Intervention de Stéphane Artano

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 6 octobre 2022 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-François Carenco ministre délégué auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer chargé des outre-mer

Photo de Stéphane ArtanoStéphane Artano, président :

Je reprends ma casquette de sénateur de Saint-Pierre-et-Miquelon pour vous poser les dernières questions.

Tout d'abord, je suis défavorable au développement de la voiture électrique à Saint-Pierre-et-Miquelon. Quand on sait que l'électricité produite provient exclusivement de la centrale au diesel, c'est une aberration. cela se greffe le problème du traitement des batteries en fin de vie. Aujourd'hui, il est quasiment impossible de les exporter ou de les traiter sur place. Ces enjeux sont importants pour les territoires ultramarins. Si l'on ne sait pas exporter les batteries usagées, je ne favoriserai pas la voiture électrique. Les élus locaux doivent être pragmatiques et prudents. Quand l'électricité proviendra d'énergies renouvelables et que les déchets issus des batteries trouveront des solutions, j'y serai naturellement favorable.

Le président de la collectivité de Saint-Pierre-et-Miquelon s'inquiétait du projet éolien, mené par EDF Renouvelables, qui figure dans la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Attention à la méthode utilisée ! Dans des territoires ultramarins où il existe des conflits d'usages et d'espaces, les opérateurs doivent privilégier une approche de long terme et prendre le temps de rallier la population. Je suis favorable à l'éolien et je ne voudrais pas que ce projet échoue. Voilà pourquoi je vous adresse ce message de prudence.

En ce qui concerne l'indemnité temporaire de retraite (ITR), le rapport d'information de nos collègues députés Stéphanie Atger, Philippe Dunoyer et Philippe Gomez a pointé du doigt les conséquences de sa suppression programmée. Des réflexions sont en cours du côté du Gouvernement. Avez-vous des perspectives à nous donner ou le dossier est-il enterré ? Si c'est le cas, on peut craindre le départ d'un certain nombre de fonctionnaires, lié à la baisse de pouvoir d'achat.

En outre, on constate à Saint-Pierre-et-Miquelon une inflation galopante : quand elle est à 5,58 % dans l'Hexagone, elle s'élève à 9,36 % dans notre territoire. C'est inquiétant pour la population. En effet, pour chauffer au fioul une maison de 90 m2 à Saint-Pierre-et-Miquelon, le coût était de 1 500 euros en 2021, de 2 500 euros en 2022, et l'on atteindra 3 400 euros en 2023 si le prix de l'hydrocarbure se maintient à son niveau actuel.

J'en reviens donc à la demande formulée par le président de la collectivité, lors de la conférence sur le pouvoir d'achat : est-il envisageable d'étudier un blocage du prix du fioul domestique à 0,65 centime d'euros ?

Une aide exceptionnelle a été mise en place pour le fioul domestique, qui est le premier poste de dépense à Saint-Pierre-et-Miquelon. Vous avez annoncé dernièrement, à l'Assemblée nationale, qu'il y aurait une évaluation du dispositif. Elle est assez simple à faire, puisque celui-ci a été conçu de manière à être intégralement consommé dans les semaines à venir. Il s'agit désormais d'anticiper, car l'hiver à Saint-Pierre-et-Miquelon peut durer jusqu'au mois d'avril et parce que l'aide ne couvre qu'à peine deux mois de consommation, uniquement pour les foyers les plus fragiles. Par conséquent, peut-on envisager de reconduire le dispositif durant plusieurs mois ?

Enfin, vous êtes intervenu au sujet de la vie chère auprès de la compagnie CMA CGM, qui dessert un certain nombre de territoires ultramarins, mais pas Saint-Pierre-et-Miquelon. Le transport de fret maritime s'y déroule dans le cadre d'une délégation de service public entre l'État et un opérateur local. Est-il envisageable, dans le cadre de cette délégation, d'imaginer un dispositif pour bloquer certains prix et indices de la délégation de service public, tout en respectant l'équilibre contractuel ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion