Nous avons créé la commune nouvelle le 1er janvier 2016. J'étais maire de la plus petite commune.
Nous avons engagé la réflexion à l'échelle de la communauté de communes, qui regroupe six communes. Très rapidement, nous nous sommes retrouvés à discuter à quatre, puis à trois, et finalement, nous n'avons créé la commune nouvelle qu'à deux. On n'est pas maire pour avoir une place mais pour réfléchir à l'avenir du territoire.
Quand on crée une commune nouvelle, les deux points à trancher dès le départ sont : qui sera le maire et quel sera le nom de la commune ?
Dans notre cas, les discussions se sont toujours bien passées entre les deux communes. La population n'a été associée que lors de deux réunions publiques, ainsi que par des communications dans le bulletin municipal.
Le choix du nom de la nouvelle commune a failli faire échouer les discussions. Les élus de Jugon-les-Lacs souhaitaient conserver ce nom mais nous, issus de la petite commune de Dolo, voulions que le nom soit modifié, même si Jugon-les-Lacs bénéficiait d'une notoriété touristique qu'il ne s'agissait pas d'effacer. À l'issue des discussions, le nom de Jugon-les-Lacs-Commune-Nouvelle a été retenu. Lors des dernières élections municipales, les électeurs m'ont choisi, moi qui ai porté haut et fort la création de la commune nouvelle. Pour autant, le nouveau nom n'est pas joli, il est long et problématique. Nous avons donc décidé de lancer une consultation dans le bulletin municipal sur le retrait des termes « Commune Nouvelle ». Sur les 2 500 habitants de la nouvelle commune, soit 1 200 foyers environ, nous avons obtenu un peu plus de 200 réponses. À 99 %, les habitants nous demandaient de retirer ce terme. Nous avons pris une délibération en ce sens ; c'est désormais au ministère de l'Intérieur de trancher.
Le choix de créer la commune nouvelle a été discuté au sein des conseils municipaux, mais nous n'avons pas organisé de référendum. Petite commune de 600 habitants, nous en rejoignions une autre de 1 800 habitants, chef-lieu de canton. Il y avait une petite appréhension, même s'il y avait déjà des coopérations. Les services techniques travaillaient déjà un peu ensemble.
Au cours de ce nouveau mandat, nous avons considéré que faire territoire ensemble ne se décrétait pas, mais se construisait. Jugon-les-Lacs est déjà issu du regroupement de trois petites communes en 1973 et il existe encore plusieurs comités des fêtes, et plusieurs localités dans l'esprit des gens. Ce n'est pas un problème en soi, mais nous voulions éviter de garder les petites différences. C'est pourquoi nous avons décidé de travailler sur l'identité de la commune, avec un cabinet, pour mettre en avant ce qui nous unit et ce que nous voulons faire savoir de nous.
Des enquêtes auprès de la population et des rencontres sur le marché ont été organisées. Il est apparu que des actions devaient être menées dans les domaines des services, du commerce, du tourisme et de la vie associative et culturelle, mais qu'il fallait également travailler sur l'identité de la commune en tant que telle. Nous avons recruté un cabinet pour définir un logo commun, réaliser la refonte totale de la signalétique, mais surtout élaborer une grille de lecture de nos actions publiques, que l'on peut transmettre aux associations et aux entreprises. Dès que l'on choisit une politique, on vérifie que les décisions correspondent à cette grille de lecture, qui met en avant l'identité de la commune que nous souhaitons défendre.
Après avoir décidé la création de cette commune nouvelle, nous avons associé bien davantage les citoyens à sa construction. Nous avons eu la chance d'être retenus par le programme Petites villes de demain, grâce auquel nous travaillons sur les commerces et services de proximité en enquêtant auprès de nos concitoyens.
Lors de la création d'une commune nouvelle, la question de l'aménagement du territoire se pose clairement. On a quatre bourgs, quatre cimetières et quatre terrains de football. Quel doit être le lien entre les bourgs ? Nous avons entamé toute une réflexion sur les mobilités douces reliant les quatre bourgs historiques.