Madame la ministre, je veux tout d'abord vous souhaiter, au nom de tous mes collègues, une chaleureuse bienvenue. Nous vous adressons tous nos voeux de plein succès dans la réussite de votre mission en ces temps bousculés. Notre commission s'inscrira dans un travail constructif pour vous aider, chaque fois que ce sera possible, à faire rayonner la France.
Nombre d'entre nous ont déjà eu l'occasion de travailler avec vous lors de vos précédentes fonctions en France et à l'étranger, notamment à Rome ou, plus récemment, à Londres. Nous sommes heureux de pouvoir engager avec vous un travail en commun sur la place de la France dans le monde et son action sur la scène internationale.
Pour commencer, je souhaite revenir sur la réforme du corps diplomatique, engagée sous le précédent quinquennat. Notre commission a déjà eu l'occasion de s'exprimer sur cette réforme, dont nous rejetons le principe. Elle porte un risque pour la pérennité de la diplomatie française et le maintien de notre capacité d'influence. Il est difficilement compréhensible que notre outil diplomatique, dont l'expertise est admirée bien au-delà de nos frontières, ait constitué une cible prioritaire de réforme, alors même que le contexte international se dégrade de jour en jour et que les positions de la France sont régulièrement fragilisées.
C'est la raison pour laquelle notre commission a désigné Jean-Pierre Grand et André Vallini pour travailler sur ce thème. Elle a d'ailleurs adopté, la semaine dernière, à une très large majorité, un rapport d'information qui vous a été adressé.
Nous prenons acte de votre décision d'organiser une large concertation sur les métiers de la diplomatie. Toutefois, les décisions prises ces derniers mois doivent être remises à plat et, à tout le moins, assorties d'un ensemble de clarifications et de garanties présentées ce matin, lors d'une conférence de presse, par nos rapporteurs.
Je suis particulièrement attaché à l'idée de permettre aux commissions compétentes des assemblées parlementaires de donner un avis sur les personnalités pressenties pour exercer des fonctions diplomatiques d'une importance particulière. Si une telle procédure ne saurait s'appliquer à l'ensemble de nos ambassadeurs, les responsabilités exercées par nos principaux ambassadeurs en Europe, à Pékin, à Washington ou encore par nos représentants permanents auprès des organisations internationales justifient de recueillir l'avis de la représentation nationale.
L'adoption de cette proposition permettrait, a minima, de rassurer nos diplomates et d'apporter sur ce dossier un élément de transparence démocratique, sans toucher au pouvoir de nomination du Président de la République. Nous serions très intéressés de connaître votre position sur cette question.
Par ailleurs, la commission souhaite vous entendre sur les leçons que vous tirez du déclenchement de la guerre en Ukraine sur le plan diplomatique. Alors que l'Union européenne a déjà adopté six séries de sanctions contre la Russie et que la perspective d'une guerre longue n'est pas écartée, vous nous donnerez votre analyse de la situation sur un plan politique.
Alors que le conflit dure depuis bientôt cinq mois, existe-t-il, à moyen terme, des perspectives de négociations entre les belligérants pour que les drames humains, que vous avez vous-même constatés sur place, ne se prolongent pas ? Quel rôle la diplomatie française entend-elle jouer dans ces négociations ?
Enfin, au-delà de la problématique des livraisons d'armes, à laquelle notre commission est très attentive, vous pourrez nous donner des éléments sur la situation humanitaire dans les zones touchées par les combats et sur l'action de la France pour financer et acheminer une aide d'urgence.
Je ne serai pas plus long, afin de laisser du temps pour l'échange avec nos collègues, qui ont de nombreuses questions. J'imagine que certains voudront connaître votre appréciation de la situation chez plusieurs de nos voisins européens.
Je rappelle que cette audition fait l'objet d'une captation vidéo et qu'elle est retransmise en direct sur le site du Sénat.