Monsieur le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, le 13 juillet dernier, je vous interrogeais en commission de la culture sur mes vives inquiétudes concernant votre ministère et la situation de l’école en France après votre nomination. Je vous demandais de nous rassurer ; trois mois plus tard, mes inquiétudes demeurent.
Le Président de la République a décidé de lancer lui-même l’année scolaire en réunissant les recteurs d’académie. Pensez-vous que l’élan pour transformer l’école doit être si puissant qu’il ne puisse venir que du chef de l’État ? Cette verticalité interroge sur votre rôle et vos marges de manœuvre, tout en posant de nouveau la question : rupture ou continuité après votre prédécesseur ?
Monsieur le ministre, les faits et les réalités vous rattrapent. La rentrée scolaire n’a pas été à la hauteur : il n’y avait pas un enseignant devant chaque classe et d’aucuns étaient même formés en quatre jours.
Les difficultés de terrain se multiplient : désenchantement général des enseignants et hausse des signalements pour atteintes à la laïcité. Votre communication prudente est, là encore, insuffisante.
La communauté éducative a besoin de directives claires, d’une volonté politique ferme et de soutien.
Vos récents propos tenus à l’étranger m’ont également inquiété. Monsieur le ministre, vous avez pensé pouvoir affirmer à New York qu’il y avait des traces d’anti-américanisme dans le discours politique français. Vous avez suggéré l’impossibilité d’évoquer avec nuances les inégalités raciales dans notre pays.
Non, monsieur le ministre, la France n’est pas raciste. Nous sommes, nous aussi, sensibles aux questions d’inégalités. N’abîmez pas à l’étranger nos principes fondateurs. Cessez de vous positionner comme universitaire militant, ne tentez pas de nous imposer un « wokisme de salon », cher à notre président Retailleau, incompatible avec vos responsabilités politiques. Soyez ministre !
Je vous poserai enfin les seules questions qui s’imposent : quelle est votre vision de l’école ? Où voulez-vous emmener les enseignants et nos enfants ?