Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Piednoir, naturellement, l’émotion rend les mots dérisoires. Pourtant, ce sont des mots qu’il convient que je prononce pour répondre à cette question si légitime.
Après les faits qui se sont déroulés à Angers, les familles et 400 anonymes se sont réunis sur le parvis de l’hôtel de ville. Ils ont collectivement exprimé le souhait qu’il n’y ait aucune récupération politique – d’ailleurs, monsieur le sénateur, je ne vous fais en aucune façon ce procès. §Vous n’êtes pas l’extrême droite, et nous le savons.
Je présenterai quelques chiffres, tout aussi dérisoires que les mots, pour affirmer que, depuis de nombreuses années, le nombre de meurtres commis dans ce pays est à peu près stable. Pour autant, et vous l’entendez, cela ne nous conduit pas au fatalisme.
Quelles sont les réponses que nous essayons d’apporter ?
La première réponse concerne l’augmentation des moyens, que vous avez votée, afin de disposer de davantage de policiers, de davantage de magistrats, de davantage de greffiers.
La deuxième réponse a trait à la prévention. Les auteurs des faits dont nous parlons sont jeunes ; en l’occurrence, le code de la justice pénale des mineurs permet désormais d’apporter une réponse beaucoup plus rapide. Vous avez été à nos côtés pour voter ce texte.
La troisième réponse, enfin, que l’on peut apporter aux familles, est relative à la sévérité de la réponse pénale. La décision judiciaire sera rendue par nos compatriotes, puisque, vraisemblablement, une cour d’assises aura à dire ce qu’elle doit dire en la matière.
Je profite toutefois de cette question pour rappeler – mais, bien sûr, vous le savez monsieur le sénateur – qu’en l’an 2000 le taux des peines fermes était de 28 % : il est actuellement de 36 %. Le quantum moyen en 2000 était de 6 mois ferme : il est aujourd’hui de 9, 6 mois, ce qui fait de notre pays l’un des plus sévères d’Europe. Je note encore qu’entre 2021 et 2022 la durée moyenne d’emprisonnement a augmenté de 11 %.
Pour tordre le cou à ces idées fausses, qui circulent de façon récurrente et qui font le lit de l’extrême droite, j’ai tenu à créer au ministère de la justice un Observatoire des peines. Je tiens naturellement toutes ses données, produites mensuellement, à votre disposition.
Monsieur le sénateur, je vous remercie de m’avoir permis d’exprimer ces quelques mots, dont je sais – et je le redis – qu’ils sont, face à cette émotion, totalement dérisoires.