Intervention de Catherine Bergeret-Galley

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 1er juin 2022 : 1ère réunion
Table ronde sur les représentations des femmes et des sexualités véhiculées par la pornographie

Catherine Bergeret-Galley, première vice-présidente de la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens (SOFCEP) :

La pornographie n'est absolument pas indispensable. À cet égard, il convient d'évoquer certains milieux socio-culturels. J'ai beaucoup de patientes du Moyen-Orient et je vois que la sexualité est pour elles totalement taboue. Je comprends donc les atermoiements des professeurs de collège pour évoquer cette question ! En effet, certaines populations ne sont pas capables de comprendre la problématique liée à l'éducation correcte de leurs enfants et ne veulent pas entendre certains messages.

Vous évoquiez la nécessité d'inculquer le respect de la personne et d'enseigner sans cesse le principe d'égalité entre les hommes et les femmes. Or pour ces populations, la femme est toujours dans un rôle de procréation, de mère ou de soeur. Elle n'est en aucune façon sexualisée correctement. Elle est souvent, je suis désolée de le dire, victime d'un mari violent, qui ne comprend pas très bien que ce qu'il regarde sur un écran ne correspond en aucun cas à une sexualité normale. Car il n'a reçu aucune éducation en la matière, hormis cette pornographie éventuellement violente.

Le professeur Nisand le disait, certains parents éduquent leurs garçons en leur donnant des cassettes vidéo pornographiques, ce qui est très choquant.

Il convient donc d'éviter la gratuité en matière de pornographie, d'obliger à la vérification d'identité et de punir très sévèrement la moindre publicité pour la pornographie. Nous l'avons fait pour l'alcool, et les fournisseurs d'alcool sont régulièrement verbalisés.

À l'heure actuelle, il existe une tolérance inacceptable à l'égard de la pornographie violente et dégradante.

Pour ce qui concerne l'image véhiculée par les réseaux sociaux, la situation est effectivement catastrophique. Nombre de jeunes filles, mais aussi de jeunes garçons, sont victimes d'injecteurs illégaux. Je me bats, avec la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens, la Société française de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique et, surtout, le Syndicat national des chirurgiens plasticiens, dont je suis la secrétaire générale, pour interdire la vente libre en pharmacie d'acide hyaluronique.

Il s'agit du moins dangereux des produits de comblement. Mais il doit être injecté par un médecin, qui sait l'injecter et connaît l'anatomie, ce qui implique un niveau de formation élevé. Nous nous sommes battus pour faire passer le message suivant : la médecine esthétique ne peut pas être faite par n'importe qui.

Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, nous voyons pulluler les actes d'exercice illégal. Tous les jours, des confrères nous rapportent les cas de patientes mutilées, les injections ayant été effectuées dans de mauvaises conditions, dans des appartements, des cuisines, voire des sous-sols, sous le contrôle d'un « grand frère », dans le cadre, souvent, de réseaux criminels. S'ensuivent des thromboses vasculaires, des nécroses, des amputations des tissus et, surtout, des infections dramatiques.

Car les jeunes filles et femmes de 15-35 ans souhaitent désormais des lèvres énormes, des nez tout petits ou tout droits ou des yeux de renard. Elles demandent à des instagrameuses de les examiner ! Le niveau de naïveté de notre jeunesse est abracadabrant. Des instagrameuses et instagrameurs se permettent d'exercer illégalement la médecine sur des mineurs, ce qui doit être très sévèrement réprimé. Pour le moment, la police est débordée. Il faut que la législation et le Gouvernement nous aident.

Les chirurgiens, les dermatologues et la plupart des médecins s'opposent à ces excès. Il est temps que le Gouvernement interdise la vente de ces tenseurs de la peau et de ces produits injectables, qui peuvent provoquer des dégâts irréversibles. Des gamines sont arrivées dans des services de réanimation avec des septicémies qui ont failli les tuer. La France a rattrapé son retard par rapport à l'Amérique du Sud, où les faux médecins pullulent. À Mexico, tous les jours, des dizaines de femmes meurent à la suite d'injections. En France, le plus souvent, c'est de l'acide hyaluronique qui est utilisé, plutôt que du ciment, du silicone ou des huiles industrielles, comme cela se fait ailleurs. Toutefois, l'acide hyaluronique n'est pas anodin, et son injection devrait être sécurisée. Nous nous battons en faveur d'une interdiction de la vente libre de ces produits.

Les plasticiens français défendent une french touch, à savoir une beauté à la française, raisonnée, avec des lèvres qui restent des lèvres et des nez qui restent des nez. Par ailleurs, il convient de garder une diversité morphologique, parce que c'est la biologie, c'est-à-dire la vie.

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