Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, sur ce sujet, j’abonderai dans le sens de M. le rapporteur général.
Cet amendement est plus qu’un amendement d’appel, c’est un amendement d’appel au secours de toute la voie d’eau ! Philippe Marini vient de le dire, cela fait soixante ans qu’on n’a pas investi le moindre centime en France dans la voie d’eau à grand gabarit.
Certains de mes collègues me disent encore parfois que les péniches sont dépassées. Mais bien sûr ! La voie d’eau, aujourd’hui, c’est le grand gabarit. Or, depuis soixante ans, la France n’a pas investi dans du grand gabarit rentable. Nous possédons simplement des bouts de grands gabarits. Ainsi, de la Méditerranée jusqu’à Chalon-sur-Saône, que je connais bien, mais cela s’arrête là ! Cette voie étant en cul-de-sac, le trafic est relativement limité. Le tronçon de la Seine jusqu’à Paris fonctionne un peu mieux, mais c’est également un cul-de-sac.
On a la chance, avec le projet Seine-Nord Europe, de pouvoir bénéficier d’un raccordement complet au réseau européen, en particulier par l’Escaut. C’est le début d’un véritable maillage de la France avec des liaisons à grand gabarit. Le maillage sera à peu près complet lorsque les tronçons Saône–Moselle puis Seine–Saône auront été réalisés. §Il existe donc de grands projets.
Cela étant dit, en matière de transport fluvial nous accusons un retard très important. Les Hollandais transportent 40 % de leur fret par voie d’eau. Certes, la Hollande formant un polder, les voies d’eau y sont très nombreuses, ce qui facilite ce mode de transport. Mais les Allemands, qui ont un pays au relief tout à fait comparable au nôtre, transportent 23 % de leur fret par voie d’eau, tandis que nous n’en sommes qu’à 2, 5 %.
Le trafic fluvial augmente sans arrêt, mais moins rapidement que le trafic global. De fait, sa part relative décroît. En dix ans, elle est passée de 4 % à 2, 5 %.
Pourtant, ce mode de transport est écologique. Un bâtiment équipé d’un moteur de 600 chevaux, soit l’équivalent de deux moteurs de camion, suffit pour transporter 4 400 tonnes, soit l’équivalent de 150 camions. En outre, les temps de transport sont tout à fait comparables à ce que permet le transport routier.
Notre pays a toujours considéré que le transport du fret était d’abord l’affaire de la SNCF. Or on sait ce qu’est devenu le fret ferroviaire. Il est donc grand temps que des opérateurs français ou étrangers viennent compléter – j’emploie le mot « compléter » pour être correct – l’offre de la SNCF en la matière.