Nous sommes allés au centre pénitentiaire pour femmes de Rennes. Dans leur quartier sécurisé, les détenues radicalisées ne croisent pas les autres détenues. J'ai regardé les noms sur les cellules : il y avait un nom breton et d'autres qui ne l'étaient pas ; il n'y a pas de profil type, sauf peut-être quelques failles narcissiques chez elles. La prise en charge est d'autant plus difficile. Elle comprend des activités nombreuses avec un personnel hors pair. Elle doit éviter deux écueils : la non-observance des activités, comme on dit d'un traitement médical, et une forme d'accoutumance, de manipulation à l'envers.
Dans ces quartiers, on ne parle pas de déradicalisation, mais de prise en charge de la radicalisation.
Cela nécessite beaucoup de gens formés. Ceux qui y travaillent sont volontaires. Il y a des médiateurs du fait religieux - à ne pas confondre avec des aumôniers. Comment faire le diagnostic de la taqiya , qui consiste à dissimuler la réalité de son engagement ?
Ces femmes resteront six mois, renouvelables une fois, dans le quartier de prise en charge de la radicalisation. Ces prises en charge sont coûteuses : à Rennes, le coût des activités s'élève à 60 000 euros par an.
Les accompagnants de ces détenues difficiles ne gagnent pas plus que pour accompagner d'autres détenues. Pourrait-il y avoir une forme de reconnaissance pour cette prise en charge ?