Intervention de Guillaume Gontard

Réunion du 6 juillet 2022 à 21h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Guillaume GontardGuillaume Gontard :

Pour le reste, je crains que le dogmatisme et l’idéologie présidentiels ne nous empêchent de trouver tout terrain d’entente. Les défis de notre temps nécessitent plus de puissance publique. Or votre double logique – exonérer d’impôt les milliardaires et les grandes entreprises qui s’enrichissent indûment pendant les crises et désendetter le pays à marche forcée – va produire exactement l’inverse.

Madame la Première ministre, j’ai préparé la suite de mon propos avec Éléonore, 18 ans, Louis, 16 ans, et Nathan, 19 ans, qui sont actuellement en observation dans mon équipe et qui vous écoutent ce soir. Je veux me faire l’écho de leurs préoccupations et, au-delà, celui d’une partie de notre jeunesse, qui s’angoisse dans un monde rendu de plus en plus incertain par le retour de la guerre et le péril climatique.

Je me fais l’écho de notre jeunesse, de son inquiétude quant à sa capacité à vivre sur la terre dans les prochaines décennies ; inquiétude à laquelle, enfermée dans votre déni des limites planétaires et dans votre illusion techniciste d’une écologie du progrès, vous ne répondez pas.

Je me fais l’écho de notre jeunesse, qui cherche du sens à son activité professionnelle et qui refuse de contribuer à la destruction de la planète opérée par le capitalisme, lequel n’a plus d’autre fin que l’accumulation infinie de richesses. On ne retrouve dans votre propos que peu de traductions concrètes de la planification écologique brandie pour les besoins de la campagne.

Il y a pourtant tellement à faire pour repenser nos modes de vie, protéger le vivant, recouvrer notre souveraineté, lutter contre l’explosion des prix de l’énergie grâce aux énergies renouvelables, transformer notre agriculture en l’orientant vers le bio, rénover réellement les logements, relocaliser des activités économiques et industrielles vertueuses, créer des emplois par centaine de milliers dans la bifurcation écologique et créer des perspectives pleines de sens pour cette jeunesse qui désespère des pouvoirs publics.

Je me fais l’écho d’une partie de notre jeunesse, celle qui souffre de plus en plus de la précarité et qui est la première victime de l’inflation galopante, pendant que les profiteurs de guerre s’enrichissent honteusement.

Je me fais l’écho des étudiants qui se heurtent au mur de Parcoursup, voient l’université française dépérir et désespèrent en voyant que le seul projet que vous portez à leur endroit est le service national universel, symbolisé par le rattachement funeste du secrétariat d’État à la jeunesse au ministère des armées.

Je me fais l’écho des jeunes et des moins jeunes qui souffrent de la dégradation continue des services publics, des fermetures de classe et de la pénurie d’enseignants, qui s’inquiètent, alors que ressurgit la covid-19, de la désertification médicale, de la fermeture de lits voire de services d’urgence entiers et qui sont horrifiés de constater l’état déplorable de nos crèches et de nos Ehpad.

Enfin, je me fais l’écho de notre jeunesse et de nos compatriotes ultramarins, qui souffrent des mêmes maux, mais décuplés, qui expriment leur souffrance et leur désarroi depuis plusieurs années et pour qui votre seule réponse est de les rattacher à un ministère de l’intérieur en pleine dérive sécuritaire. Madame la Première ministre, de grâce, épargnez-leur le préfet Lallement !

Quelles réponses apportez-vous à notre jeunesse ? Votre projet sur le pouvoir d’achat et votre budget rectificatif sont presque vides. À l’occasion des débats parlementaires à venir, nous vous invitons à accepter les propositions de la Nupes visant à enrichir ces deux textes

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