Intervention de Laurent Lafon

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 29 juin 2022 à 15h00
Audition de Mme Rima Abdul malak ministre de la culture

Photo de Laurent LafonLaurent Lafon :

président. – Madame la ministre, nous sommes heureux de vous accueillir pour votre première audition devant notre commission de la culture, de l’éducation et de la communication. C’est un honneur pour nous que vous ayez choisi le Sénat pour votre première intervention au Parlement. Nous tenons à vous adresser collectivement nos plus sincères félicitations pour votre nomination.

Je tiens à rappeler, mais vous le savez en raison de vos fonctions antérieures, qu’au cours du précédent quinquennat nous avons toujours travaillé de manière constructive avec vos prédécesseurs, ce qui nous a permis d’aboutir le plus souvent à des textes communs. Le compromis est dans la culture du Sénat, ce qui peut se révéler précieux dans la période qui s’ouvre. Nous formons le vœu que nous pourrons continuer dans cette voie.

Les sujets sur lesquels vous allez devoir vous pencher ne manquent pas. Vos précédentes fonctions vous y ont parfaitement préparée. Vous savez l’intérêt que notre commission porte aux questions qui entrent dans le périmètre d’action de votre ministère. Nous veillerons à être force de propositions.

Concernant le secteur de l’audiovisuel, tout d’abord, nous avons regretté l’abandon en mars 2020 du projet de loi Riester, et l’impossibilité, au cours du précédent quinquennat, de conduire la réforme de la contribution à l’audiovisuel public. Notre commission était prête à faire aboutir ces deux chantiers.

Le contexte a sensiblement changé depuis lors. C’est pourquoi notre commission a adopté au début du mois les conclusions d’un rapport réalisé conjointement avec la commission des finances portant à la fois sur le financement et sur l’organisation du service public de l’audiovisuel. Les rapporteurs Roger Karoutchi et Jean-Raymond Hugonet pensent que le temps est venu de regrouper les forces de notre service public, comme l’ont fait tous les pays européens. Nous pensons également que la suppression de la CAP constitue une décision importante et qu’elle doit s’accompagner de garanties. Ils ont ainsi proposé la création d’une commission indépendante chargée d’évaluer les besoins financiers du service public. Quelles sont les intentions du Gouvernement à ce sujet ?

Les défis qui vous attendent dans le domaine des industries culturelles sont également nombreux.

Le monde de la presse est fragilisé, comme d’autres secteurs, par la hausse des coûts. Je pense en particulier au prix du papier, qui grève très lourdement les comptes des éditeurs. Le rapporteur pour avis des crédits de la presse, Michel Laugier, nous présentera prochainement ses conclusions sur la presse quotidienne régionale, qui souffre plus spécifiquement de cette situation.

Au-delà, et c’est un chantier de longue haleine, il faut poursuivre l’adaptation de notre exception culturelle au monde issu du numérique. Des étapes importantes ont déjà été franchies. Je pense à la transposition des directives Services de médias audiovisuels (SMA) et droits d’auteur, qui assurent un financement de la création française par les plateformes et un meilleur respect des droits des artistes. Cependant, beaucoup reste à faire, comme la question de la baisse de fréquentation des cinémas, qui constitue un réel sujet d’angoisse pour la filière, comme j’ai pu le mesurer à l’occasion du Festival de Cannes.

Le modèle de la création artistique et culturelle a été considérablement affecté par la crise sanitaire. Les lieux culturels ont tenu bon grâce au soutien sans faille de l’État, mais les inquiétudes demeurent nombreuses, et les attentes vis-à-vis de votre ministère sont immenses pour accompagner la transition en cours. Notre commission estime qu’une meilleure collaboration entre l’État et les collectivités territoriales pourrait bénéficier aux acteurs de la création et faciliter l’accès à la culture partout en France.

Le secteur des patrimoines fait lui aussi face à des défis de poids. Sans revenir sur les enjeux budgétaires, se pose la question de la protection des patrimoines dans le contexte de la transition écologique : l’articulation entre ces deux enjeux doit être travaillée, car ils ne s’opposent pas, bien au contraire. Le modèle économique des musées est également fragilisé ; ces établissements sont confrontés à des questionnements éthiques de plus en plus nombreux, sur lesquels vous connaissez les travaux réalisés par nos collègues Catherine Morin-Desailly, Max Brisson et Pierre Ouzoulias.

Enfin, je termine sur un sujet qui nous tient à cœur : le financement du Centre national de la musique, le CNM, dont le rôle a été fondamental pendant la crise du covid. Quelles sont les ambitions du Gouvernement à son sujet ?

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