Intervention de Fabien Bazin

Délégation aux Collectivités territoriales et à la décentralisation — Réunion du 24 juin 2022 à 15h45
Table ronde sur le thème « vivifier nos villages : regards croisés regards d'avenir ».

Fabien Bazin, président du Conseil départemental de la Nièvre :

Plutôt que d'établir la liste des crises qui touchent le pays, je vous propose de retracer l'histoire du travail que nous avons mené sur la ruralité dans ce département il y a maintenant une vingtaine d'années.

Nous avions travaillé sur ce que nous appelions à l'époque le bouclier rural. Je vous invite à relire la proposition de loi rédigée sur cette question, dans laquelle nous formulions des propositions assez importantes.

Si nous ne réglons pas les grands problèmes rencontrés, des initiatives telles que « La Ville à Joie » ou « Petites villes de demain » auront une efficacité limitée.

Notre travail sur le bouclier rural préconisait un temps maximum d'accès aux services publics. En effet, nul ne peut être à plus de 45 minutes d'une maternité ou à 25 minutes d'un accueil de médecine générale.

Nous évoquions déjà à l'époque le très haut débit partout et pour tous. Or, en France, nous sommes encore extrêmement en retard sur le déploiement. Il existe d'ailleurs un sujet de prise de contrôle par les collectivités.

Nous proposions la transposition d'une loi américaine concernant le réinvestissement du crédit ayant permis, sans dispositifs contraignants, de réorienter 1 300 milliards de dollars en trente ans vers les ghettos noirs et les territoires ruraux. Pour formuler cette proposition, nous avons travaillé avec un conseiller de Bill Clinton.

En outre, la question de la santé est prégnante chez nous.

Les opérations de revitalisation des centres bourgs ne fonctionneront pas en l'absence de médecins et d'hôpitaux de proximité. Les questions de la contrainte et de l'accompagnement salarial des professionnels de santé par les collectivités sont aujourd'hui clairement posées.

Nous devons également conduire à nouveau une réflexion sur les groupements hospitaliers du territoire car nous constatons que les hôpitaux sont concentrés dans un coin du département et que les solidarités ne sont pas réellement engagées avec les hôpitaux de proximité.

Un travail sur les « nouvelles ruralités », initié par le département, a conduit à la rédaction d'une proposition de loi, discutée pendant trois heures et demie en séance plénière à l'Assemblée nationale. Nous nous sommes retrouvés face à un mur. La majorité de l'époque avait repris le contenu de notre travail dans un plan pour les ruralités, qui n'a pas obtenu un vote favorable.

Constatant ces échecs, nous avons initié « Les villages du futur », programme de revitalisation des centres bourgs permettant l'immersion d'une équipe comptant des paysagistes, architectes et designers de services pendant neuf à douze mois dans une commune de 1 500 à 2 500 habitants. À Lormes, ce projet, se déroulant hors des lieux institutionnels, a réuni 150 Lormois et a permis de travailler à la réalisation d'un plan de ville d'aménagement et de services, projetant le village à cinq, dix, quinze ou vingt ans.

À l'occasion de l'élection présidentielle, nous avons produit un texte que nous avons appelé Le droit aux villages. Ce texte propose par exemple d'expérimenter dix scènes nationales rurales éclatées en France, de créer mille contrats de « cultiv'acteurs » dans le pays ou encore d'inventer le concept de résidence semi-principale pour répondre à l'arrivée de résidents urbains depuis la crise sanitaire.

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