Madame la Première ministre, les savoirs techniques et manuels sont essentiels à notre quotidien et à la réussite collective de notre pays. Pourtant, lors de sa présentation de la réforme de la voie professionnelle, en septembre dernier, le Président de la République a fait savoir qu’il entendait réduire le nombre d’heures consacrées aux savoirs fondamentaux dans les lycées professionnels.
Cela n’est pas sérieux. J’en veux pour preuve qu’en dix ans presque 1 400 heures d’enseignement ont été supprimées ; il reste aujourd’hui moins de 2 heures de français par semaine pour les élèves qui préparent un baccalauréat professionnel. Les heures d’enseignements fondent en réalité comme neige au soleil.
Les jeunes sont poussés de plus en plus tôt dans les bras du marché du travail, au détriment de leur ouverture culturelle et de leur émancipation. Le manutentionnaire n’aurait pas besoin de trop d’éloquence pour la basse besogne ! Peu importe si cela le met en difficulté pour défendre ses droits ou changer de carrière. Un ouvrier n’est pas fait pour devenir poète ou encore professeur ! Du reste, c’est bien connu, s’il veut s’insurger, il aura la grève ou l’abstention !
Madame la Première ministre, les inégalités commencent dès la naissance ; avec cette réforme, vous les accentuez. Pis, vous renoncez à déjouer les pronostics, ce qui est pourtant au cœur du pacte républicain.
On ne choisit pas toujours d’où l’on vient ni le métier que l’on exerce, mais, une chose est sûre : l’école est faite pour donner à tous ses élèves une formation suffisamment qualifiante pour avoir le choix de partir afin de pouvoir rebondir.
Finalement, cette réforme suit la même logique que votre réforme de l’assurance chômage, selon laquelle le travailleur doit se soumettre au marché du travail ; son émancipation, ce sera pour plus tard !
Ma question est assez simple : que comptez-vous faire pour sécuriser le parcours de vie de notre jeunesse qui est en lycée professionnel ?