– Aujourd’hui, nous sommes effectivement une industrie d’excellence, mais son déficit de reconnaissance nous colle à la peau. Or l’éditeur de jeux vidéo mobiles le plus téléchargé, Voodoo, est français. Le premier axe de développement est bien celui de la considération et de la reconnaissance, politique comme médiatique. Le jeu vidéo est souvent vu comme la cause de tous nos maux. Nous devons accompagner celles et ceux qui ne connaissent pas nos industries. Au sein des équipes, les salariés sont de jeunes talents formés en France, au parcours classique, artistique, managérial ou technologique. Nos métiers ont la particularité d’être très segmentés.
Le deuxième enjeu est celui de la formation. La plupart des cinquante formations qui existent sur notre territoire sont privées, donc difficilement accessibles. Il faut les rendre plus diverses et inclusives, et travailler au développement de la formation publique. Certaines universités françaises pourraient ajouter dans leurs cursus des unités de valeur sur les compétences requises dans notre industrie. Pour y parvenir, nous aurons besoin du concours des ministères compétents.
Enfin, l’investissement rejoint votre question sur l’agrégation et le renforcement des entreprises par des capitaux étrangers. Produire un jeu vidéo coûte aujourd’hui plusieurs dizaines, voire centaines de millions d’euros, soit beaucoup plus qu’une grosse production hollywoodienne. Pour ce faire, tous les investissements sont réalisés avant même que le jeu sorte. Cela permet d’employer beaucoup de salariés durant parfois plusieurs années – il faut cinq à sept ans pour faire aboutir sur le marché une très grosse production internationale. Les capitaux proviennent soit d’autres entreprises du secteur, telles que les éditeurs et les distributeurs, soit de nombreux acteurs périphériques. Le secteur est en effet au centre de la consommation culturelle.
Nous devons capter les investissements, non seulement pour garder nos talents en France, mais aussi pour produire ces meilleures productions. Des efforts ont été réalisés par la Banque publique d’investissement (BPI), l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (Ifcic) et le crédit d’impôt jeu vidéo. Néanmoins, les montants d’investissement doivent être plus importants et égaler les apports étrangers.