La portabilité financière, que nous appelons l'interopérabilité, consiste à permettre le rechargement lors d'un déplacement, avec passage d'un réseau à un autre. Deux modalités sont offertes au client : soit une recharge à l'acte, par carte bleue ou plus souvent avec un QR code et une application ; soit une recharge par le biais de la carte d'un opérateur de mobilité, qui permet d'être reconnu de réseau en réseau.
Cette interopérabilité est obligatoire en France depuis janvier 2017. Cette obligation n'a pas encore pu être totalement respectée car près de 15 000 points de recharge, sur les 70 000 en activité aujourd'hui, avaient été installés avant cette date. Le programme de financement Advenir doit permettre de moderniser ces points de recharge afin d'assurer l'interopérabilité. Rappelons que les syndicats d'énergie avaient déployé de façon précoce des réseaux de recharge afin de rassurer les premiers utilisateurs, notamment en bénéficiant du programme d'investissements d'avenir (PIA) de l'Ademe jusqu'en 2016.
S'agissant des véhicules utilisés pour la logistique, je rejoins les propos d'Olivier David : les constructeurs de poids lourds ont presque tous aujourd'hui des stratégies d'électrification de leur gamme, avec des perspectives de ventes de 50 % de leurs modèles en électrique d'ici à 2030. Cela concerne non seulement les petits poids lourds, mais également des véhicules qui permettront d'avoir une autonomie de 500 kilomètres et d'être rechargeables en 45 minutes, ce qui permettra de couvrir le fret sur de plus longues distances.
Pour l'habitat collectif, les observations du représentant d'Enedis sont également pertinentes. Les habitants des immeubles collectifs, qui bénéficient d'un droit à la prise, doivent pouvoir recharger leurs véhicules mais, surtout dans les copropriétés de 10 à 20 places, il faut absolument réfléchir et prévoir des déploiements importants afin de s'assurer de la bonne adéquation avec le système électrique. Pour réaliser ces équipements, il faudra fixer des obligations pour ces bâtiments et dresser un calendrier. Des incitations sont prévues : le programme Advenir couvre 50 % des coûts, et il existe des dispositifs de préfinancement, d'accompagnement des opérateurs privés, ou d'achat de l'infrastructure.
En ce qui concerne les plateformes, différentes applications permettent de savoir où se situent les bornes de recharge et de prévoir un trajet en fonction du modèle du véhicule, de la puissance au départ et de celle souhaitée à l'arrivée. Je ne pense pas qu'il y ait une volonté de mettre en place un monopole en la matière ; les applications développées par les constructeurs et autres acteurs fonctionnent très bien.
Enfin, sur les réseaux privés, les syndicats d'énergie ont déployé de façon précoce des réseaux de recharge. Aujourd'hui, énormément d'acteurs privés sont présents dans ce secteur, en particulier sur les autoroutes ou à proximité ainsi que sur les parkings de centres commerciaux. L'essentiel des 38 000 points de recharge installés depuis l'an dernier l'ont d'ailleurs été par des réseaux privés - les collectivités étaient impliquées dans la préparation des schémas directeurs et déploieront des points de recharge l'année prochaine.