Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, il est des moments où les peuples ont rendez-vous avec l’Histoire, avec leur histoire ; et il est des moments particulièrement importants pour les démocraties, notamment quand il s’agit d’assurer leur défense.
La scandaleuse agression de l’Ukraine par la Russie, à laquelle nous avons assisté au mois de février dernier – pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, sur le continent européen, un État attaquait un autre État –, a eu un certain nombre de conséquences.
Nous avons mesuré la fragilité de la sécurité collective, telle que nous l’avions imaginée, que nous pensions quasiment éternelle en Europe. C’est cette prise de conscience qui explique, de la part de nos amis finlandais et suédois, la volonté de rejoindre l’OTAN.
Malgré lui, M. Poutine a sorti de sa léthargie une alliance qui affichait jusqu’alors un « encéphalogramme plat ». Il lui a redonné une forme d’attractivité et nous ne pouvons que nous en réjouir.
Au regard de cette situation, les élus du groupe Union Centriste apporteront bien entendu leur soutien à ce projet de loi. Toutefois, il est important et même essentiel de rappeler un certain nombre de points.
Je ne reviendrai pas sur les propos des précédents orateurs, qu’il s’agisse de l’intérêt de cette double adhésion pour l’Alliance ou de ses conséquences. Je pense en particulier à l’importance de l’outil militaro-industriel suédois et à celle de l’armée finlandaise, forte de ses 870 000 réservistes : un tel chiffre nous rend nécessairement un peu envieux.
Au-delà, nous devons saisir cette occasion pour réfléchir ensemble à un certain nombre de questions.
Tout d’abord, force est de constater que nos amis et alliés suédois et finlandais ont préféré la protection de l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord à celle de l’article 42, paragraphe 7, du traité sur l’Union européenne (TUE).
Cette situation doit nous interpeller. Au regard de tout ce que nous avons dit, depuis bien longtemps, de la sécurité collective en Europe et de l’autonomie d’une forme de défense européenne, il s’agit d’un cruel constat d’échec, qui nous impose de poursuivre notre réflexion.
Quelque temps après l’OTAN, fondée le 4 avril 1949 à Washington, est apparue l’Assemblée parlementaire de l’OTAN : c’est l’une des spécificités de cette alliance. Pour la première fois, l’on créait à côté d’une organisation internationale militaire une organisation démocratique réunissant des parlementaires de tous les États membres et d’un certain nombre de pays partenaires. Nos collègues parlementaires suédois et finlandais y siègent du reste à nos côtés. Ils s’associent aux réflexions menées par l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, dont j’ai l’honneur d’être membre.
Nous devons aussi saisir cette occasion pour réfléchir aux enjeux que soulèvent les trois nouvelles candidatures à l’OTAN actuellement formalisées, à savoir celles de la Bosnie-Herzégovine, de la Géorgie et de l’Ukraine, laquelle se trouve bien sûr dans une situation particulière. Il est clair que nous devons scinder ces demandes d’adhésion pour les examiner selon les critères d’opportunité, les difficultés et les problématiques qui leur sont propres.
Ensuite, si l’Alliance est aujourd’hui obnubilée par le conflit russo-ukrainien, nous ne devons pas pour autant oublier les autres défis stratégiques qui s’imposent à elle.
Je pense aux difficultés relatives aux Balkans occidentaux, qui ne sont toujours pas résolues…