Je veux d’abord saluer la manière dont le Sénat attaque les discussions budgétaires : il le fait dans un esprit complètement différent de celui de l’Assemblée nationale, un esprit constructif.
Cependant, il doit le faire sous le sceau de la lucidité, de la responsabilité et de la sincérité. Nietzsche disait qu’il philosophait avec un marteau ; mon impression est qu’en proposant 37, 5 milliards d’euros d’efforts supplémentaires M. le rapporteur général demande aux pouvoirs publics d’économiser à coups de marteau !
Vous nous dites qu’on prendra cette somme dans les crédits des missions non régaliennes, vous entendez donner à l’État des leçons non d’austérité, mais de bonne gestion, et vous tracez une trajectoire dont vous savez très bien que la France aura du mal à la tenir. Rappelons tout de même que c’est la majorité présidentielle qui, au cours du quinquennat précédent, avait ramené le déficit budgétaire en dessous de la barre des 3 % du PIB, ce qui n’était jamais arrivé ! Ainsi s’est-elle inscrite dans une logique de responsabilité.
Vous réclamez des efforts, mais cette demande volera en éclats aussitôt qu’il sera question des collectivités locales : avec la suppression de l’article 23, on dépensera sans compter et on reviendra en arrière.
Je vous rappelle ce que disait Philippe Séguin lorsqu’il présidait la Cour des comptes : la gestion des finances publiques, c’est un tout ! Comme M. le ministre l’a très bien rappelé en discussion générale, quand il s’agit de faire face à des difficultés ou à des crises telles que la crise sanitaire ou, actuellement, la crise financière liée à l’inflation, on ne peut traiter les finances publiques que globalement, comme un tout.
Nous soutiendrons donc le Gouvernement dans sa demande de rétablissement de la trajectoire lucide et responsable qu’il avait fixée. Et nous espérons qu’au bout du compte, à l’issue de ces débats, le Sénat aura fait preuve de responsabilité et qu’un accord en commission mixte paritaire permettra de satisfaire tout le monde.