Nous proposons par cet amendement de revenir sur une disposition adoptée l’an dernier et qui avait suscité beaucoup de colère et une forte mobilisation des psychologues.
Si nous partageons le constat d’une augmentation des troubles anxieux et dépressifs, notamment depuis la crise sanitaire, nous n’acceptons toujours pas la réponse apportée par cet article, c’est pourquoi nous en demandons la suppression. Nous avions d’ailleurs été les seuls à nous y opposer lors de l’exercice précédent.
Nos désaccords persistent sur trois points, qui nous semblent décisifs.
Le premier repose sur le nombre de séances prévu dans le « forfait psy » : huit au maximum. Qui peut penser qu’un nombre unique prédéterminé de consultations puisse être opérant lorsqu’il est question de troubles de l’anxiété ou de dépression ? Comment ignorer qu’une telle démarche est contraire à l’esprit d’une psychothérapie, laquelle doit être individualisée en fonction du patient ?
Notre deuxième point de désaccord a trait au tarif très insuffisant des consultations : 40 euros pour la première et 30 euros pour les suivantes.
Enfin, le troisième est sans doute le plus sérieux : l’accès aux séances est conditionné à une prescription médicale, alors que les psychologues ne sont pas des paramédicaux, et que, jusqu’à l’an dernier, aucun assujettissement à un médecin ne leur avait jamais été demandé.
Il s’agit pour nous d’un recul et d’une dévalorisation d’une profession déjà très mal considérée au regard du nombre d’années d’études qu’elle requiert.
Ces éléments sont graves ; ils s’inscrivent en outre dans une offensive visant à formater et à uniformiser la santé mentale, comme si celle-ci devait se transformer en une science exacte, au prix d’une négation de la relation entre soignant et soigné ainsi que de la complexité du psychisme humain. Tout devrait donc entrer dans des dispositifs standardisés.
Sous couvert d’une préoccupation affichée pour la santé mentale de nos concitoyens, cette mesure va produire à terme des effets pervers et mettre à mal la spécificité d’une profession ; il est encore temps de revenir dessus en adoptant cet amendement d’abrogation.