Intervention de Sophie Primas

Commission des affaires économiques — Réunion du 12 octobre 2022 à 9h00
Audition de M. Marc Mortureux directeur général de la plateforme automobile pfa

Photo de Sophie PrimasSophie Primas, présidente :

Mes chers collègues, monsieur le directeur général, je vous remercie d'avoir accepté notre invitation pour cette audition relative à la filière automobile.

Nous avions eu l'occasion d'entendre la PFA dans d'autres formats, durant la crise du Covid-19 et, plus récemment, dans le cadre de nos travaux relatifs à la souveraineté économique. Votre témoignage est toujours très éclairant pour les parlementaires que nous sommes, en particulier dans des temps comme ceux que nous traversons. Nous tenions à vous entendre à nouveau pour faire le point sur la situation de la filière automobile.

L'édition 2022 du Mondial de l'automobile a choisi pour titre Revolution is on : La révolution est lancée. Effectivement, c'est bien une révolution à multiples facettes, à l'oeuvre depuis quelques années déjà, qui touche actuellement le secteur automobile. Cette révolution est amplifiée par quatre crises.

Premièrement, la pandémie de Covid-19 en 2020, qui avait mis durant quelques semaines un coup d'arrêt brutal à la production automobile en France.

Deuxièmement, en 2021, les pénuries de matières premières, surtout de semi-conducteurs et de métaux, qui ont empêché une reprise à plein régime du secteur. Stellantis s'est récemment exprimé sur ce sujet, estimant que les difficultés d'approvisionnement persisteront au moins jusqu'au début de l'année 2024. Des constructeurs en France ont encore dû récemment stopper partiellement leurs chaînes de production. Je suis moi-même témoin, dans mon département, d'arrêts de production environ une journée par semaine.

Troisièmement, la crise énergétique bien sûr, qui frappe les industriels aussi durement qu'elle frappe les Français. Une récente étude estimait que la production européenne automobile pourrait décroître de près de 40% cet hiver, et ce jusqu'à la fin 2023, tandis que les coûts de production de certains produits seraient multipliés par dix en raison des hausses du prix de l'énergie.

Enfin, on peut craindre, en cascade, les répercussions de l'inflation, des coûts du carburant et de la crainte d'une récession sur la demande des Français en véhicules neufs au cours des mois, voire des années à venir.

Avec ces quatre crises successives, 50% des chefs d'entreprise du secteur automobile estiment aujourd'hui que leur situation est « mauvaise » ou « très mauvaise » - a contrario, me direz-vous, cela signifie peut-être que la moitié d'entre eux estime que leur situation est « bonne » ou « très bonne »...

Pourtant, dans chaque crise, il y a une opportunité. Je pense qu'il en est de même dans le cas de la filière automobile : elle s'engage ainsi dans de grandes transitions d'avenir, dans la « révolution » dont nous parlions.

Celle vers la mobilité électrique, d'abord. La demande en véhicules électriques n'a jamais été aussi forte, en proportion, en France. Renault a ainsi annoncé investir dans son propre réseau de bornes de recharges électriques, avec 200 stations créées en Europe sous deux ans, dont la moitié en France.

Celle de la réindustrialisation, ensuite. La France et la filière automobile française s'engagent, avec leurs partenaires européens, en faveur d'une réindustrialisation automobile, avec la création de gigafactories dans le Nord, qui devraient être facteur de compétitivité et d'emploi, autant que de souveraineté économique.

Celle de l'économie circulaire, enfin, avec l'enjeu de recyclage des batteries électriques et de la réutilisation des véhicules, comme s'y engage Renault à Flins.

Nous souhaiterions donc vous entendre, monsieur le directeur général, sur la manière dont les constructeurs français abordent ces défis. Comment aider la filière automobile à affronter cette révolution ? Quelles sont ses perspectives ?

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