Je n'ai pas lu le rapport de l'IGA - visiblement, ce n'était pas la peine de le faire ! Je viens d'un département où la commune nouvelle n'est pas en vogue. Le président Poncelet m'avait dit, un jour : une église, un village ; un village, une église.
J'ai battu le maire qui avait mis en place la commune nouvelle sans la moindre consultation. Il n'est pas obligatoire d'organiser un référendum, mais il faut bien discuter du projet avant. Ce maire avait eu la triste idée d'appeler la commune nouvelle « Capavenir Vosges ». Quand vous déterritorialisez à ce point, cela ne peut que susciter de vives tensions. C'est sans doute, entre autres choses, ce qui m'a valu mon élection.
Nous avons la chance d'être en immédiate proximité : la commune nouvelle ne fait que 25 kilomètres carrés. À cette échelle, le rôle des maires délégués devra être questionné au prochain mandat. Si vous avez un bon périmètre, si vous n'oubliez pas les communes déléguées et que vous leur apportez de nouveaux services, les maires délégués ne sont plus indispensables.
Les résultats du référendum tenu le 8 novembre ont été surprenants : plus la commune déléguée était petite, plus les habitants étaient favorables à la commune nouvelle. Le petit village de 180 habitants a voté pour à 95 %, le village de 1 000 habitants à 85 % et la commune principale à 75 %. Les habitants ont vu les avantages du regroupement en termes de fiscalité, d'équipements, de politique d'assainissement et d'eau potable : il ne faut pas avoir peur de la population lorsqu'on conduit ce genre de projets.
Le regroupement s'est fait sur un axe est-ouest alors que la logique territoriale de notre vallée est nord-sud. Il est donc essentiel que des communes au nord et au sud de la nôtre nous rejoignent.
La DGF a diminué, car la population a elle aussi baissé C'est regrettable, car si on se regroupe, c'est qu'on est en difficulté.
Je suis confronté à un autre problème : celui de la centralité. Ma commune est jugée trop proche d'Épinal, à dix kilomètres, pour être reconnue comme bourg-centre ou bénéficier des programmes Action coeur de ville ou Petites villes de demain, alors qu'elle est un bourg-centre, puisqu'une commune nouvelle est forcément équivalente à un bassin de vie. L'État devrait soutenir le choix courageux des élus, à l'origine d'activités qui auraient été perdues sans la création de cette commune nouvelle.