Avec la Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, nous avions parfaitement cerné que la population française est divisée en quatre parties strictement égales. La première partie est composée des affranchis, qui peuvent vivre n'importe où et disposent d'une sorte de bagage au sens propre comme au figuré. Les affranchis ne sont pas frustrés par rapport à un territoire. La deuxième partie est composée des enracinés, qui se plaisent dans l'endroit où ils vivent, y resteront quoi qu'il arrive et trouveront une solution à leurs problématiques individuelles. La troisième partie est composée des exilés, contraints de quitter un territoire qu'ils aiment pour trouver du travail ailleurs. Enfin, la quatrième partie est composée des assignés à résidence.
Nous constatons, dans les territoires ruraux, un grand sentiment de relégation, qui explique peut-être certaines frustrations. À cela s'ajoute un sentiment d'impuissance par rapport à des élus qui se battent et se rendent compte que nous sommes actuellement sur des politiques défensives. De très bonnes initiatives politiques sont menées comme le maintien du dernier commerce en milieu rural, l'opération « 1000 cafés », la création de France Services ou de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Toutefois, il s'agit de politiques qui essaient d'endiguer un grand mouvement pour lequel nous sentons une impuissance, y compris de notre part.
Comment passer de politiques défensives à des politiques offensives, en sachant que la nécessité d'irriguer les services publics est un prérequis ? On repart alors sur les problématiques de santé et de déploiement de la fibre. J'ai tendance à être optimiste concernant ce dernier point même si des problèmes existent.
Un renversement s'opère peut-être actuellement. En effet, l'ingénierie revient à travers une jeunesse qui refuse un modèle de vie préétabli tel que notre génération l'a formaté. Ce point constitue peut-être une très grande chance. En tant que législateurs, comment pouvons-nous essayer d'accompagner ce mouvement d'initiatives afin que cette nouvelle ingénierie puisse essaimer dans tous les territoires ?
La proximité représente également un atout pour les territoires puisqu'elle permet de mobiliser les énergies. Il me semble fondamental que les habitants puissent s'approprier un espace et que, dans cette appropriation de l'espace, des relations sociales puissent se reconstruire à travers des projets. La mobilisation des habitants permet de faire communauté et de redonner du sens à la commune.