Intervention de Nassimah Dindar

Réunion du 4 octobre 2022 à 21h30
Abysses : la dernière frontière — Débat sur les conclusions du rapport d'une mission d'information

Photo de Nassimah DindarNassimah Dindar :

C’est une gouvernance éclatée qui entrave la dynamique nécessaire à une vision politique des fonds marins en France.

Il est toujours utile de préciser les points suivants : la France est la deuxième puissance maritime mondiale après les États-Unis ; 97, 5 % de sa ZEE sont liés aux outre-mer et restent pourtant dans l’ombre des collectivités de La Réunion, de Mayotte, de la Polynésie, de la Nouvelle-Calédonie, de Saint-Pierre-et-Miquelon et de la Guyane ; le potentiel économique et géopolitique de nos îles Éparses, dans l’Indianocéanie, est important, grâce à la ZEE dont la France dispose dans le canal du Mozambique.

Les vingt recommandations émises par mes collègues donnent un nouvel élan à la stratégie nationale telle que la souhaitent les nombreuses autorités auditionnées. Ces propositions vont dans le bon sens.

Je me permettrai simplement de souligner les deux principales.

Premier point, sur le volet des écosystèmes à préserver, que mon collègue a évoqué, nous avons beaucoup avancé dans nos îles Éparses. Nous les avons même sanctuarisées, jusqu’à abattre 16 000 vaches sur les îles Saint-Paul et Amsterdam. Et il est question aujourd’hui d’abattre les rennes qui peuplent les îles Kerguelen…

Nous pouvons donc continuer à gérer de façon durable la faune et la flore de ces régions, sans devenir des ayatollahs de l’écologie. Cela vaut également pour les fonds marins.

Il nous faut allier la présence humaine et la préservation de l’environnement dans nos îles vierges de l’océan Indien, les îles Éparses, lesquelles restent des territoires d’expérimentation particulièrement pertinents. C’est une autre région maritime de France, après la Bretagne !

L’information de la population environnante, des élus, des collectivités territoriales, reste primordiale au cœur d’une mobilisation intelligente et partagée qui faciliterait l’acceptabilité sociale des mesures prises pour les populations impactées.

Ainsi, nombreux sont les élus qui demandent une coordination entre La Réunion et Mayotte sur une vision partagée des fonds marins, en matière environnementale comme en matière économique, et, au-delà, avec la Commission de l’océan Indien (COI). Pour ce qui concerne cette dernière, il me semble que nous devons aborder la question de la coopération régionale avec les pays qui en sont membres, et notamment la grande île de Madagascar.

S’agissant des énergies marines, un centre de recherche existe aujourd’hui à La Réunion, des travaux y sont menés par l’lfremer et l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Quel partage serait-il possible de mettre en place pour assurer l’implication des pouvoirs publics, des collectivités territoriales, et particulièrement des communes littorales, nombreuses sur nos îles ?

Les décisions relatives aux ressources de l’océan profond et à leur utilisation durable au service d’une prospérité commune, ainsi qu’à l’implication de toutes les parties prenantes dans les choix éventuels en matière d’exploration ou d’exploitation des grands fonds marins, ne doivent pas être prises en vase clos, mais de manière concertée et élargie. La France prend à ce titre le bon chemin ; j’ai ainsi à l’esprit les recherches conduites en lien avec les outre-mer français ainsi qu’avec les pays limitrophes, comme l’Australie, dans le domaine des géosciences marines.

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