Monsieur le ministre de la santé et de la prévention, faut-il confier le ministère de la santé à des médecins ? La question est légitime quand on constate le risque accru d’effondrement de l’hôpital public, tel qu’il a été laissé par votre confrère et prédécesseur. Dans mon interrogation, j’aurais pu préciser « à des médecins peu soucieux d’y défendre un service public universel de qualité ».
Votre traitement d’urgence fait de nouveau la part belle au libéral en multipliant les différences de rémunération entre ceux qui exercent et restent à l’hôpital, assurant quasiment seuls la pénibilité de la permanence des soins, et ceux à qui vous n’imposez aucune obligation de prendre enfin leur part, tout en leur octroyant des surrémunérations horaires, ce qui creuse le différentiel, dégrade l’attractivité de l’hôpital et alimente le cycle des démissions et vacances de postes.
Votre diagnostic est incomplet : il omet l’absence de lits d’hospitalisation, par exemple aux urgences pédopsychiatriques pour hospitaliser les enfants en détresse psychologique. En effet, vous continuez à fermer des lits !
Votre préconisation principale porte sur le tri des patients à l’entrée des urgences, alors que les SAMU sont déjà débordés et que 10 % des postes d’assistants de régulation médicale sont vacants. En Seine-Saint-Denis, depuis que l’on encourage à appeler le 15, seuls 8 % des appels peuvent être décrochés dans la minute. Un psychiatre dirait que cela revient à déplacer le symptôme plutôt que de traiter la maladie.
Rouvrez des lits ! C’est notre 42e proposition !
Monsieur le ministre, ma question est simple : ces mesures dites d’urgence s’inscrivent-elles dans votre vision des urgences, réduite aux seules urgences vitales – cela n’est pas notre conception –, ou bien, une fois l’été de tous les dangers passé, allez-vous enfin consentir à nous présenter un budget à la hauteur des besoins de santé des populations et des territoires ?