Je profite de l’article 20, qui vise à autoriser les pharmaciens, sages-femmes et infirmiers à prescrire des vaccins, pour intervenir sur un sujet d’actualité particulièrement grave.
Pour le seul mois d’octobre, notre pays a détruit 4 millions de doses de vaccin Moderna, utilisées contre la covid-19. Cette gabegie, sur laquelle a été gardée une totale discrétion, représente un montant de près de 80 millions d’euros, comme le révèle aujourd’hui le journal L ’ Humanité.
En mai dernier, ce sont plus de 3 millions de doses de vaccin AstraZeneca qui ont subi le même sort. Il est très probable que d’autres ont également été jetées à la poubelle dans les mois précédents et que les mois à venir verront ce scénario se répéter.
Au-delà de la nécessité d’avoir la garantie d’un stock suffisant de vaccins, de la question des dates de péremption et du fait que ces vaccins de première génération ne soient pas tout à fait adaptés aux nouveaux variants, nous sommes face à un véritable scandale sanitaire et financier.
Dès l’arrivée des premiers vaccins, nous avons dénoncé l’accaparement par les pays riches des stocks, au détriment des pays pauvres. Nous sommes en train de détruire des doses, faute de les avoir utilisées quand de nombreux pays n’y ont pas eu accès.
Dès le début, nous avons dénoncé le manque de transparence dans les négociations avec les laboratoires et l’opacité des contrats sur les volumes, le calendrier des livraisons, les prix, tout cela au nom du secret des affaires.
À cet égard, je vous invite à lire Combien coûtent nos vies, enquête sur les politiques du médicament, de Pauline Londeix et Jérôme Martin, cofondateurs de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament.
Vous avez refusé de lever les brevets, et, par votre politique, vous avez permis à l’industrie pharmaceutique de faire des « superprofits », pour reprendre une expression en vogue, le tout sur le dos de la pandémie : 26 milliards d’euros pour Pfizer en 2022 et 12 milliards d’euros pour Moderna. On voit aujourd’hui le résultat.
Monsieur le ministre, permettez-moi de vous faire un cadeau, en vous remettant en mains propres le rapport que j’ai fait sur la création d’un pôle public du médicament, ainsi que la proposition de loi du groupe communiste républicain citoyen et écologiste. Vous y trouverez de nombreuses informations extrêmement intéressantes.