J'ai la chance d'être maire de la plus belle des communes de France, bordée au sud par la Loire et au nord par l'Auxence, dans l'est de la Loire-Atlantique. En 2014, j'étais maire de la plus petite commune ayant fusionné au sein d'une commune nouvelle créée très rapidement, sans projet de territoire et sans consultation des habitants. J'avais alerté sur ce manque, mais le territoire correspondait à un bassin de vie...
Dans notre programme électoral, en 2022, nous avons réaffirmé notre attachement à la démocratie participative, complémentaire de la démocratie représentative, et avons mis en place des ateliers au cours desquels les citoyens ont soulevé l'enjeu de l'identité de la commune nouvelle. Élus, nous avons mis en place un conseil de participation citoyenne et lancé l'élaboration d'un projet de territoire qui permette une vision à long terme au-delà des quatre projets communaux. La commune a été retenue dans les Petites villes de demain et dans l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) centres-bourgs du conseil départemental, ce qui nous a permis de recruter un chef de projet.
Au début de l'année 2022, nous avons souhaité être accompagnés dans cette réflexion sur l'identité et sa traduction dans le projet de territoire avec la participation des habitants.
Nous avons d'abord bénéficié, via Bruded, un réseau d'élus en Bretagne, de l'expérience de trois communes de Bretagne, dont Jugon-les-Lacs ; nous nous sommes ainsi inspirés de son cahier des charges autour de trois grandes questions : comment entendre la majorité silencieuse parmi les habitants, mais aussi les acteurs extérieurs, les agents et les élus ? Qu'est-ce que la commune nouvelle aujourd'hui et que voulons-nous qu'elle devienne ? Quelle est la plus-value de la commune nouvelle pour vous ?
Plusieurs prestataires ont répondu et nous avons retenu Le Facteur urbain pour l'aménagement, la transformation des territoires et la concertation, et Incipit pour le marketing territorial. Nous avons lancé des temps forts de rencontre avec les habitants, des questionnaires en ligne pour ceux qui ne se seraient pas déplacés et organisé une restitution début juillet.
D'après les prestataires, nous avons atteint le seuil exploitable pour que les résultats soient représentatifs ; ceux-ci étaient très convergents. Cette démarche nous engage, car 160 habitants ont demandé à être associés à la suite. Nos 150 associations devraient nous aider à créer notre identité par des projets à venir. Nous avons créé une carte de notre commune, qui n'existait pas. Les habitants ont identifié six politiques publiques qui donneront lieu à des instances participatives. Nous avons choisi un fil rouge d'identité, le lien, que nous déclinerons sur plusieurs projets à débattre au conseil citoyen comme la création d'un slogan et d'un label.
Autre enseignement, 53 % des habitants voient une plus-value à la commune nouvelle et 47 % craignent une perte de proximité. C'est pourquoi nous avons souhaité conserver des maires délégués. Nous sommes en effet passés de 76 à 33 élus, dont seulement 5 pour la plus petite commune. Nos bourgs sont distants de 10 kilomètres. Nous appelons les maires délégués « adjoints de territoires » afin d'en faire les garants de la cohérence des politiques menées par les adjoints de pôles dans les communes déléguées.
C'est une gouvernance exigeante qui nécessite de l'huile dans les rouages. Cela se traduit par des projets de territoires qui déterminent les équipements et les services dont nous avons besoin dans chaque commune déléguée.
Les maires adjoints de territoires sont associés aux conseils communaux et je les rencontre régulièrement.
Je suis aussi vice-présidente d'une intercommunalité. N'oublions pas, lorsque nous parlons du bloc communal, que la commune nouvelle en fait partie.