Intervention de Esther Benbassa

Réunion du 27 juillet 2022 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Population carcérale et canicule

Photo de Esther BenbassaEsther Benbassa :

Mes chers collègues, si les pouvoirs publics font des efforts, depuis la grande canicule de 2003, afin de lancer des campagnes de prévention pendant les pics de chaleur, le système pénitentiaire doit, seul, faire face à la crise, et les détenus se débrouiller avec le peu de moyens à leur disposition, alors même que la surpopulation carcérale atteint des sommets.

Depuis janvier 2022, j’ai visité sept prisons à travers la France. Le mardi 19 juillet, jour de canicule, je me suis rendue avec mon équipe, une représentante de l’Observatoire international des prisons (OIP) et un journaliste de l’Agence France Presse à la maison d’arrêt de Nanterre, laquelle connaît un taux d’occupation d’environ 150 % et se trouve confrontée aux mêmes problèmes de vétusté, d’insalubrité, de promiscuité et de manque d’hygiène que les autres établissements.

Les détenus ont seulement trois douches par semaine. Et qui peut s’acheter un ventilateur ? Même avec un ventilateur et un drap mouillé accroché aux barreaux, il faisait 37 à 38 degrés Celsius dans les cellules. Au dernier étage, dans la coursive à ciel ouvert, la température était de 45 degrés. Des détenus répandaient de l’eau par terre et marchaient pieds nus pour se rafraîchir. Ils parlaient de leur souffrance ; ils demandaient un peu d’humanité, plus de douches et moins de surpopulation pour commencer.

Monsieur le ministre, que compte faire l’État pour rénover nos prisons et les adapter au réchauffement climatique ? L’enfer, ce n’est pas les autres, comme Sartre l’écrivait. L’enfer, c’est la prison en temps de canicule.

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