Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, c’est un honneur, mais surtout une joie pour moi, en tant que vice-présidente de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN et présidente du groupe des élus de droite et de centre droit de cette assemblée, de participer à ce débat sur le projet de loi autorisant la ratification du protocole au traité de l’Atlantique Nord sur l’accession de la Finlande et de la Suède.
Je suis fière, également, que la France soit parmi les premiers pays membres de l’alliance euro-atlantique à être en mesure de le ratifier, dans des délais particulièrement courts.
Cela n’avait pas été le cas dans le passé ; la France avait été, par exemple, l’avant-dernier pays à adopter le projet de loi relatif à l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’OTAN, dont j’étais le rapporteur au Sénat, après un processus particulièrement long.
Aujourd’hui, nous sommes le dix-neuvième État à entamer une procédure de ratification parlementaire et je compte sur vous, madame la ministre, pour pousser l’Assemblée nationale à suivre l’exemple du Sénat et à adopter ce projet de loi le plus vite possible.
Le 18 mai dernier, la Suède et la Finlande déposaient officiellement leur demande d’adhésion ; dix jours plus tard, à l’occasion de la réunion de printemps de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, en Lituanie, les présidents des parlements de Finlande, Matti Vanhanen, et de Suède, Andreas Norlén, étaient venus à Vilnius nous demander de soutenir leurs candidatures, approuvées, nous avaient-ils indiqué, par plus de 80 % de leur population.
Nous, parlementaires de l’OTAN présents, les avions assurés de notre soutien total et de nos efforts pour que cette adhésion soit ratifiée dans les meilleurs délais. Elle répond en effet à une impérieuse nécessité, car l’Histoire s’est accélérée et a pris une tournure dramatique le 24 février dernier, avec l’attaque brutale et injustifiable de l’Ukraine, pays souverain, indépendant et démocratique, par une Russie violant tous les principes de la coopération internationale et causant dévastation, morts et souffrances ainsi qu’une crise humanitaire et alimentaire à l’échelle de la planète. L’ONU estime ainsi à 255 millions le nombre de personnes risquant de souffrir de famine dans le monde, à la suite de cette guerre.
Il nous fallait être à la hauteur de l’Histoire et c’est une grande satisfaction de voir que tous les pays européens, les petits comme les grands, se sont retrouvés pour s’engager dans l’aide à l’Ukraine, bien que celle-ci n’appartienne pas à l’OTAN et ne puisse donc prétendre à une aide directe sur son territoire.
Cette solidarité s’est affirmée lors du sommet historique de Madrid les 29 et 30 juin dernier, marqué par l’unanimité de nos pays membres en faveur de cette adhésion.
J’ai beaucoup entendu critiquer la Turquie, mais je voudrais souligner ici le travail positif des représentants turcs, membre de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, pour aider à obtenir l’accord turc lors du sommet de Madrid.
Comment aurions-nous pu refuser cette demande d’adhésion de la Finlande et de la Suède, deux pays qui partagent, qui incarnent même, nos valeurs démocratiques ; deux pays avec lesquels nous coopérons depuis des décennies, qui ont participé à nos efforts de guerre dans les Balkans, en Afghanistan, en Syrie, au Sahel, au Mali et qui accueillent des exercices militaires de l’OTAN sur leur territoire ?
Ils nous honorent en demandant à rejoindre notre alliance et font preuve d’un grand réalisme, alors qu’ils étaient jusqu’à présent attachés au principe plus confortable, mais un peu utopique, de neutralité.
Ils nous rendent aussi un immense service, dans le cadre des nouveaux enjeux stratégiques et de la défense de la paix dans toute la région, et pas seulement autour de la mer Baltique. Dans une dynamique vertueuse, ils nous apporteront leur expertise en termes de résilience, mais aussi leurs capacités militaires.
Voltaire avait écrit que l’humanité n’avait jamais connu la paix, mais seulement des entre-deux-guerres. Avec l’OTAN, qui a fait ses preuves en tant que facteur de paix et de stabilité, cet entre-deux-guerres a duré plus de soixante-dix ans et notre devoir envers les générations futures est d’éviter l’extension du conflit russo-ukrainien pour maintenir la paix en Europe.
L’adhésion de la Finlande et de la Suède nous rendra tous plus forts ; elle enverra un signal à l’agresseur russe et accroîtra notre défense collective. Elle offrira aussi une protection à ces pays, puisque l’article 5 dispose qu’une attaque contre l’un de nos pays est une attaque dirigée contre tous. Le principe selon lequel « qui veut la paix prépare la guerre » est une constante géopolitique.
Pour conclure, alors que la France a toujours été d’une grande prudence en matière d’élargissement, j’estime, à titre personnel, que le Parlement a le devoir d’agir comme un aiguillon du Gouvernement, surtout quand il s’agit de la défense de nos peuples.
C’est pourquoi il me semble essentiel d’aider à l’adhésion d’un autre pays ami de la France, la Géorgie, à qui cette évolution a été promise depuis des décennies et qui la mérite par les réformes qu’elle a entreprises et parce que ce serait essentiel pour sa sécurité…