Intervention de Rima Abdul Malak

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 29 juin 2022 à 15h00
Audition de Mme Rima Abdul malak ministre de la culture

Rima Abdul Malak, ministre de la culture :

– Mesdames, messieurs les sénateurs, s’agissant de l’audiovisuel public, il nous revient de dresser un certain nombre de constats, pour bien poser les enjeux auxquels nous sommes confrontés.

Je l’ai dit en introduction, les 4-14 ans regardent de moins en moins la télévision. La radio a perdu dix points d’audience en dix ans chez les moins de 25 ans.

En parallèle, l’audiovisuel en général évolue beaucoup, avec la perspective de la fusion TF1-M6 et la montée en puissance des plateformes, qui s’est accélérée avec les confinements successifs. Dans ce contexte de plus en plus concurrentiel, quelle peut être la place de l’audiovisuel public ? À mon sens, une des voies à explorer serait de se rapprocher des Français en parlant plus du local.

J’en viens au financement. Vous le savez, monsieur Assouline, madame de Marco, nos concitoyens sont victimes d’une crise du pouvoir d’achat. La CAP était jusque-là liée à la taxe d’habitation, qui est sur le point d’être totalement supprimée. Par ailleurs, elle est liée à la possession d’un poste de télévision ; or il y a de moins en moins de téléviseurs, car ceux-ci sont remplacés par les ordinateurs, tablettes et autres smartphones. Il apparaît donc indispensable de trouver une autre source de financement.

Le Président de la République a été très clair : il y aura une visibilité pluriannuelle, et aucune régulation infra-annuelle ne sera possible. Enfin, une commission ad hoc pourrait faire office de vigie de l’indépendance.

Des économies sur l’audiovisuel public ont déjà été faites depuis quatre ans, pour un montant de 190 millions d’euros. Or France Télévisions n’a pas perdu d’audience, l’information n’a pas perdu en qualité et France 4 a été réorientée vers la jeunesse. Il y avait donc des marges d’économies possibles.

Comment avancer ? Toutes les options doivent pouvoir être discutées, y compris la fusion, qui est effectivement sur la table, mais sans exclusive aucune. Ainsi, il est peut-être possible d’imaginer d’autres synergies sans fusion.

Je vous l’assure, l’indépendance sera préservée. D’ailleurs, je vous rappelle que c’est non pas le Gouvernement, mais l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) qui nomme les dirigeants de l’audiovisuel public.

En ce qui concerne la concentration dans les médias, votre commission a très bien travaillé et formulé des propositions intéressantes pour modifier la loi de 1986. Il faudra en discuter dans le cadre des états généraux de l’information.

Madame Darcos, la mission Sirinelli a effectivement été relancée pour aboutir à un accord. Il y a demain une assemblée générale du syndicat des éditeurs, et l’on y verra plus clair ensuite.

Concernant l’Arcep, c’est bien son rôle de fixer les tarifs, mais si c’est pour revenir en arrière, cela pose problème. J’attends ses propositions argumentées pour me prononcer sur ce point.

S’agissant du décret « Son », il est sans doute nécessaire d’instaurer un cadre de dialogue et de concertation en amont avec les préfets. J’en profite pour revenir au pass Culture, qui va permettre à de nombreux jeunes d’aller dans les festivals cet été, notamment grâce à une offre combinée transport-accès festival.

Mon ambition est de réfléchir à ce que l’on peut construire autour du pass pour que les jeunes deviennent des acteurs de la culture et ne soient plus seulement des spectateurs. Je pourrais citer une initiative intéressante du festival Rencontres de la photographie d’Arles, qui a organisé un concours labellisé pass Culture.

Monsieur Fialaire, le dispositif « Été culturel » cible les zones rurales et les quartiers prioritaires de la politique de la ville, pour démocratiser la culture partout. Je souhaite amplifier ce programme.

S’agissant des biens culturels, madame Morin-Desailly, monsieur Ouzoulias, je connais votre engagement. Une acquisition comporte toujours une part de risque. La France a les meilleurs experts et les meilleures formations, mais nous sommes confrontés à des pratiques criminelles de plus en plus sophistiquées. J’ai donc proposé à trois personnalités indépendantes du monde de la culture de me faire des propositions à la rentrée pour sécuriser le cadre juridique des acquisitions. C’est l’urgence de l’été. Je souhaite à cet égard rassurer nos amis égyptiens et émiriens.

Par ailleurs, la loi-cadre sur la restitution est en préparation sous l’impulsion de Jean-Luc Martinez. Le travail n’en est qu’à ses prémices, et nous comptons bien vous y associer prochainement. Je crois beaucoup à cette notion d’universalisme partagé. Il faut que les œuvres puissent circuler dans le cadre du dialogue des cultures.

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