Intervention de Luc Rémont

Commission des affaires économiques — Réunion du 26 octobre 2022 à 9h00
Audition de M. Luc Rémont candidat proposé par le président de la république aux fonctions de président-directeur général pdg d'électricité de france edf

Luc Rémont :

J'ai répondu à M. Gay sur l'Arenh. Quant au financement du nouveau nucléaire notamment, je ne saurais vous répondre sur ce sujet - qui concerne EDF mais aussi le cycle du nucléaire dans son ensemble - avant d'avoir travaillé sur ce sujet avec les équipes, mais aussi le Gouvernement et la Commission européenne d'ailleurs. Je reviendrai vous voir une fois ce travail accompli.

Madame Estrosi Sassone, je ne sais pas jusqu'à quand la publicité pour le tarif « Tempo » est autorisée, j'ai moi-même reçu cette proposition et vais m'empresser de l'accepter. Les fraudes sur l'Arenh m'interpellent autant que vous. C'est un des signes qui montrent que l'Arenh ne fournit fondamentalement qu'une option gratuite à des commercialisateurs qui peuvent, le cas échéant, en abuser. Nous suivrons de très près les enquêtes de la CRE.

Je ne connais pas le coût réel du MWh nucléaire, Monsieur Salmon, mais je m'en assurerai si je suis nommé à la tête d'EDF. Je travaillerai également sur l'aval, mais je n'ai pas aujourd'hui d'éléments pour vous répondre sur le remplissage des piscines des réacteurs. L'électricien italien Enel annonce une giga usine photovoltaïque, cela donne effectivement à réfléchir. L'Europe s'organise, comme elle le fait aussi pour les semi-conducteurs, c'est une bonne chose et je compte bien participer au mouvement. Il est souhaitable qu'une réflexion équivalente existe, par seulement sur les panneaux photovoltaïques mais aussi sur les composants critiques de la chaîne électrique : les batteries, l'électronique, etc.

La production d'hydrogène est effectivement une filière d'avenir, Monsieur Labbé, mais pas encore à un stade de maturité, c'est pourquoi EDF y travaille. La finalité industrielle paraît à ce stade plus accessible que l'électricité vers l'hydrogène puis vers l'électricité, qui en est à la R&D compte tenu de son rendement, mais je suivrai de très près le développement de la filière hydrogène.

J'ai parlé de sobriété énergétique dans mon propos liminaire, j'en fais même le plaidoyer - l'efficacité énergétique est l'un des credo de Schneider Electric et j'ai toujours tenu à ce que les entreprises puissent choisir leur matériel pour être sobres. Pour connaître les installations électriques sur le plan technique - industrielles, tertiaires comme résidentielles -, je sais qu'on peut réaliser 10 à 15 % d'économies sans effet sur le bien-être, les études statistiques le montrent. Et dans le domaine professionnel, un objectif de 30 à 50 % n'est pas hors de portée, et c'est d'autant plus intéressant qu'en général, on améliore dans le même mouvement la performance économique de l'entreprise. Les conseils d'EDF en région mais aussi Dalkia doivent oeuvrer dans ce domaine.

Comment ne pas retomber dans les écueils qui nous ont conduits où nous en sommes aujourd'hui ? Votre question, Madame Loisier, montre que je vais avoir beaucoup de travail et besoin de beaucoup d'aide. Vous avez raison : le problème de la main d'oeuvre qualifiée est l'un des plus redoutables, il faut commencer dès le collège à promouvoir les métiers industriels, qui sont des métiers nobles, bien payés, où l'on se réalise. Le pilotage numérique me tient à coeur, j'ai équipé des réseaux électriques dans le monde entier, la vulnérabilité numérique est l'un des premiers soucis des électriciens. Il y a des solutions mais la menace change de nature, il faut s'adapter constamment, tous les opérateurs y travaillent pour que l'indispensable flexibilité soit robuste.

La géothermie comporte plusieurs volets, Madame Renaud-Garabedian, elle est sous-exploitée, en particulier le potentiel de production électrique en autoconsommation par pompe à chaleur, à moindre coût collectif : c'est un axe de capacités potentielles en GW, des pays l'ont fait. De même l'exploitation géothermique, qui varie selon la densité de la population.

Madame Jacques, je n'ai pas la réponse sur le coût de rachat de l'énergie et les retards des projets de cogénération dans les Outre-mer, ni sur le projet que vous citez - je reviendrai vers vous lorsque j'aurai les éléments de réponse. J'ai travaillé sur les particularités du contexte insulaire, je connais les défis particuliers de cette géographie en matière d'énergie, ses inconvénients et ses avantages, je compte y travailler et suivre les choses de près.

Madame Schillinger, je suis très sensible au coût de l'électricité pour les collectivités, les situations varient fortement et le Gouvernement vient de relever les seuils d'éligibilité au TRVE au-dessus de 36 kilovoltampères (kVA). Depuis hier, les collectivités de moins de 250 personnes peuvent bénéficier d'un soutien gouvernemental, dont je ne connais pas tout le détail. EDF est à disposition des collectivités pour trouver des solutions dans le cadre des règles de marché.

Monsieur Cardon, j'ai l'impression que votre question, portant sur la politique énergétique en général, s'adressait au Gouvernement plutôt qu'au candidat que je suis à la présidence d'EDF. L'énergie a un coût global, et mon rôle, à EDF, sera de veiller à ce que les choix de court terme n'obèrent pas l'avenir de l'entreprise - le reste dépend du Gouvernement.

Je resterai prudent sur le nombre de réacteurs nécessaires, Monsieur Somon, car le défi en tant qu'entreprise n'est pas de fixer un nombre, mais de créer une filière avec un coût récurrent et un délai de construction par réacteur les plus faibles possible. Une fois cette filière sur pieds, ce qui est le défi de l'EPR2, nous adapterons le nombre de réacteurs sur la durée aux besoins du pays. Plutôt que formuler le problème sur 6 ou 14 EPR2, il faut donc se lancer dans ce chantier, avec une vision industrielle pour en assurer le succès, qui est financier, industriel et humain. Pour cela, il faut assurer la réalisation de l'EPR2 récurrent - ou même du tandem d'EPR2 récurrents car il y a des bénéfices à en faire plusieurs sur un même site - pour faire en sorte que cela soit compétitif.

Sur la tarification, la régulation est de niveau européen et nos règles actuelles sont trop liées au court terme et à la dernière unité produite au gaz ; nous travaillerons avec la Commission européenne, et notre rôle sera, en la matière, de conseiller le Gouvernement.

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