Nous sommes très heureux de pouvoir réaliser une réunion hors les murs et rencontrer les acteurs de terrain. Je vous remercie de nous accueillir.
Le phénomène de revitalisation de nos villages et de nos villes, particulièrement de leurs centres, a longtemps été sous-estimé, voire nié par les pouvoirs publics. Cette réalité est vécue avec plus de force dans nos zones rurales, où la fermeture d'un commerce signifie parfois la disparition totale des commerces.
Le Sénat a été précurseur et a su tirer la sonnette d'alarme pour susciter une prise de conscience collective. Il s'est saisi, en 2017, de ce sujet qui touche non seulement à l'économie, à l'emploi, au logement mais aussi à l'équilibre des territoires, au lien social et à l'identité de notre pays.
Le travail du Sénat, mené par Rémi Pointereau et Martial Bourquin, a abouti à une proposition de loi portant pacte national pour la revitalisation des centres villes et centres bourgs, adoptée à l'unanimité par le Sénat en juin 2018. L'intérêt pour la vie des territoires fait partie de l'ADN du Sénat. Certains éléments de la proposition de loi ont trouvé place dans la loi ELAN du 23 novembre 2018 et ont donné lieu aux programmes gouvernementaux de revitalisation dénommés « Action coeur de ville » et « Petites villes de demain ».
Le Sénat fait preuve de constance sur ce sujet puisque la délégation, en association avec la délégation aux entreprises, a mis en place une mission conjointe de contrôle afin de réaliser une évaluation relative au commerce dans les zones rurales. Un premier rapport a été rédigé sur ce sujet.
Par ailleurs, avec mon collègue Jean-Michel Houllegatte, nous avons créé, pour le compte de la délégation, une mission sur la revitalisation de notre pays. Au moment des dernières élections territoriales, nous avons constaté l'aggravation du désintéressement des citoyens, ne croyant plus en l'efficacité de l'action publique.
Nous nous sommes interrogés sur la notion de démocratie participative. Les élus ont aujourd'hui besoin, pour travailler, d'établir des diagnostics et projets partagés. Avec notre administrateur David Alphand, nous avons inventé l'idée de la démocratie implicative. Nous avons vu des exemples d'épiceries ou de cafés associatifs et rencontré des personnes s'impliquant afin que leur territoire soit un lieu de vie.
C'est à cette occasion que nous avons eu le grand plaisir, grâce à notre collègue Agnès Canayer, de connaître l'initiative partenariale entre élus et habitants « La Ville à Joie ». L'interrogation et l'attente autour des commerces et des services doivent trouver des réponses réinventées. Le nomadisme des services correspond à la fois à l'exigence de viabilité économique des projets mais aussi au changement de mode de vie, qui constitue sans doute une chance pour nos territoires.
La crise sanitaire liée à la Covid-19 a pu être le révélateur d'un souhait de changement de cadre de vie. Pensez-vous que ce phénomène est éphémère ? Comment le ressentez-vous dans vos territoires, qui connaissent l'arrivée de nouvelles populations ? Est-ce une chance ? La cohabitation prend-elle parfois la forme de deux bulles qui s'ignorent ?
Quelle est la définition de la revitalisation ? Croyez-vous à la force de ce nomadisme des services, permettant de redonner aux places des communes leur rôle de lieu de vie où le lien social se tisse naturellement ? Ce nomadisme des services crée-t-il une logique de développement collectif ? Existe-t-il une concurrence entre les territoires ? Comment favoriser la coopération plutôt que la compétition ? Les pays sont-ils des espaces où la coopération est particulièrement fructueuse ?
En outre, comment percevez-vous l'engagement des habitants ? Le dynamisme généré par « La Ville à Joie » donne-t-il aux nouveaux et anciens habitants l'envie de participer ?
Se lancer dans une dynamique de cette nature, qui doit être pérenne et structurée afin de ne pas créer de désillusions, nécessite d'être accompagné. Vous sentez-vous accompagnés ? Les acteurs - pouvant être aussi des acteurs consulaires - vous accompagnent-ils lors de la recherche de financements ? Êtes-vous confrontés à un parcours du combattant lorsque vous devez frapper à tel ou tel guichet ?
Enfin, nombre d'élus disent que l'appel à projets semble constituer une idée séduisante mais comporte des difficultés. En effet, un appel à projets met en compétition des territoires n'ayant pas tous les mêmes capacités, notamment concernant l'ingénierie et la possibilité de respecter le timing souvent serré. En cas d'appels à projets finançant le démarrage d'initiatives, comment construire la pérennité de ces dernières ?
Je cède la parole à M. Fabien Bazin.