Intervention de Bruno Retailleau

Réunion du 6 juillet 2022 à 21h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Bruno RetailleauBruno Retailleau :

Madame la Première ministre, vous n’avez pas sollicité la confiance de l’Assemblée nationale, mais vous voulez retrouver – et vous avez raison – la confiance des Français.

Si vous le voulez vraiment, renoncez au « en même temps ». Faites des choix clairs, des choix nets. Donnez une boussole, fixez un cap : c’est ce que nous vous demandons d’abord. Or cela tombe bien parce que, comme vous l’avez sous-entendu, et même un peu souligné, l’époque a radicalement changé.

Le Président de la République avait évoqué un tournant marqué par le retour du tragique. Oui, la guerre en Europe marque le retour du tragique.

Mais l’économie, dont le ministre se tenait à votre place cet après-midi, est elle aussi marquée par le retour du tragique, c’est-à-dire par celui de la réalité : ce sont des taux qui ne sont plus négatifs, et qui sont même en train de s’envoler, suivis par l’inflation.

Vous avez dit que la dette serait remboursée par la croissance. Non, parce que la croissance fléchit, et que la parité entre l’euro et le dollar est en train de s’effondrer, renchérissant l’inflation importée.

Il faut donc abandonner le « en même temps », c’est-à-dire renoncer à la politique de l’argent facile. §Qui peut croire que, demain, les nations qui compteront dans le monde seront celles qui ont dépensé sans compter ? Qui peut croire un seul instant que les nations qui ne tiennent pas leurs comptes tiendront demain leur rang sur la scène internationale ?

Le « quoi qu’il en coûte » aura été terrible, non pas seulement parce qu’il aura coûté à notre pays des centaines de milliards d’euros, dont la Cour des comptes a d’ailleurs indiqué à plusieurs reprises que la dépense était sans lien avec la crise de la covid-19, mais parce qu’il aura emporté un changement culturel, qui nous aura finalement coûté davantage.

Ce changement a introduit cette torsion dans le rapport au travail, cette fausse croyance qui consiste à laisser penser aux Français que l’État peut tout, qu’il peut pourvoir à tout, et que l’amélioration du sort de chacun dépend in fine, non pas des volontés individuelles ni des fruits du travail, mais de l’État.

Madame la Première ministre, vous n’obtiendrez rien de nous, rien, si vous n’abandonnez pas ce « quoi qu’il en coûte » !

Dès cet été, dans le débat à venir sur le pouvoir d’achat, nous ne cautionnerons pas de nouvelles dépenses si elles ne sont pas gagées…

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