Je souhaite attirer l’attention de M. Le Maire sur la situation délicate des agriculteurs, en particulier des éleveurs bovins, qui n’est pas seulement liée à la sécheresse.
Ces exploitants agricoles travaillent beaucoup pour un rapport extrêmement mince, puisqu’ils en arrivent à vendre leurs produits à un prix inférieur au coût de production. La cause de cette situation tient essentiellement au fait que les circuits de distribution sont aux mains des entreprises de transformation, des groupes corporatifs, des grandes et moyennes surfaces, qui exercent sur le marché un véritable contrôle et fixent en fait les prix en pratiquant des sur- ou des sous-enchères très préjudiciables aux producteurs. Au travail et à la peine de ces derniers se conjugue ainsi le manque de revenus.
Pourquoi n’existe-t-il pas en France, comme dans d’autres pays tels que l’Irlande, des groupements d’intérêt économique « export » qui centraliseraient et contrôleraient les opérations marchandes ? L’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires créé par la loi de modernisation agricole ne semble pas avoir rempli son office.
À l’organisation inégale et obscure de la commercialisation s’ajoutent divers frais d’abattoir, des taxes d’équarrissage plus élevées en France qu’en Allemagne, par exemple, ainsi que des droits de douane excessifs sur les bovins vivants exportés vers les pays du Maghreb.
Madame la ministre, cette question ne relève pas d’un alarmisme exagéré : la profession agricole déplore quelque 400 suicides par an et, cette année, une difficulté conjoncturelle, à savoir la sécheresse, vient s’ajouter aux problèmes structurels.
Quelles mesures le Gouvernement compte-t-il prendre pour répondre à ces difficultés qui mettent en cause l’avenir de l’élevage, en particulier en moyenne montagne, par exemple dans le Morvan, qui m’est cher ?