– En ce qui concerne le niveau de risque d’une rencontre, c’est la DNLH qui propose au préfet un classement.
M. David Assouline. – Ce qui vient d’être dit par M. Le Prévost est très important, voire grave, et il aurait été particulièrement intéressant d’entendre le préfet de police sur ce point. Des images que vous jugez très violentes ont été détruites, parce qu’aucune réquisition n’a été faite avant l’expiration du délai de sept jours et alors même qu’une procédure a été engagée au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. Des preuves ont ainsi été détruites du fait de ce que l’on pourrait qualifier au minimum d’incompétence – je n’ai pas envie de penser que cela a été fait exprès. C’est grave et c’est une responsabilité très importante de l’autorité publique.
Je souhaite vous interroger sur le préfiltrage. Il était réalisé au moyen de stylos. Il semblerait que des stadiers se soient beaucoup interrogés sur le taux particulièrement élevé de rejet – il atteignait 90 % ! – et qu’ils estimaient que cela provenait d’un dysfonctionnement des fameux stylos – M. le ministre de l’intérieur s’est beaucoup amusé de cet aspect des choses... Pourriez-vous nous apporter des précisions sur ce point ?
Si nous nous tournons maintenant vers l’avenir, ne pensez-vous pas que, lors de manifestations de ce type suscitant un fort engouement auprès d’un public populaire, la répartition des places – 28 000 billets destinés à des personnalités ou à des VIP, 7 000 pour le grand public et 20 000 pour chaque club – constitue un problème ?
J’ai assisté une fois à une finale de Ligue des champions – elle opposait Arsenal à Barcelone au Stade de France. Il y avait déjà une pénurie de billets et j’ai été effaré de voir des personnes de condition défavorisée détenir dans leurs poches des centaines, voire des milliers, d’euros en liquide pour acheter une place. Des supporteurs étaient prêts à dépenser leur paye pour cela ! Lorsqu’on crée une telle situation, qu’on incite en permanence les gens à consommer du football, ne peut-on pas s’attendre à ce que les pickpockets soient là et pas ailleurs ?
S’assurer que les billets soient vendus à un prix abordable, ne pas créer une situation de rareté telle qu’elle pourrait produire de la délinquance : ces questions sont importantes en vue des prochains jeux Olympiques.
Mme Jacqueline Eustache-Brinio. – Je veux tout d’abord remercier les représentants de la FFF de leur transparence et de la clarté de leurs propos. En particulier, il n’y a pas eu de déni de leur part au sujet des problèmes de billetterie ou de délinquance qui ont suscité la stupeur des Français. Je regrette d’ailleurs que nous ne parlions que des problèmes de sécurité et de violence et pas de la victoire du Real Madrid !
J’espère en tout cas, madame la directrice générale, que vos propos ne seront pas qualifiés de nauséabonds – c’est ce qu’a fait le ministre de l’intérieur, lorsque j’ai évoqué des problèmes de délinquance...
Dès lors que le Président de la République a décidé que ce match se déroulerait à Paris, est-ce qu’une réunion a été organisée en urgence par les ministères concernés avec l’ensemble des partenaires afin de les mobiliser et d’organiser correctement, en trois mois, cet événement pour qu’il soit une belle fête du football ? Combien de réunions ont eu lieu en présence de tous les partenaires – la FFF, la RATP, la SNCF, les responsables du Stade de France, etc. – pour anticiper les dysfonctionnements éventuels que l’on a finalement constatés ?
Enfin, comment avez-vous pu estimer le nombre de personnes détenant de bonne foi un faux billet et les autres ?
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. – Vous avez détaillé la fréquentation des différentes lignes de transport et regretté le basculement des usagers du RER B vers le RER D comme le manque d’informations sur ce point, qui explique peut-être la présence d’un plus grand nombre de stadiers à l’arrivée du RER B.
Un point m’intrigue : la grève était annoncée et, deux jours avant l’événement, des messages préconisaient de prendre le RER D. Je comprends qu’il puisse exister un problème de coordination ou de circulation de l’information, mais vous n’aviez pas besoin qu’on vous informe de cette situation, car elle était de notoriété publique.
Ensuite, était-il possible, selon vous, d’organiser de manière satisfaisante cette manifestation en trois mois ou l’accident était-il prévisible ?
Enfin, qui pilotait l’ensemble de l’opération ? La Diges, le préfet de police ? Qui était responsable du pilotage d’ensemble ?
M. Jacques Grosperrin. – Lors des nombreuses réunions qui ont eu lieu, avez-vous alerté la préfecture de police ou une autre autorité sur les risques que présentait ce match, puisqu’on sait que les supporteurs du club de Liverpool se déplacent en nombre et souvent sans billet ou avec de faux billets ?
Pouviez-vous, sous couvert de l’UEFA, interdire cette manifestation, étant donné les risques engendrés par l’utilisation de billets papier ?
Enfin, le préfet de police, Didier Lallement, nous expliquait ce matin que ce n’était pas un match à risque. Or Philippe Diallo vient de nous dire qu’il avait reçu une note selon laquelle le risque de ce match était classé au niveau 4 sur une échelle de 5. Faisait-il référence à la note concernant la finale de la Coupe de France dans laquelle jouait Nantes ou à une note de la préfecture de police qu’il aurait reçue au sujet de la finale de la Ligue des champions ?