Comment expliquer autrement que 195 demandes de retrait aient été adressées à tous les groupes politiques, frappant 40 % des amendements déposés ? Comment expliquer autrement que 28 avis de sagesse aient été émis ? Les droites se jaugent, les droites s’agrègent, pour aboutir à un texte créateur de multiples insécurités.
Insécurité fiscale, tout d’abord : la taxation sur les superprofits des grandes entreprises s’imposait ; elle aurait dû s’imposer dans nos débats comme elle s’impose dans la société. Elle serait, nous dit-on, impossible en raison de l’évitement fiscal généralisé auquel se livrent lesdites entreprises. L’État ne serait plus capable, par le biais de Bercy, de lever l’impôt. Si les entreprises y échappent, les ménages modestes et les classes moyennes, en revanche, s’y soumettent. Le consentement à l’impôt est en péril, mes chers collègues !
Insécurité économique, ensuite : les grands groupes décident des ristournes qu’ils acceptent de consentir, le Gouvernement s’y plie. TotalEnergies met 20 centimes par litre, le Gouvernement en ajoute 30. Les politiques publiques ne sauraient prendre la forme de gestes commerciaux entérinés dans des décrets eux-mêmes paraphés par des actionnaires !
Insécurité sociale : autoriser la monétisation des RTT, c’est prendre acte de la démonétisation du travail ; défiscaliser les heures supplémentaires, c’est rendre les travailleurs pauvres coupables de leur sort, de leurs conditions d’emploi.
Insécurité, enfin – je passe sur celle qui affecte les recettes de l’État et de la sécurité sociale –, relative à la situation financière des collectivités territoriales : compensation dérisoire de la revalorisation du point d’indice, chèque en blanc sur la hausse des denrées alimentaires, aveu d’impuissance face à la hausse des prix de l’énergie.