Intervention de Annie Le Houerou

Réunion du 3 août 2022 à 14h30
Mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat — Vote sur l'ensemble

Photo de Annie Le HouerouAnnie Le Houerou :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, face à la hausse de l’inflation, une grande partie des Françaises et des Français s’inquiètent de voir leur situation économique se dégrader.

Les salariés les plus faibles, les « premiers de corvée », sont et seront frappés de plein fouet. Ce texte censé assurer la protection du pouvoir d’achat constitue un espoir pour eux.

Vous disiez vouloir revaloriser le travail. Or tout travail mérite salaire : c’est le contrat social entre l’employeur et le salarié. Les conquêtes sociales et le droit du travail garantissent une juste rémunération qui assure le pouvoir de vivre, de se loger, de manger, de se vêtir, de se soigner, de se déplacer et de se cultiver dans des conditions décentes. C’est pourquoi nous avons défendu des réponses stables et durables, telles que la revalorisation du SMIC et le principe d’une conférence sur les salaires.

Comme nous le redoutions, vous avez ignoré la question salariale dans ce texte sur le pouvoir d’achat. Les revalorisations des prestations familiales, des minima sociaux, de la retraite de base, des APL et du point d’indice des fonctionnaires seront vite rattrapées par l’inflation.

Lors de la CMP, la collusion entre le Gouvernement et la droite sénatoriale ne fait aucun doute. Ensemble, vous mettez en œuvre une politique libérale. Ensemble, vous faites le choix de la prime au détriment des salaires. Ensemble, vous engagez la déconstruction du statut de salarié.

La prime Macron, désormais injustement appelée prime de partage de la valeur, n’est versée qu’à la discrétion de l’employeur et par une minorité d’entreprises : seuls 10 % des salariés en ont bénéficié, et son montant moyen n’a jamais dépassé les 550 euros. Ce n’est pas en augmentant le plafond des possibles que vous accroissez la prime ou le nombre de bénéficiaires ; c’est un leurre.

Cette prime, désocialisée et défiscalisée, va à l’encontre du modèle social que nous défendons. Elle s’éloigne du principe selon lequel chacun contribue en fonction de ses moyens et bénéficie en fonction de ses besoins. Pas de cotisations, pas de droits associés et des comptes de sécurité sociale dégradés : c’est un affaiblissement de notre protection sociale.

En permettant la monétisation de la réduction du temps de travail, vous enfoncez un coin dans la loi sur les 35 heures et accélérez son démantèlement.

Dans le contexte de crise énergétique sans précédent que nous connaissons, la commission mixte paritaire a acté quelques dispositions utiles concernant la protection des consommateurs d’énergie et l’accélération des projets de biogaz.

Pourtant, les mesures visant à sécuriser l’approvisionnement énergétique en gaz et en électricité ne ressortissent pas au pouvoir d’achat et témoignent du manque d’ambition et de visibilité de la politique énergétique du Gouvernement.

Enfin, le relèvement du plafond de l’Arenh de 20 térawattheures dégradera encore plus la situation financière d’EDF, au bénéfice de ses concurrents, qui réalisent de superprofits sans contribuer à la charge commune.

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