Intervention de Erwan Le Prévost

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 9 juin 2022 à 14h35
Incidents survenus au stade de france le 28 mai 2022 — Audition de M. Philippe Diallo vice-président Mme Florence Hardouin directrice générale M. Erwan Le prévost directeur des relations institutionnelles et M. Didier Pinteaux responsable sécurité de la fédération française de football fff

Erwan Le Prévost, directeur des relations institutionnelles de la Fédération française de football :

– Nous avons tenu des réunions le 23 et le 25 mai. En trois mois, nous avons eu plus de 130 réunions avec l’ensemble des parties prenantes, mais je pense que les réunions auxquelles vous faites référence sont celles du 23 et du 25 mai.

M. David Assouline. – C’est la réunion cachée !

M. Laurent Lafon. – Je précise que les dates nous ont été données par le ministre de l’intérieur.

M. Michel Savin. – Permettez-moi tout d’abord de remercier M. Diallo et Mme Hardouin d’avoir présenté des excuses et exprimé leurs regrets et leur tristesse auprès des supporteurs anglais qui ont été victimes d’actes de délinquance. Vous venez de préciser une nouvelle fois, après l’avoir écrit dans un communiqué, que 110 000 personnes se trouvaient aux abords du stade le soir du match. Ce chiffre nous interpelle depuis le début des auditions. Ce matin, M. le préfet de police a été assez flou dans sa réponse : les 35 000 à 40 000 personnes supplémentaires évoquées n’étaient plus à proximité du stade, mais dans les environs du stade. Une photo prise à 20 h 58, deux minutes avant le début prévu du match, montre qu’il n’y avait pas un tel nombre de personnes à l’extérieur du stade. Or leur présence est la raison invoquée par le ministre de l’intérieur pour expliquer les événements. S’ils n’étaient pas là, comment expliquer les débordements ? Quelle est la position de la FFF sur ces chiffres ?

Vous avez par ailleurs évoqué votre souhait de coconstruction : ne pensez-vous pas que le préfet de Seine–Saint-Denis, qui connaît bien le terrain, notamment en matière de délinquance, devrait avoir à l’avenir un rôle plus important dans la préparation de ce type de rencontres ?

Enfin, nous avons compris que le Président de la République avait poussé très fort pour accueillir cette finale à Paris malgré le court délai ; avez-vous été associé à cette décision ?

M. Jean-Jacques Lozach. – Concernant les moyens qui ont été mobilisés, que le ministre de l’intérieur a jugé largement suffisants — c’était un peu plus flou du côté de la préfecture de police —, jugez-vous les effectifs de forces de l’ordre déployés suffisants pour ce type de rencontre à risque ?

La FFF, dans un communiqué, a estimé à 110 000 le nombre de personnes se trouvant à proximité du Stade de France en donnant comme source « des opérateurs publics et privés ». Confirmez-vous qu’il s’agit uniquement des transporteurs — RATP, SNCF et taxis privés en particulier ?

Nous sommes par ailleurs encore dans le flou au sujet de cette note de la DNLH, entre ceux qui ont été destinataires et l’ont bien eue, ceux qui ont été destinataires, mais ne l’ont pas lue, ceux qui n’ont pas été destinataires du tout…

La FFF est-elle propriétaire des images captées par la vidéosurveillance à l’intérieur du Stade de France ? Si oui, des éléments vidéo ont-ils été transmis aux autorités qui en auraient fait la demande — je pense notamment aux services du ministère de l’intérieur ?

L’UEFA s’est exprimée sur la question du dédommagement des spectateurs munis de billets n’ayant pas pu accéder au stade ; la FFF va-t-elle être sollicitée ?

Enfin, un arbitrage va devoir être pris. D’un côté, le préfet de police nous dit que la doctrine a bien été appliquée et ne saurait être remise en question ; de l’autre, Mme Hardouin nous a présenté un ensemble de préconisations et de propositions qu’il serait bon d’intégrer dans une stratégie sécuritaire relative aux événements de ce type.

M. Stéphane Piednoir. – Ma question porte sur les missions et les prérogatives de la FFF dans l’organisation de ce match. Je m’interroge sur la proportionnalité des mesures déployées et, plus précisément, le nombre de stadiers. Le ministre de l’intérieur a comparé cet événement à la finale de la Coupe de France qui s’est tenue dans le même stade quelques semaines plus tôt et aurait été classé 4 sur 5 sur une échelle de risque. Qui établit cette échelle ? Tient-elle compte de l’attractivité d’une rencontre ? Je n’ai rien contre les supporteurs de Nantes et de Nice, mais cet événement revient chaque année alors qu’une finale de Ligue des champions sur le sol français est beaucoup plus rare et suscite une exposition médiatique bien plus importante. Cela entraîne un flux de circulation autour du stade plus dense, comprenant des étrangers moins habitués aux formes de communication que nous employons, notamment dans les stations de métro et de RER. Avec un délai de préparation aussi faible, il aurait fallu, si j’ose dire, mettre le paquet pour faire face à l’imprévu. Pour cela, rien de mieux que du contrôle physique et donc des stadiers. Vous avez évoqué le chiffre de 17 % de stadiers supplémentaires. Était-ce, compte tenu de tous ces éléments, suffisant ?

– Sur les flux de spectateurs, nous pouvons être précis, mais seulement sur ce que nous maîtrisons : les bus — nous en avons acheminé 450 avec les supporteurs des deux clubs et l’ensemble des populations invitées — et les véhicules légers qui ont stationné dans le parking du Stade de France. Pour les transports en commun, les chiffres que nous avons donnés sont ceux qui nous ont été communiqués par la RATP le soir du match : 6 200 personnes arrivées par le RER B, 36 000 par le RER D et 37 000 par la ligne 13 du métro. Au total, cela représente 110 000 personnes acheminées au Stade de France. Nous sommes bien incapables de vous dire ce que sont devenues ces 110 000 personnes, hormis les 72 000 qui sont entrées dans le stade et ont assisté à la rencontre. Quant aux 35 000 autres, 2 583 d’entre elles sont arrivées jusqu’aux grilles du Stade de France et ont été refoulées parce que leur titre d’accès était faux. Grâce à l’action des services de l’UEFA et des équipes de sécurité de Didier Pinteaux aux points de préfiltrage, nous avons récupéré près de 300 faux billets. Comme nous vous l’avons présenté sur la carte du stade, le périmètre ne comporte pas uniquement le parvis et la proximité immédiate du Stade de France et de ses 18 portes d’accès.

La zone qu’il faut regarder représente un périmètre extrêmement large à partir des stations de RER et de la ligne 13. L’entité qui peut répondre précisément à votre question – c’est une question que nous nous posons également – est la RATP : elle peut vous fournir sa capacité d’emport et le nombre de trains qui, à partir de 17 h 00, sont repartis vers le centre de Paris ou vers les aéroports avec un flux de spectateurs supérieur à celui qui est habituellement constaté. Certains agents de la RATP nous ont confirmé qu’à partir de 21 h 00 le flux était suffisamment important pour que des trains soient ajoutés en direction de Paris, ce qui constitue un élément important d’appréciation.

À propos de l’organisation de cet événement et du rôle de la préfecture de Seine-Saint-Denis, le préfet, Jacques Witkowski, et son directeur de cabinet, Frédéric Poisot, nous ont apporté une aide considérable. Il ne nous revient pas d’établir le cadre légal ou réglementaire d’intervention de la préfecture de police et des autres préfectures, mais il nous semble que la connaissance du terrain est essentielle dans ce type d’événement, en particulier dans ce département où les nuits sont agitées... Ils nous ont poussés dans nos retranchements concernant le plan de mobilité et nous ont alertés sur un ensemble de risques qu’il fallait prendre en compte.

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