Diplomate chevronnée - vous avez servi à Rome et à Londres, et vous avez été ministre déléguée aux affaires européennes - vous savez que la voix de la France est attendue sur la scène internationale, et qu'elle a besoin, pour la porter, de professionnels aguerris. Être diplomate, c'est souvent une vocation. J'ai été frappé de constater, depuis que je m'occupe des affaires internationales, combien ils aiment leur métier ; nombre d'entre eux n'ont jamais envisagé d'en faire un autre.
Comme vous le dites vous-même, la réforme a été rejetée par le personnel. Pour la défendre, on avance parfois la nécessité de sortir de l'entre-soi. Or le corps des diplomates est déjà ouvert, puisque 20 % de l'encadrement n'en est pas issu et que, en 2019, 19 % des emplois d'ambassadeurs étaient occupés par des personnes en détachement ou intégrées au ministère.
À une période où les crises et défis se succèdent, cette réforme est dangereuse. Il nous faut une diplomatie professionnelle. Qui peut garantir que, demain, un préfet ou un sous-préfet, un fonctionnaire de Bercy ou des Affaires sociales sera un bon ambassadeur ? Voilà pourquoi notre rapport suggère une suspension de la réforme, le temps d'organiser les États généraux que vous avez évoqués.