Au-delà de ces chiffres alarmants, il y a une réalité, qui n’est pas quantifiable. Toutes les sages-femmes que j’ai rencontrées m’ont dit une chose : elles manquent de reconnaissance. Qu’ont fait pour elles les gouvernements macroniens depuis cinq ans ? Au mieux, ils les ont ignorées ; au pire, ils les ont méprisées.
Au début de la crise sanitaire, elles ont été tout bonnement oubliées dans la distribution des masques destinés à protéger les professionnels de santé. Les syndicats de sages-femmes ont également été négligés dans les négociations du Ségur de la santé de 2020. Aujourd’hui encore, leur profession n’est toujours pas reconnue comme « essentielle », puisque, sur une grande partie du territoire, elle ne fait pas partie des métiers prioritaires, permettant d’accéder prioritairement aux stations d’essence.
Ces vexations répétées ne sont peut-être rien pour vous, mais elles disent beaucoup de la considération dans laquelle la majorité les tient.
Surtout, qu’a fait le Gouvernement contre le manque d’effectifs, qui transforme leurs journées de travail en enfer ? Comme pour les autres professions médicales, il a décidé de suspendre les sages-femmes non vaccinées contre le covid-19. Ainsi, parce qu’elles souhaitent disposer librement de leur corps, ces personnes ont été brutalement humiliées.
À l’heure où toutes les études démontrent que ces vaccins n’empêchent pas la transmission du virus, il n’est pas trop tard pour faire amende honorable et pour revenir sur cette décision odieuse. Remédier au manque d’effectifs est une urgence. Aussi, avant de prétendre former de nouvelles sages-femmes, ce qui prendra six ans, il faudrait commencer par réintégrer celles qui le sont déjà.
En ce mois d’octobre rose, durant lequel nous alertons sur les dangers des cancers du sein, rappelons que les sages-femmes sont des interlocutrices de choix pour effectuer des dépistages. À ce titre, aussi, nous devons les choyer.
Cette proposition de loi n’est donc pas dépourvue d’intérêt et elle reprend certaines demandes de la profession. Chez moi, à Marseille, l’ensemble de la formation est déjà intégré à l’université, et cela fonctionne.
Néanmoins, plus que de mesurettes, c’est de reconnaissance que les sages-femmes ont besoin, afin de retrouver la dignité liée à une profession essentielle, car une société qui ne sait plus accueillir la vie est une société qui meurt.