des mineurs, ce qui doit être très sévèrement réprimé. Pour le moment, la police est débordée. Il faut que la législation et le Gouvernement nous aident.
Les chirurgiens, les dermatologues et la plupart des médecins s'opposent à ces excès. Il est temps que le Gouvernement interdise la vente de ces tenseurs de la peau et de ces produits injectables, qui peuvent provoquer des dégâts irréversibles. Des gamines sont arrivées dans des services de réanimation avec des septicémies qui ont failli les tuer. La France a rattrapé son retard par rapport à l'Amérique du Sud, où les faux médecins pullulent. À Mexico, tous les jours, des dizaines de femmes meurent à la suite d'injections. En France, le plus souvent, c'est de l'acide hyaluronique qui est utilisé, plutôt que du ciment, du silicone ou des huiles industrielles, comme cela se fait ailleurs. Toutefois, l'acide hyaluronique n'est pas anodin, et son injection devrait être sécurisée. Nous nous battons en faveur d'une interdiction de la vente libre de ces produits.
Les plasticiens français défendent une french touch, à savoir une beauté à la française, raisonnée, avec des lèvres qui restent des lèvres et des nez qui restent des nez. Par ailleurs, il convient de garder une diversité morphologique, parce que c'est la biologie, c'est-à-dire la vie.
S'agissant d'une pornographie plus éducative ou « éthique », évoquée par Mme Borchio Fontimp, je suis un peu sceptique, pour deux raisons.
Tout d'abord, la pornographie est un produit culturel, conforme à la pensée et véhiculant des valeurs. Par ailleurs, l'acte même de regarder de la pornographie constitue une forme de voyeurisme : je consomme du sexe, je consomme la sexualité de l'autre pour mon propre plaisir.
Ensuite, la pornographie sort la sexualité du domaine de l'intime, ce qui entraîne des conséquences relationnelles et sociétales. Il s'agit d'un produit de consommation qui mobilise des milliards d'euros.
Je répondrai donc à votre question en formulant une autre question : quelle est la valeur de la sexualité ? Quel type de sexualité voulons-nous que les gens puissent vivre ? Voulons-nous promouvoir le respect et le consentement, plutôt que l'utilisation et l'objectivation ?
Par conséquent, l'expression « pornographie éthique » ou « pornographie éducative » constitue pour moi une véritable contradiction. En effet, le fait même de consommer du sexe n'est pas éducatif, même si les contenus sont régulés.
La série Sex Education, que tous les ados ont vue, est la seule évoquant de vraies compétences émotionnelles, sociales et relationnelles. Quand il y a une dispute, chacun parle de ses émotions. Certes, je regrette qu'il y ait autant de sexualité dans cette série.
Le problème de la pornographie éducative, c'est qu'elle banalise la sexualité en instaurant une norme.
C'est la raison pour laquelle je suis favorable aux séries possédant une visée éducative. Elles marquent les ados et sont incroyablement éducatives et libératrices, dans la mesure où elles ne s'emploient pas à normaliser le sex friend, ou le sexe sans amour.
J'ai trouvé cette table ronde d'un très haut niveau. Je me suis retrouvé dans les propos du professeur Nisand. Je vous transmettrai certaines remarques, Madame la Présidente.
Selon moi, il faut conditionner l'accès aux sites pornographiques à la vérification de l'âge. La loi est là pour protéger et encadrer le fonctionnement d'une société. Le retrait de l'autorisation doit être effectué dès la moindre infraction, sans attendre un éventuel rappel à l'ordre.
Je crois à 100 % au rôle de l'école et des enseignants, qu'il faut former. En effet, nous n'avons pas tous le même patrimoine familial. Certaines familles ou certains parents voudront former ou informer leurs enfants, tandis que d'autres ne le voudront ou ne le pourront pas.
Sur le débat de la pornographie éthique ou déontologique, je ne crois pas à cette sémantique. Certes, on peut parler de pornographie respectueuse, dans le cadre d'une charte prévoyant qu'une personne de confiance puisse assister aux tournages et que les scénarios ne comportent aucune terminologie contraire au code pénal. Il s'agit de fondamentaux que nous devrons rappeler dans le rapport de la délégation.
S'agissant de l'intervention du docteur Bergeret-Galley, il convient de le rappeler, le code de la santé publique précise que tout acte invasif est un acte médical. Il faut le dire à l'ensemble du corps médical, les signalements doivent être faits auprès des ordres.
Malheureusement, l'usage commercial du corps des femmes existe toujours ! Nous avons échoué dans ce domaine, alors que nous avons réussi à lutter contre le tabac et l'alcool. Certes, des influenceurs sévissent sur Internet, parce qu'il y a des gens influençables. À cet égard, la loi doit aussi protéger la société.
Enfin, en matière d'éducation à la sexualité, devrons-nous en arriver à un contrôle des connaissances, pour savoir si l'enseignement est bien fait, d'un point de vue tant qualitatif que quantitatif ? À un moment donné, si on veut protéger nos enfants, il faut qu'ils aient la meilleure formation possible dans tous les domaines et tous les champs de compétences et de connaissances possibles.
Si j'ai bien compris, notre collègue propose d'introduire une nouvelle discipline au bac...
Nous nous occupons très activement de tout ce qui concerne l'exercice illégal de la médecine. Malheureusement, le Conseil de l'Ordre des médecins est démuni, dans la mesure où cet exercice illégal est fait par des personnes qui ne sont pas médecins. Le Syndicat des chirurgiens plasticiens a déposé quinze plaintes au pénal. Il ne peut le faire que si la victime accepte de déposer plainte et nous nous associons alors à la plainte. La situation est extrêmement compliquée et il est urgent de prendre certaines mesures, avant d'avoir des morts, comme c'est le cas en Amérique du Sud ou aux États-Unis.
En tant que secrétaire générale du Syndicat des chirurgiens plasticiens, j'ai écrit à l'Ordre des pharmaciens en leur demandant d'aider leurs confrères en officine, afin qu'ils ne soient pas démunis et puissent être capables de ne pas vendre certains produits de comblement implantables ou injectables à des personnes se présentant sans carte professionnelle.
Pour le moment, la présidente du Conseil de l'Ordre des pharmaciens m'a simplement demandé le nom des pharmaciens qui vendent ces produits. Or tous les pharmaciens le font !
J'ai trouvé cette audition à la fois très intéressante et très anxiogène. Je partage les propos du professeur Nisand, selon lequel il est grand temps d'agir. Cette mission a le mérite d'exister et je ne doute pas qu'elle rencontrera un écho. J'espère que les recommandations que nous formulerons seront reprises.
Je reprendrai à mon compte les trois recommandations du professeur Nisand.
Tout d'abord, pour ce qui concerne la jeunesse, nous nous sommes beaucoup battues en faveur des séances d'éducation à la sexualité et à la vie affective. Les amendements que nous avons fait voter au Sénat n'ont pas été suivis d'effet. Je me souviens des propos de Mme Schiappa, qui affirmait qu'elle allait mettre en place une mission, afin de dresser un état des lieux de l'effectivité de ces séances. Sans doute notre rapport pourrait-il suggérer une telle mesure. À tout le moins, il convient d'interpeller le Gouvernement pour savoir où nous en sommes.
La première porte d'entrée, c'est d'agir auprès de la jeunesse. Sans doute certains professeurs ne sont-ils pas assez armés, face à un public compliqué. Il faut faire en sorte que ces séances aient effectivement lieu, partout sur le territoire.
Internet et les réseaux sociaux ont engendré un véritable problème, chacun ayant désormais accès à la pornographie, sans filtre. Comment garantir l'âge réel du jeune qui souhaite se connecter ?
Dans ce cadre, quel contre-discours les parents et les adultes peuvent-ils tenir ?
Quoi qu'il en soit, il convient d'agir vite. Vous décrivez en effet un véritable encouragement à la violence. Nous ne pouvons pas rester insensibles, après toutes les sonnettes d'alarme que vous avez tirées. En tant que politiques, nous devons faire en sorte que les choses bougent, en interpellant le Gouvernement. Il faut construire un cadre, aujourd'hui inexistant.
Je voudrais intervenir sur le porno soft. J'ai en tête un document magnifique, intitulé Les Tutos du cul, d'Alexandra Crucq et Maïtena Biraben. Il s'agit de petites saynètes tournées par des adolescents. Les corps sont remplacés par des maquettes, c'est très pudique et très bien fait. Tous les sujets y sont abordés. De nombreux documents existent d'ores et déjà pour faire de l'information à la sexualité.
Je ne parlerai pas d'« éducation sexuelle », qui sous-entend un contrôle des connaissances et implique des « orthobaiseurs » et des « pathobaiseurs » ! Parler d'« éducation » est pour moi une aberration. On ne peut pas éduquer à la sexualité, on ne peut même pas éduquer sur l'objet de la sexualité. Il convient donc d'abandonner le terme d'éducation sexuelle et de participer à l'information sur la sexualité. En la matière, il existe énormément de documents.
Pour ce qui me concerne, je ne suis pas pour la passivité dans ce domaine. Elle nous a conduits aux lois du marché. Si on veut continuer business as usual, on laisse ces milliardaires du net intoxiquer nos enfants. Moi, j'ai choisi mon camp et je souhaite qu'on interdise de façon effective l'accès des mineurs à la pornographie. Même si un gamin fait tout et n'importe quoi pour aller voir ces sites, ce n'est pas très grave. L'important, c'est qu'on ne tombe pas là-dessus par hasard.
Je vous remercie toutes et tous pour l'ensemble de vos propos. Vous avez à la fois rappelé les chiffres de l'industrie de la pornographie et de l'accès à la pornographie pour les adultes et les enfants. Vous avez également expliqué les conséquences de la pornographie sur le cerveau et sur la construction des jeunes en devenir. Vous avez en partie assimilé le porno à un viol psychique.
Dernier point sur lequel nous sommes tous d'accord, la pornographie fait aujourd'hui partie des angles morts des politiques publiques. Or si nous ne nous attaquons pas à ce problème, nous n'avancerons jamais dans la lutte contre les violences intrafamiliales, les violences conjugales, les violences envers les femmes ni dans la lutte en faveur d'une plus grande égalité entre les femmes et les hommes. En effet, toutes les images véhiculées par la pornographie vont à l'encontre de cette égalité, dans la mesure où elles font la promotion de la violence et d'une image dégradée de la femme.
Vous avez assimilé la pornographie à une drogue, évoquant même une « cocaïne numérique ».
Pour s'attaquer à ce fléau, il faut une volonté politique. Il faut parler, informer, faire respecter la loi - je pense notamment aux cours d'éducation à la sexualité, ou plutôt d'information à la sexualité, pour reprendre les propos du professeur Nisand, dans tous les établissements scolaires
Il faut aussi instaurer pour les sites ne respectant pas la loi des peines à la hauteur des conséquences néfastes du phénomène.
Nous remercions sincèrement tous les intervenants, ainsi que l'équipe de la délégation, de la qualité de cette table ronde, extrêmement intéressante.