Intervention de Roland Lescure

Réunion du 5 octobre 2022 à 21h30
Cinq plans pour reconstruire la souveraineté économique — Débat sur les conclusions d'un rapport d'information de la commission des affaires économiques

Roland Lescure :

Monsieur le sénateur Gay, je pense que nous pouvons prendre sur nous collectivement une partie des erreurs que vous pointez.

Cela fait une trentaine d’années que l’on désindustrialise la France, ou plutôt que l’on désindustrialisait la France, parce que cette tendance à la baisse s’est inversée. On doit encore accélérer, mais on a créé des usines – trois fois plus d’usines ouvertes en France en 2021 que d’usines fermées –, ainsi que 50 000 emplois dans l’industrie en cinq ans. C’est insuffisant, mais ce sont tout de même des créations d’emplois.

Évidemment, je ne serai pas d’accord avec vous sur tout. Je ne souhaite pas forcément jeter le bébé de la concurrence avec l’eau du bain du libéralisme exacerbé. Je ne suis pas un libéral sauvage, mais je pense que la concurrence a des vertus. Vous avez parlé d’Orange. Cette entreprise nationale est aujourd’hui un champion reconnu dans le monde entier. Et aujourd’hui, grâce à la concurrence, on paye aujourd’hui en Europe nos téléphones et nos abonnements, y compris à des données extrêmement utiles, cinq fois moins cher qu’aux États-Unis, le prétendu pays du libre-échange et du libre marché… La concurrence a donc des vertus.

Là où vous avez raison, c’est quand vous rappelez que le fabless, la fameuse usine sans usine de l’ancien patron d’Alcatel, que vous avez bien voulu citer, était une chimère. Nous avons effectivement besoin, non seulement pour des raisons économiques, mais aussi, j’en suis convaincu, pour des raisons politiques, d’une colonne vertébrale industrielle dans nos territoires.

Ma feuille de route est simple : on m’a demandé de réindustrialiser dans les territoires, partout et pour toutes et tous. C’est un enjeu de formation extrêmement important, un enjeu d’attractivité du territoire et un enjeu de travail, que je dois prendre à bras-le-corps, en collaboration avec l’ensemble des élus locaux, régionaux et nationaux. France 2030, avec ses 54 milliards d’euros – ce n’est tout de même pas rien –, va nous permettre de réussir ce pari.

Monsieur le sénateur, je pense que nous sommes alignés sur les objectifs, à défaut de l’être sur toutes les solutions. En ce qui concerne l’industrie, nous portons tous le même maillot, et j’espère que nous jouerons dans le même sens.

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