– Les chaînes concernées n’ont jamais été en aussi bonne forme financière, si l’on en croit leur communication en direction de leurs actionnaires. Je suis persuadé qu’elles se réinventeront pour répondre au défi technologique.
Les recettes publicitaires ne vont pas s’améliorer, certes. Mais pour les maintenir, il leur faudra diffuser de bons programmes à travers des technologies en accord avec l’évolution des usages.
Ces chaînes vont réinventer leurs interfaces pour être proposées dans des bouquets ; elles construiront une fidélisation du téléspectateur par la collecte de données. Elles ont les moyens de le faire et le font déjà en partie.
Je ne devrais peut-être pas donner un avis industriel, mais je ne crois pas que le projet de fusion aurait changé la donne. Certes, il y aurait eu des synergies qui auraient dégagé des ressources, mais ces gains auraient été faits aux dépens des distributeurs et des annonceurs par augmentation des tarifs. Les ressources de ces chaînes ne sont pas comparables avec celles de Netflix ou d’Amazon. Une fusion n’aurait donc pas révolutionné la concurrence avec ces plateformes.
Netflix n’est pas né de la fusion de deux chaînes : en 1998 ou 1999, c’était un service d’envoi de DVD à domicile, puis c’est devenu un service de VOD. La question est : comment pouvons-nous créer les conditions de l’apparition d’un nouveau Netflix en France ? Ce n’est pas impossible : nous avons des licornes dans toutes sortes de secteurs. Cela dépasse la concurrence, mais a trait aux conditions fiscales, sociales...
S’agissant de la politique industrielle, il faut se pencher sur le cadre réglementaire pour que le jeu soit égal entre tous les acteurs. Pour cela – même si l’Arcom aura un avis plus éclairé dans ce domaine –, il faudrait assujettir les géants du numérique aux mêmes obligations que celles qui s’appliquent aux acteurs concernés par loi de 1986.
Nous avons été en contact avec la Commission européenne et d’autres autorités de la concurrence – il existe d’ailleurs un forum de discussion, le Réseau européen de concurrence, qui a été créé pour cela par un règlement communautaire. Nous avons particulièrement échangé avec l’autorité néerlandaise, qui a un dossier similaire à traiter, ainsi qu’avec l’autorité belge – le marché belge est particulier, avec sa segmentation linguistique.
Cette audition a fait l’objet d’une captation vidéo qui est disponible en ligne sur le site du Sénat.
La réunion est close à 18 h 40.