La deuxième responsabilité des démocrates est de comprendre les raisons du vote populiste et les moyens de le dégonfler. Continuer de prétendre que les problèmes qui nourrissent cette vague n’existent pas, refuser depuis trente ans de s’interroger sur ce qui se passe est un vrai danger pour la démocratie : celui d’avancer avec un bandeau sur les yeux.
La troisième responsabilité des démocrates consiste à réussir. Gouverner avec une majorité relative est un défi, s’opposer aussi. Nous savons déjà que la coalition ou le pacte de gouvernement n’auront pas lieu. Ne reste donc que la méthode du « au cas par cas », qui impose de changer les habitudes : un gouvernement qui propose au lieu d’imposer, une opposition qui compose au lieu d’empêcher.
Majorité et opposition républicaines sont condamnées à se supporter ; ne pas y parvenir serait la recette infaillible de l’impuissance face à la crise économique et aux défis sociaux qui s’annoncent ; ne pas y parvenir entraînerait, la prochaine fois, non pas la victoire d’une famille contre l’autre, mais la défaite de tous face aux populistes.
Il paraît que la culture du compromis n’existe pas en France ; il va pourtant bien falloir s’y résoudre.
Autant dire, madame la Première ministre, qu’en entrant à Matignon vous avez accepté un nouveau job, celui de démineuse en chef. Même si sa majorité vous est opposée, la tâche ne me paraît pas impossible au Sénat. Cela suppose un respect réciproque ; cela tombe bien, c’est la tradition de la maison.